Interview | Kacey Mottet Klein

Etoile montante du cinéma helvétique, Kacey Mottet Klein était à Berlin dans le cadre des "Shooting Stars" et pour faire la promotion du film "Quand on a 17 ans". Le Billet vous présente notre bref entretien!

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Kacey Mottet Klein
Kacey Mottet Klein - Image droits réservés - © Sarah De Coninck

Premier de nos interviews de la Berlinale (on sait, ça date, mais on fait ce qu’on peut!), Le Billet a conversé avec Kacey Mottet Klein dans le cadre des Shooting Stars, organisme récompensant les meilleurs jeunes talents du cinéma. Et il faut le dire, les Shooting Stars ont l’oeil pour le talent! Daniel Craig, Baltasar Kormakur ou encore Mélanie Laurent et Cécile de France furent primés parmi tant d’autres par cette organisation pan-européenne, et nous lui souhaitons un succès comparable.

Kacey Mottet Klein s’était fait remarquer dans Gainsbourg, vie héroïque de Joann Sfar, avant de crever l’écran dans L’Enfant d’en haut d’Ursula Meier. Après ces rôles marquants, Kacey Mottet Klein prend part au nouveau film d’Alain Téchiné, Quand on a 17 ans. Voici notre conversation avec avec le sympathique et talentueux Lausannois.

Propos recueillis par Mark Kuzmanic, transcrits par Sven Papaux

KMK: Kacey Mottet Klein
MK: Mark Kuzmanic

MK: Qu’est-ce que ça te fait d’être ici, et en quoi crois-tu que ça peut-être une pierre angulaire dans ta carrière pour t’ouvrir des possibilité de faire autre chose? Parce qu’à l’inverse des autres participants de ce « Shooting Stars », tu as déjà une carrière bien établie d’acteur. Peut-être as-tu une perspective différente sur cette étape?

KMK: Pour moi, c’est surtout l’occasion de rencontrer des gens qui viennent de différentes cultures, de différents pays. Je m’enrichis beaucoup en venant ici, c’est pas forcément dans l’intérêt de m’ouvrir des portes. C’est plus dans l’intérêt de rencontrer des gens et de percevoir d’autres opinions ou d’autres visions sur le métier d’acteur. C’est très intéressant.

MK: Pour toi, qu’est-ce qu’un bon acteur? C’est cette diversité culturelle, cet enrichissement humain?

KMK: C’est se nourrir de la personnalité des autres, d’être intéressé aux autres. Le fait de m’enrichir en regardant les autres, de me nourrir des autres, c’est grâce à ça que j’arrive à jouer. Nous avons tous un masque quand nous jouons, quand on est en société nous nous donnons un masque, une apparence. C’est là que ça devient intéressant, quel est le masque de chacun. Au fond, le plus intéressant, ce n’est pas de regarder la personnalité réelle de la personne, mais plutôt de voir le masque qu’elle utilise. Je m’enrichis grâce aux mimiques des autres acteurs.

MK: J’imagine qu’en tant acteur, tu vois le comportement des autres personnes à chaque fois sur un tournage. En parlant d’acteur et de film, tu as un lien très fort avec Ursula Meier, peux-tu nous expliquer comment ce lien à commencé, comment votre collaboration a débuté?

KMK: C’est un peu ma maman dans le cinéma. C’est elle qui m’a lancé là-dedans, c’est elle qui m’a appris beaucoup de choses. Elle m’a tout simplement appris à incarner un personnage, à composer un personnage, et ne pas juste jouer. Avec cette réalisatrice, je me sens très bien. On est en quelque sorte un vieux couple qui se chamaille tout le temps, c’est plutôt drôle. Notre relation est fusionnelle. C’est l’idéal de travaille avec Ursula.

MK: Ton rôle dans Quand on a 17 ans est différent de ce que tu as fait précédemment. Comment as-tu puisé de tes propres expériences, à un âge crucial dans la vie d’un jeune homme, pour te mettre dans la peau de ton rôle?

KMK: Justement, c’est un rôle de composition. C’est certainement des émotions que l’on n’a pas vécu. C’est assez compliqué, il faut essayer d’imaginer et c’est là que le fait de se nourrir des autres est important. En fait, il n’y a pas eu beaucoup de préparation, c’est ça qui me faisait peur. Le tournage s’est fait en deux parties. La première partie, j’avais de la peine à aborder le personnage et à le comprendre. C’était très particulier de me plonger dans ce personnage, je ne le comprenais pas vraiment. Par la suite, nous avons parlé avec André (ndlr : Téchiné) et ça m’a beaucoup aidé. J’ai commencé à décortiquer le scénario, à comprendre l’histoire. C’est difficile d’interpréter ce personnage. C’est un homosexuel, mais il n’est pas vraiment homosexuel. Il se cherche. Il aime un homme, mais pas tous les hommes. C’est un personnage très actif, très jovial, il aime ses parents, c’était excitant de jouer avec lui.

MK: Tu dis qu’il n’aime pas les hommes, mais un homme. Est-ce que tu penses que Damien (ndlr : le personnage interprété par Mottet Klein) pourrait aimer une femme?

KMK: Oui, je pense. C’est tout à fait possible. Dans Quand on a 17 ans, il fait la rencontre d’un homme. Il ne se découvre pas totalement sexuellement. Damien se retrouve attiré par un seul homme, il ne regarde pas les autres hommes.

MK: Tu as fait récemment Keeper de Guillaume Senez et maintenant Quand on a 17 ans d’André Téchiné. As-tu déjà des projets futurs?

KMK: Oui, justement avec Ursula Meier. Par contre, je n’ai pas le droit de dévoiler le sujet du film. Mais je me réjouis de retourner travailler avec elle.

MK: C’est toujours une nouvelle expérience ou le rythme est établi entre vous?

KMK: Il y a une manière de travailler en amont qui est la même. Avec Ursula, il y a toujours un gros travail de fond sur ses personnages. De plus, le résultat est généralement bon avec Ursula Meier.

MK: As-tu une façon similaire pour aborder tes rôles, voire une routine. Ou bien c’est en fonction de chaque scénario?

KMK: C’est vraiment en fonction de chaque scénario.

MK: Du coup, quelle est la première chose que tu fais quand tu reçois un scénario?

KMK: Je le lis. (Rires) J’ai commencé à faire des recherches quand j’ai débuté Quand on a 17 ans. J’ai toujours travaillé en faisant des préparations avec les réalisateurs, j’ai toujours eu l’habitude de travailler ainsi. Pour le coup, avec André Téchiné, il n’y a pas eu de travail du tout. C’était donc à moi de faire le travail et c’est pour ça que je suis arrivé un peu perdu sur le tournage en me disant qu’on allait faire des répétitions avant de tourner. Mais on m’a appelé pour me dire que dans une semaine je débutais le tournage. Du coup, j’étais un peu déboussolé, mais cela m’a permis de me rendre compte que je dois faire un travail en solitaire avant de débuter le tournage.

MK: Si tu as une chose à accomplir dans ta carrière, quelle serait-elle?

KMK: C’est vrai que ça me ferait plaisir de tourner dans le cinéma américain, ça serait un rêve. Mais c’est une longue route, un très long chemin.

MK: Tu souhaiterais travailler avec une personne en particulier?

KMK: Non, pas spécialement. Je ne suis pas cinéphile, je ne suis pas né avec une culture du cinéma irréprochable. Personne, en particulier, ne me fascine.

Le Billet se réjouit de suivre la suite de ta carrière, Kacey!