Montreux Jazz Festival 2017 | Nicolas surprenant, Max envoûtant

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Nicolas Jaar Montreux Jazz Festival, le 30.06.2017 Image droits réservés ®Lionel Flusin

Ça faisait des mois que j’attendais l’ouverture du Montreux Jazz pour voir Nicolas Jaar. Mais les festivals nous réservent toujours de bonnes surprises.

Il n’a même plus besoin d’être présenté. Nicolas Jaar… rien que son nom est ensorcelant. Ce jeune New-Yorkais aux origines chilienne a fait danser le monde entier. Depuis le succès de son premier album solo Space Is Only Noise en 2011, Jaar a sorti un deuxième album solo Sirens. Et pour ne pas faire les choses comme les autres, il l’a diffusé sur une radio, en ligne, avant sa mise en vente cette année. Des morceaux à écouter d’une traite, sans pause, sans retour en arrière, sans pouvoir avancer au morceau suivant. Le chant de ses Sirens est à écouter ici.

Nicolas Jaar
Montreux Jazz Festival. Image droits réservés ® Lionel Flusin

Nicolas Jaar est décrit comme un « génie du silence » par Les Inrocks. Sa musique est souvent comparée au spirituel, au cosmique : des « mantras électroniques ». Vendredi dernier, pour l’ouverture du Montreux Jazz, il s’est passé quelque chose de l’indicible dans sa performance. Jaar a retourné la tête de son public, lui a fait vivre une expérience à laquelle il n’avait jamais assisté à un concert : celle d’écouter des sons (gouttes, sons électroniques, pauses, fourmillements…) pendant de longues minutes. Il a poussé l’expérimentation à l’extrême, devenant parfois gênant pour les non-initiés et plaisant pour ceux qui ont réussi à laisser leur esprit vagabonder. À la surprise de ceux qui s’attendaient à danser le poing levé en secouant la tête en rythme, son concert a établi un calme et demandé une écoute attentive. De l’inhabituel qui, encore une semaine après, fait travailler l’inconscient.

Max Richter. Image droits réservés ® Lionel Flusin

La belle surprise de cette soirée a été Max Richter accompagné d’une vingtaine de musiciens (violons, contrebasse et même harpe !) qui nous a emmenés dans son monde aussi classique que sensible. Une rêverie d’une heure et demie. Sa reprise des Quatre Saisons de Vivaldi était presque trop fidèle à l’original, même si la performance de la Norvégienne Mari Samuelsen, violoniste solo, était à couper le souffle. L’interprétation de The Blue Notebooks en deuxième partie, accompagnée par la lecture de passages de Kafka, ont portées le public dans un univers doux et plein d’espoir. Une sensation étrange puisque cette pièce avait été composée par Richter comme une médiation à la violence et une réaction à la guerre en Irak. Les bruits des bombes sont alors chassés par la magie des notes. Une semaine après, ces instants de rêveries nous suivent encore.

Max Richter
Montreux Jazz Festival. Image droits réservés ® Lionel Flusin