Venise 2014 : Good Kill

Andrew Niccol est aussi de la partie pour le Lion d'Or, "Good Kill" étant sa troisième collaboration avec l'acteur Ethan Hawke. Le film sera aussi projeté durant le festival de Toronto.

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Venise 2014 - Good Kill

Pour Good Kill, son sixième long métrage, Andrew Niccol a choisi de collaborer avec Ethan Hawke pour la troisième fois après les sublimes Gattaca et Lord of War. Je vous épargne le suspense: Good Kill n’est clairement pas au niveau de ces deux films.

Le film ouvre avec quelques mots faisant référence au 11 septembre 2001, au fait que le film est basé sur des éléments véridiques et qu’il se déroule durant l’année 2010. Good Kill nous immerge quelques temps dans la vie de Thomas Egan (Ethan Hawke) qui est devenu pilote de drone depuis une base dans le Nevada après avoir servi de nombreuses années en tant que pilote de chasse. Sa femme (January Jones) sent que son poste lui convient de moins en moins et tente de lui rappeler les priorités de la vie, à savoir sa famille et leurs enfants.

Visuellement, les plans sont intéressants et la vue de l’écran de contrôle est très bien faite. Ensuite pour le scénario, il y a deux façons d’aborder ce film. Soit le protagoniste est un sadique enthousiaste à l’idée de prendre des vies à 7’000 km de distance, soit il est une personne empathique avec une crise de conscience concernant le travail qu’il fait. Pour couvrir chaque angle, le personnage principal joué par Hawke est la seconde option, tandis que l’avocat du diable est un personnage nommé Zimmer (Jake Abel), un collègue pilote.

La hiérarchie, maussade mais consciente de la réalité, est représentée par l’officier gradé supérieur en la personne du Lieutenant Colonel Johns (Bruce Greenwood) qui durant tout le film débite un nombre conséquent de petites perles de phrases, la plus poignante étant « Ne me demandez pas si c’est une juste guerre. Pour nous c’est juste la guerre » parmi tant d’autres.

Dans tout cela il y a une femme, l’officier Suarez (Zoé Kravitz), qui avec une attitude comme celle dans le film se ferait remettre très rapidement en ordre par ses pairs et supérieurs. Dans un rôle forcé, décidément elle est la prise de conscience du groupe et vocalise tout ce que l’opinion publique a déjà dit concernant les attaques de drones. Ses débats avec Zimmer sont d’ailleurs intéressants sur l’origine des conflits et la vision dans le monde des Etats-Unis.

Si l’on cherche un antagoniste dans cette histoire, il faut se tourner vers un combiné téléphonique. En effet, la CIA prend un rôle central en ordonnant des attaques ayant des civils comme victimes collatérales.

Rajoutez à Hawke une femme, deux enfants, une Pontiac d’époque et une maison avec un jardin où les barbecues sont fréquents, le film est décidément américain jusqu’au bout. Bien trop d’ailleurs pour tenir la route dans cet environnement. Oui, le thème de la banalisation des conflits et de la mort derrière un écran, le fait de prendre des ordres de tuer des civils depuis un téléphone et le débat éternel de qui est responsable en appuyant sur la gâchette (« je suivais les ordres » est une explication bien connue) lance les questions éthiques et morales. Mais au final, ce qui fait perdre de la crédibilité et de la perspective à Good Kill, c’est quand on voit les pilotes davantage outrés et émus aux larmes en voyant un viol à l’écran qu’en prenant la vie de dix civils avec un missile Hellfire. Bof.

Mais ce n’est rien de tout cela qui dérange fondamentalement Egan. Egan est pilote de chasse, et préfère lancer des offensives et servir son pays dans le cockpit d’un F-16 plutôt que depuis la sécurité d’un box dans le Nevada. Alors malgré une performance de Hawke ressemblant Tom Cruise dans Top Gun (il ne manquait plus que les Ray Ban Aviator), le film est banal, simple et nous offre une fin décevante à propos d’un sujet très intéressant mais mal tourné.

Noté : 2 / 5

Bande-Annonce

Casting

Ethan Hawke
Bruce Greenwood
January Jones
Zoë Kravitz
Jake Abel

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Andrew Niccol
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 100 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!