Section Zéro, le polar post-apocalyptique d’Olivier Marchal

Amis poètes, passez votre chemin.

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Ola Rapace (Sirius Becker) - Section Zero - © Canal +

Présenté comme un western d’anticipation, Section Zéro est une série qui sort du « moule » Canal + avec ses décors post-apocalyptiques, des immeubles à l’abandon, une violence exacerbée et une vulgarité qui ferait frissonner une bonne soeur. En bref, un univers où tout se dégrade, une atmosphère qu’Olivier Marchal, son créateur, affectionne tout particulièrement.

C’est dans une Europe détruite, dans un avenir proche, que les Etats ont renoncé à leur souveraineté au profit de multinationales. En première ligne, nous retrouvons Prométhée, une société puissante qui développe une grande emprise sur le territoire. Menée par le redoutable Munro, la société souhaite remplacer la police par une milice privée nommée Black Squad, et créer une armée d’hommes robotisés, les Mékas. Dans ce marasme, Sirius se débat pour garder un mince espoir de ne pas assister à la disparition du monde dans lequel il a vécu. C’est là que Sirius entrera en action pour diriger une équipe, la Section Zéro, pour contrer la puissance de Prométhée.

Olivier Marchal, dans la branche télévisuelle, avait fait les beaux jours des flics dans la série coup de poing Braquo. Avec Section Zéro, Marchal reprend les codes qui ont fait sa renommée et dépeint un monde de brutes, où le futur semble être un immense champ de bataille. Autrement dit, nous assistons à l’histoire d’un flic écorché à vif, qui se retrouve dépassé par les événements.

Un Mad Max à la française

Vous aimez Olivier Marchal ? Si oui, vous allez vous retrouver avec la nouvelle création du réalisateur français. Série testostéronée à souhait, Section Zéro est à peu de chose près un « Mad Max policier », en nettement moins bien. Tournée au fin fond de la Bulgarie, les décors amplifient cette atmosphère de chaos que Marchal a imaginée. Un polar post-apocalyptique qui déboite par ses bastons et son ambiance criminelle.

Juliette Dol (Cheyenne Rodriguez), Francis Renaud (Robert Bianchi), Laurent Malet (Papa Charly), Catherine Marchal (Elie Klein), Patrick Descamps (Le Doc) - Image droits réservés - © Canal +
Juliette Dol (Cheyenne Rodriguez), Francis Renaud (Robert Bianchi), Laurent Malet (Papa Charly), Catherine Marchal (Elie Klein), Patrick Descamps (Le Doc) – Image droits réservés – © Canal +

Après deux épisodes, le démarrage prend un certain temps pour planter le décor. Sans trop en dévoiler, nous découvrons qu’à la fin du deuxième épisode ce que signifie la Section Zéro. Avant ça, la série fait la part belle à une violence exacerbée. La criminalité est à son apogée dans Section Zéro, si bien que le manque de nuance desserre l’oeuvre de Marchal. À force d’exploiter ce côté très viril, Section Zéro perd de sa créativité au profit des coups de poing. Ce terrible manque de nuance dénote une envie presque obsessionnelle à s’investir dans la thématique du flic lésé par les hautes instances. Ma foi, Olivier Marchal joue le jeu à fond, tout en restant dans un format qui lui convient.

Si la subtilité est aux abonnés absents, nous ne pouvons qu’apprécier le travail de mise en scène. Très appliqué, Olivier Marchal accède au niveau supérieur – par rapport à Braquo – dans l’aspect réalisation. L’effet « coup de poing » de Section Zéro assure un côté très plaisant à la série.

Ola Rapace, mi-figue mi-raisin

Le côté ex-flic d’Olivier Marchal n’a peut-être pas imprégné Ola Rapace. Le Suédois, arborant un tatouage « Prepared to fight », n’arrive jamais à prendre en main son personnage déchaîné et atrabilaire. Entre son attachement à faire valoir son autorité et sa faculté à détruire sa vie privée, Ola Rapace n’arrive jamais à donner l’ampleur espérée à son personnage. Rapace dégage une force physique faramineuse, mais les biceps de Sirius ne cachent pas les lacunes d’un acteur manquant cruellement d’instinct.

N’ayez crainte, le casting recèle de « gueules » qui vous feront oublier les errances de Rapace. À commencer par Pascal Greggory, l’interprète d’Henry Munro, dont l’intensité et la profondeur de jeu laisse entrevoir une belle – ou dangereuse – lueur d’espoir dans le déroulement futur de la série. La gent féminine n’est pas en reste grâce à Catherine Marchal (Elie Klein) et Juliette Dol (Cheyenne Rodriguez), des rôles qu’on qualifierait de secondaires, mais efficaces.

Catherine Marchal (Elie Klein) - Image droits réservés - © Canal +
Catherine Marchal (Elie Klein) – Image droits réservés – © Canal +

Deux premiers épisodes brouillons, où la violence ne fait que prendre le dessus sur la série, Section Zéro ne pique notre curiosité qu’à la fin du second épisode. La mise en place lancinante insuffle une certaine impatience de voir enfin l’histoire prendre son envol. Le travail considérable sur les décors et la fin abrupte du second épisode sont les côtés positifs d’un show qui peine à attiser notre curiosité.

Ce qui est certain, une série comme Section Zéro ne laisse pas de marbre. Les partisans d’Olivier Marchal y trouveront leur compte. Pour les autres, la fin du second épisode ne peut que vous travailler. Gardons cette positivité en tête pour découvrir la suite des âpres aventures de Sirius Becker.

Casting : Ola Rapace, Hilde De Baerdemaeker, Catherine Marchal, Juliette Dol, Francis Renaud, Michaël Erpelding, Laurent Malet, Pascal Greggory, Tchéky Karyo, Igor Skreblin, Marc Barbé, Maud Jurez,

Création : Olivier Marchal, Laurent Guillaume
Genre : Drame, Thriller, Action
Réalisée par : Olivier Marchal, Ivan Fegyveres
Format : 8 épisodes – 52 minutes
Nationalité : Française
Date de sortie : 4 avril 2016
Chaîne : Canal +

Section Zero | Bande-annonce