Venise 2014 : Deuxième semaine et vainqueurs

Baisser de rideau pour cette 71ème Mostra de Venise. Nous vous laissons nos dernières lignes à propos de nos derniers films.

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Images droits réservés - En haut à droite "The Sound and the Fury" de James Franco, en bas à droite "Cymbeline" de Michael Almereyda.

Entre déception et surprise, cette Mostra de Venise nous a apporté une bonne dose d’émotion et d’expérience pour la suite de notre aventure. Après deux semaines intenses, c’est avec émotion et soulagement que nous terminons l’aventure vénitienne.

Les derniers articles sont dans ce petit « Review » pour vous détailler tout ça. Des rêves plein la tête, des heures de sommeil qui manquent au compteur, des yeux rougis par ces écrans, des kilos en moins et un appétit tout juste rassasié. C’était Venise dans toute sa splendeur.

Pour la petite histoire, notre prochain festival sera celui de Bienne. Suivra celui de Zürich pour clore la période des festivals.

Bonne lecture !

Fuori Concorso : Buyring the Ex
Joe Dante – 2014 – USA
Vu et rédigé par Sven Papaux

L’histoire d’un couple dont la relation prend un mauvais tour lorsqu’il décide d’emménager ensemble. Max découvre à quel point sa copine Evelyn prend le contrôle sur lui et le manipule, mais il a trop peur de la quitter. Evelyn va mourir dans un accident, et la vie de Max va basculer…

Une adaptation du court métrage Burying the Ex d’Alan Trezza est repris pas Joe Dante pour la réalisation de son long-métrage du même nom. Une comédie zombiesque où nous retrouverons Anton Yelchin (Like Crazy, Only Lovers Left alive), Ashley Greene (Twilight) ou encore Alexandra Daddario, aperçue récemment dans True Detective. Un casting alléchant dont s’est entouré Joe Dante.

Sympathique film où Joe Dante ne manquera pas de nous faire rire avec des blagues et un humour bien huilé. Sans pour autant être un chef d’oeuvre, on prend du plaisir à visionner Burying the Ex. Une oeuvre qui n’a peut-être pas sa place à Venise, mais qu’importe on rigole et ça fait du bien.

Fuori Concorso : The Sound and the Fury
James Franco – 2014 – USA
Vu et rédigé par Sven Papaux

En 1920, la famille Compson compte parmi un des plus riches familles du sud des Etats-Unis. Aujourd’hui, les choses sont différentes, ils sombrent dans l’alcool et l’abjection. La jeune Caddy Compson décide de s’en aller et fuguer avec un beau forain…

James Franco dépeint un univers familial décadent avec une esthétique affolante. Derrière cette beauté visuelle, traduite par des plans majestueux, une querelle familiale s’intensifie au rythme que le film avance. Franco, en tant que réalisateur, dresse un portrait familial sombre, où les membres de la famille Compson ne sont pas tous sur le même pied d’égalité.

Malheureusement, Franco se perd et sa mise en scène en pâtit. Un peu « too much » la suite ne conforte pas la bonne impression du début.

D’après le classique de William Faulkner, The Sound and the Fury reste un film intéressant.

Fuori Concorso : Perez
Edoardo De Angelis – 2014 – Italie
Vu et rédigé par Sven Papaux

Un avocat dont la vie, et celle de sa fille, vont être menacées par une rivalité entre deux clans de la mafia. Le père devra briser toutes les lois pour échapper à ce pétrin.

Un scénario intéressant mais un film qui l’est bien moins. Entre une relation père/fille difficile et une relation à haut risque pour cette même fille, Edoardo De Angelis avait en sa possession les ingrédients pour rendre son film attractif. Mais même avec tout ça, l’italien réalise une oeuvre ennuyante.

Settimana della critica : Villa Touma
Suha Arraf – 2014 – Israël
Vu et rédigé par Mark Kuzmanic

Dans la ville de Ramallah en Cisjordanie se trouve la maison de la famille Touma, une famille chrétienne aristocratique à laquelle il ne reste que cette maison ainsi que le nom et la gloire passée.

Un fil qui a l’air d’être un vaisseau temporel. Des anachronismes partout à commencer par le conformisme, les standards et les attentes de trois soeurs accueillant leur nièce orpheline et qui essaient de la modeler en une femme de la haute société. Une société qui a cessé d’exister dans les années 1980 dans cette région du monde.

Inévitablement, le thème de l’amour entre en jeu. Faut-il suivre son coeur ou suivre les volontés de la famille? Le film est souvent amusant, mais simplement à cause de l’absurdité ambiante. Un portrait vivide du microcosme des classes sociales et de la religion. Les soeurs Touma sont Intimement convaincues de leurs valeurs et motivations, quitte à les preserver à tout prix! Leur existence même ainsi que leur identité sont en question.

Parfois hâtif dans la progression, Villa Touma n’en reste pas pour le moins impressionnant. La politique est au second plan, contrairement à ce que lmob pouvait s’attendre, pour laisser place a la famille et aux brefs moments d’espoir et de joie. Un film extrêmement poignant.

Bande-Annonce ici.

Orizzonti : Theeb
Naji Abu Nowar – 2014 – Emirats Arabes Unis / Qatar / Jordanie / Royaume-Uni
Vu et rédigé par Mark Kuzmanic

Theeb est une histoire qui aurait pu se dérouler n’importe où et n’importe quand. En l’occurrence, cela se passe au Moyen-Orient à une époque rappelant visuellement Lawrence of Arabia.

Un film fondamentalement ennuyeux. Avec plusieurs intrigues qui pourraient se développer sans qu’aucune ne le fasse vraiment. Au final, Theeb est un film de survie dans lequel l’intrigue aurait pu être complètement évitée si le personnage principal, le jeune garçon d’une tribu de bédouins nommé Theeb, ne part pas dans le désert à dos d’âne sans vivres. En résumé, chaque événement du film est de la faute du petit et presque chaque événement finit en que de poisson.

Le petit qui pour une sombre raison se lance donc dans le désert à la poursuite de son frère Hussein, chargé de guider un Anglais et son compagnon de voyage alors que Hussein revient dans quelques jours et lui a dit de l’attendre.

Le film est une longue traversée du désert au sens propre comme au figuré. Curieux et innocent, le petit Theeb est souvent exaspérant dans un film qui dégénère en Stalingrad dans le désert, avec des développements tellement peu crédibles et l’exemple le plus incroyable du Stormtrooper Effect que j’ai vu depuis bien longtemps.

Orizzonti : Cymbeline
Michael Almereyda – 2014 – Etats-Unis
Vu et rédigé par Mark Kuzmanic

Le meilleur des deux films avec Ethan Hawke, l’autre étant Good Kill, Cymbeline est une pièce de théâtre. Littéralement.

Il s’agit d’une oeuvre écrite par William Shakespeare en 1611 dont la représentation cinématographique reste fidèle au texte original de l’époque. En somme, nous avons le format de Romeo+Juliette avec une pièce différente mais une modernisation des personnages.

Nous suivons ici deux factions. La première est celle de motards impliqués dans le monde du crime et qui est menée par le roi Cymbeline. La seconde est celle de la police « Romaine » menée par Caius Lucius. Cymbeline a une fille unique, Imogen, qui est amoureuse de Posthumous, un orphelin élevé par Cymbeline. Cymbeline a aussi une épouse, la Reine, qui souhaite que son unique fils Cloten épouse Imogen pour accéder au « trône ». Un drame shakespearien s’en suit dans l’Amérique moderne.

Le dialogue en anglais ancien et souvent désuet, bien qu’agréablement incorporé, reste pénible à suivre. Par contre la musique, un language universel, est resplendissante, omniprésente, presque transcendante et donne tout son charme au film. Le montage est un peu déficient et l’adaptation de l’histoire un peu brouillonne, mais c’est surtout le casting qui a fait parler.

En effet, nous avons dans un même film Ed Harris, Dakota Johnson, Milla Jovovich, Penn Badgley, Anton Yelchin, Ethan Hawke, Spencer Treat Clark et Harley Ware. Et du coup, on aurait pu s’attendre à mieux.

Bande-Annonce ici.

Fuori concorso : Words with Gods
Réalisé par : Guillermo Arriaga, Emir Kusturica, Amos Gitai, Mira Nair, Warwick Thornton, Héctor Babenco, Bahman Ghobadi, Hideo Nakata et Álex de la Iglesia

Voici une collaboration entre neuf réalisateurs de nationalité différentes nous emmenant pour un voyage au plus profond de la foi.

J’ai enfin (link week one) pu aller voir la réalisation dont tant de monde parlait. En se concentrant sur le film, on ne voit pas le temps s’envoler.

Words with Gods est un projet collaboratif entre réalisateurs du Mexique, de Serbie, d’Israël, d’Inde, d’Australie, du Brésil, du Kurdistan, du Japon et d’Espagne. Chaque pays et chaque réalisateur ont choisi un thème pour réaliser un court-métrage sur une religion spécifique. Du coup, c’est un mélange éclectique rempli de symboles autour de la religion et des Dieux, des rites et des cultes, des enseignements et des valeurs, mais surtout mettant l’accent sur la relation humaine de chacun.

Un ensemble de neuf court métrages, avec des animations soignées en transition, le film est d’une majesté visuelle et esthétique à couper le souffle. Mes segments favoris sont ceux sur le bouddhisme au Japon et le catholicisme en Espagne, ceux qui d’ailleurs ont reçu les applaudissements les plus chaleureux du public.

Avec une musique composée et interprétée par Peter Gabriel (la chanson s’appelle « Show Yourself »), cette œuvre est la plus singulière de cette Mostra, transmettant la beauté intrinsèque et la qualité humble de croire en une entité supérieure. C’est un ensemble dans la perception du monde et des croyances des hommes; un trait propre a la race humaine.

And the winner is…

VENEZIA 71
The Venezia 71 Jury, chaired by Alexandre Desplat and comprised of Joan Chen, Philip Gröning, Jessica Hausner, Jhumpa Lahiri, Sandy Powell, Tim Roth, Elia Suleiman and Carlo Verdone having viewed all 20 films in competition, has decided as follows:

GOLDEN LION for Best Film to:
EN DUVA SATT PÅ EN GREN OCH FUNDERADE PÅ TILLVARON
(A PIGEON SAT ON A BRANCH REFLECTING ON EXISTENCE)
by Roy Andersson (Sweden, Germany, Norway, France)

SILVER LION for Best Director to:
Andrej Končalovskij
for the film BELYE NOCHI POCHTALONA ALEKSEYA TRYAPITSYNA
(THE POSTMAN’S WHITE NIGHTS)
(Russia)

GRAND JURY PRIZE to:
THE LOOK OF SILENCE by Joshua Oppenheimer
(Denmark, Finland, Indonesia, Norway, United Kingdom)

COPPA VOLPI
for Best Actor:
Adam Driver
in the film HUNGRY HEARTS by Saverio Costanzo (Italy)

COPPA VOLPI
for Best Actress:
Alba Rohrwacher
in the film HUNGRY HEARTS by Saverio Costanzo (Italy)

MARCELLO MASTROIANNI AWARD
for Best Young Actor or Actress to:
Romain Paul
in the film LE DERNIER COUP DE MARTEAU by Alix Delaporte (France)

AWARD FOR BEST SCREENPLAY to:
Rakhshan Banietemad and Farid Mostafavi
for the film GHESSEHA (TALES) by Rakhshan Banietemad (Iran)

SPECIAL JURY PRIZE to:
SIVAS by Kaan Müjdeci (Turkey, Germany)

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LION OF THE FUTURE – “LUIGI DE LAURENTIIS” VENICE AWARD FOR A DEBUT FILM
Lion of the Future – “Luigi De Laurentiis” Venice Award for a Debut Film Jury at the 71st Venice Film Festival, chaired by Alice Rohrwacher and comprised of Lisandro Alonso, Ron Mann, Vivian Qu and Razvan Radulescu, has decided to award:

LION OF THE FUTURE – “LUIGI DE LAURENTIIS” VENICE AWARD FOR A DEBUT FILM to:
COURT by Chaitanya Tamhane (India)
ORIZZONTI
as well as a prize of 100,000 USD, donated by Filmauro di Aurelio e Luigi De Laurentiis to be divided equally between director and producer

ORIZZONTI AWARDS
The Orizzonti Jury of the 71st Venice Film Festival, chaired by Ann Hui and composed of Moran Atias, Pernilla August, David Chase, Mahamat-Saleh Haroun, Roberto Minervini and Alin Taşçiyan after screening the 29 films in competition has decided to award:

the ORIZZONTI AWARD FOR BEST FILM to:
COURT by Chaitanya Tamhane (India)

the ORIZZONTI AWARD FOR BEST DIRECTOR to:
Naji Abu Nowar
for THEEB (Jordan, U.A.E., Qatar, United Kingdom)

the SPECIAL ORIZZONTI JURY PRIZE to:
BELLUSCONE. UNA STORIA SICILIANA
by Franco Maresco (Italy)

the SPECIAL ORIZZONTI AWARD FOR BEST ACTOR OR ACTRESS to:
Emir Hadžihafizbegović
in the film TAKVA SU PRAVILA (THESE ARE THE RULES)
by Ognjen Sviličić (Croatia, France, Serbia, Macedonia)

the ORIZZONTI AWARD FOR BEST SHORT FILM to:
MARYAM by Sidi Saleh (Indonesia)

the VENICE SHORT FILM NOMINATION FOR THE EUROPEAN FILM AWARDS 2014 to:
PAT – LEHEM (DAILY BREAD) by Idan Hubel (Israel)

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VENEZIA CLASSICI AWARDS
The Venezia Classici Jury, chaired by Giuliano Montaldo composed of 28 students of Cinema History, chosen in particular from the teachers of 13 Italian Dams university programmes and from the Venetian Ca’ Foscari, has decided to award:

the VENEZIA CLASSICI AWARD FOR BEST DOCUMENTARY ON CINEMA to:
ANIMATA RESISTENZA by Francesco Montagner and Alberto Girotto (Italy)

the VENEZIA CLASSICI AWARD FOR BEST RESTORED FILM to:
UNA GIORNATA PARTICOLARE by Ettore Scola (1977, Italy, Canada)

GOLDEN LION FOR LIFETIME ACHIEVEMENT 2014 to:
Thelma Schoonmaker
Frederick Wiseman

JAEGER-LECOULTRE GLORY TO THE FILMMAKER AWARD 2014 to:
James Franco

PERSOL TRIBUTE VISIONARY TALENT AWARD 2014 to:
Frances McDormand

L’ORÉAL PARIS PER IL CINEMA AWARD to:
Valentina Corti

Nous vous remercions tous de nous avoir suivi durant ces deux semaines et espérons retourner à Venise l’année prochaine. Mais en attendant, nous allons nous rendre à Zürich et à Bienne.

Bon dimanche!

– Sven et Mark