Berlin 2016 | Quand on a 17 ans

Maître du cinéma français, André Téchiné est en concours à Berlin avec « Quand on a 17 ans », histoire mêlant nature, désir et découverte de sa sexualité.

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Quand on a 17 ans, par André Téchiné
Corentin Filla dans le rôle de Tom, Sandrine Kiberlain dans le rôle de Marianne. Image © Luc Roux

Parmi les prétendants sérieux au meilleur film, Quand on a 17 ans semblait se positionner très fortement avec son histoire et ses jeunes acteurs, mais je trouve qu’il tombe bien loin des attentes qu’on aurait pu avoir.

Damien (Kacey Mottet Klein) et Tom (Corentin Fila) sont dans la même classe au lycée et vivent dans deux environnement complètement différents. Tom vit dans une ferme à la montagne avec ses parents adoptifs Christine et Jacques (Mama Prassinos et Jean Fornerod) et fait plus de 3h de déplacement chaque jour pour se rendre au lycée. Damien vit proche du lycée avec sa mère Marianne (Sandrine Kiberlain), médecin, tandis que son père Nathan (Alexis Loret), pilote d’hélicoptère dans l’armée, est stationné à l’étranger. Ne pouvant pas se supporter, les deux jeunes en viennent régulièrement à des accrochages physiques. Il semblerait que ces empoignades éveillent en Damien une autre forme d’attirance envers Tom.

De Quand on a 17 ans, une histoire racontée suivant trois trimestres des garçons, je retiendrai qu’il parle d’une période trouble de la vie où tout est éphémère et même ce qui en sort n’est jamais définitif; ni son identité sexuelle, ni sa vocation de la vie. Tout n’est qu’expérience et expérimentation. Des profils si différents et opposés des garçons ressort une relation complexe et compliquée.

Les acteurs, surtout Kacey Mottet Klein et Corentin Fila, pas tant Sandrine Kiberlain qui joue le rôle d’une mère dans sa bulle, sont le seul élément qui à mon avis sauve le film. Le spectateur est parachuté dans cette histoire de deux garçons de 17 ans, hostiles l’un envers l’autre, qui deviennent plus proches au fil du film. Pourtant, rien ne nous explique l’origine de cette violence (on comprend qu’elle date déjà un peu) et pire, rien ne nous laisse comprendre ou deviner vraiment leur rapprochement ni l’éclosion de leur amitié. Dans ce qui pourrait être une histoire des origines de Fight Club, le film provoquait multiples longes causeries autour de moi ainsi que les ronflements de mon collègue le plus proche. Alors que Damien assume davantage sa curiosité, Tom la renie complètement. Ils s’aiment en cachette, loin des autres. Les regards pleins de non-dit pourraient autant être nés de l’attirance qu’éprouvent les deux garçons envers Marianne; Damien avec un complexe quasi-œdipien et Tom par une volonté plus hétérosexuelle. Le thème principal du film étant le désir, un concept qui à 17 ans peut signifier tout et rien en même temps, Quand on a 17 ans n’en évoque que très peu.

Le plus grand élément sur lequel je base mon avis moyen sur ce film est le catalyseur impliquant Nathan. Un authentique moment Deus Ex Machina, venu de nulle part, qui sert à débloquer un film vieux d’environ 1h30 à ce moment là pour faire évoluer la relation des deux jeunes hommes, tant cette dernière s’était enlisée dans l’apathie et l’incapacité naturellement progresser. Peut-être c’est ça le but de Quand on a 17 ans; de montrer que le désir peut naître de tout et de rien. Orné d’une musique n’ayant absolument rien à voir avec le film, de quelques magnifiques scènes de nature, mais inutilement étendu, trop peu de choses sont en place pour raconter cette histoire. Et je dis cela sachant qu’il est impossible de discerner ce qui est juste ou faux à 17 ans.

Noté : 2.5 / 5

Bande-Annonce

Casting

Sandrine Kiberlain
Kacey Mottet Klein
Corentin Filla
Alexis Loret
Jean Fornerod
Mama Prassinos
Jean Corso

Détails

Date de sortie en Suisse: 30.03.2016
Réalisateur: André Téchiné
Pays de production: France
Durée du film: 114 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!