Molière, et cætera | Théâtre Kléber-Méleau

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Image droits réservés ©Mario Del Curto

Avec sa dernière création, le metteur en scène Omar Porras et l’équipe du Teatro Malandro invitent à entrer dans l’univers du mythe d’Amour et Psyché, dans un entre-deux onirique : entre le ciel et la terre, l’antique et le classique, l’humain et le divin, un conte solaire aux origines diverses se livre à nous. Un spectacle magique et intemporel.

Volutes de fumée, voiles, pénombre et crépitement du feu. À la lueur des flammes, entre quelques rires farouches, une tribu aux allures caverneuses et antiques attire l’attention des spectateurs sur une vieille histoire : Psyché, jeune femme dont la beauté attire l’attention de tous, devient aux yeux de Vénus une concurrente à abattre. La déesse charge alors son fils Amour de la venger, mais ce dernier tombe inévitablement amoureux de la jeune mortelle, en se blessant avec l’une de ses flèches. Suite à l’oracle d’Apollon, le Roi, père de Psyché, annonce à sa fille qu’elle doit faire l’objet d’un sacrifice pour apaiser les colères de Vénus. Mais le projet ne se déroulera pas comme prévu : Psyché, emportée par Zéphyr, atterrira dans un somptueux palais, où Amour l’attend.

Image droits réservés ©Mario Del Curto

L’ouverture du spectacle donne ainsi le ton. Nous voici transportés dans l’univers du mythe, qui a voyagé de foyer en foyer, d’une bouche à l’autre, entre hier et aujourd’hui. Car si le texte qui sert de base à la mise en scène d’Omar Porras est bien celui de Molière ─ et Corneille, semble-t-il ─, d’autres sources ont été sollicitées pour cette adaptation. On pensera notamment à La Fontaine, Apulée ou encore Calderón de la Barca, en passant par d’autres influences qui vont au-delà de l’Europe.

Une pluralité harmonieuse, qui se reflète également dans les éléments de mise en scène, appartenant à des esthétiques diverses : alors que le violet de la chevelure de Psyché rappelle la couleur dominante de L’Enlèvement de Psyché peint par Bouguereau (1895), les colonnades dorées, l’éclairage à la bougie ou encore le déguisement d’Amour, de la perruque aux chaussures à boucle, renvoient au baroque du siècle de Molière. L’Antiquité, quant à elle, apparaît notamment dans le drapé des toges, ou dans les attributs guerriers, casque et lance, de certains personnages, mais aussi dans les passages à fonction chorale, qui évoquent une théâtralité antique.

Image droits réservés ©Mario Del Curto

Et l’aujourd’hui, le maintenant ? On peut le déceler dans le dévoilement de la machinerie théâtrale : une voix de tête qui se relâche durant quelques secondes ou un problème technique sur le plateau, en somme une retombée des artifices qui ramène le spectateur à la réalité du présent pendant un instant, pour mieux être rappelé à l’imaginaire du conte.

Sur scène, quatre comédiennes et quatre comédiens investissent l’histoire avec une sensibilité plaisante, à travers plusieurs rôles pour certains, sans jamais basculer dans la gravité, ni l’excès. Corps gracieux, gestes précis, les silhouettes dansent, se meuvent ou s’immobilisent pour former autant de tableaux lumineux. Un voyage onirique des plus divertissants.

Amour & Psyché, d’après Molière, par le Teatro Malandro. Mise en scène Omar Porras, avec Yves Adam, Jonathan Diggelmann, Karl Eberhard, Philippe Gouin, Maëlla Jan, Jeanne Pasquier, Emmanuelle Ricci, Juliette Vernerey. A voir jusqu’au 9 avril au TKM.

Cecilia Galindo