Profitant de l’instabilité et de l’incertitude qui s’emparaient alors de la Syrie au lendemain des manifestations contre le régime de Bachar el-Assad, l’Etat Islamique s’est progressivement installé sur le territoire jusqu’à atteindre Raqqa en 2014. Désormais pris entre deux feux, le destin d’Aziz, Mohamad, Hamoud et celui de millions d’autres Syriens changera à tout jamais.

Pas Loin d’entrer dans un voyeurisme macabre et gratuit, Matthew heineman plonge les spectateurs au coeur Du drame syrien, Ames sensibles s’abstenir!

Aucune velléité de censure chez le cinéaste Matthew Heineman, City Of Ghosts nous montre la réalité telle qu’elle est: cruellement impitoyable et violente pour celles et ceux qui auront le malheur de croiser la route des combatants de Daesh. En dépit du régime de terreur instauré par l’Etat Islamique, Aziz un étudiant ordinaire, Mohamad un professeur de mathématiques, Hamoud un caméraman taciturne et une poignée d’autres individus formeront le mouvement d’insurrection « Raqqa is being Slaughtered Silently » (Ndlr: Raqqa est massacrée en silence). Le but est simple mais crucial: sensibiliser l’opinion publique internationale sur les traitements inhumains qui rythment leur existence.

Fort du soutien logistique de figure emblématiques du journalisme telle que Naji al-Jerf, les néophytes qui composaient RBSS finiront rompu à l’art du contre-espionnage clandestin. Une machine bien rodée afin de diffuser l’information à l’extérieur de la Syrie de manière virale. En conséquence de quoi, l’appareil de propagande de l’Etat Islamique se professionnalisera également: moyens Hollywoodiens, spots tournés en plusieurs langues, etc. Incapables de mettre la main sur les membres du RBSS, Daesh mettra en place des campagnes de désinformation, voire de censure et ira jusqu’à interdire l’installation d’antennes paraboliques et la fermeture des cyber-cafés.

© Amazon Studios

Viendra un moment où, las de ce jeu de chat et la souris, Daesh s’en prendra directement à leur entourage. En proie au doute, et la peur pour les leurs, beaucoup choisiront l’exil. Le combat étant cependant trop important pour arrêter, et en mémoire de ceux qui sont tombés pour la cause, le RBSS continuera ses activités. Cette fois depuis l’étranger, cachés dans des safe-houses, ces endroits considérés comme étant « sûrs ».

Aziz endossera par la force des choses la tenue du porte-parole, son niveau d’anglais le lui permettant, il multipliera les apparitions publiques avec encore et toujours cette volonté de sensibiliser l’opinion. D’exister dans la mémoire collective afin que les Syriens ne soient pas livrés à leur sort. La « consécration » viendra en 2015 lorsqu’ils seront reçus en grande pompe à New York par le Comité pour la protection de la presse. Une photographe demandera maladroitement à Hamoud de sourire pour les photos, « tu as l’air trop sérieux mon ami » lui dit-elle. Jusque là, Hamoud n’avait connu que les combats, la peur, la mort et l’exil. Animé par l’espoir de créer un avenir meilleur valant la peine d’être vécu pour son fils, celui qui a presque tout perdu parviendra toutefois à retrouver le goût de vivre.

Fédérés autour de l’espoir que le changement finira par arriver, des d’individus ordinaires persécutés pour leurs idées et que rien ne prédisposait à l’activisme politique, refusent de mourir en silence.

Outre la noblesse du combat mene par les activistes de « raqqa is being slaughtered silently, » « city of ghosts » est un devoir de memoire et un plaidoyer contre l’indifference a l’heure ou le terrorisme s’est globalise, leurs problemes deviennent les notres.

City Of Ghosts

Réalisé par: Matthew Heineman

Durée: 90 min

Genre: Documentaire

Pays: USA

Langue: Anglais/Arabe

Année: 2017

 

Participants

Abdelaziz Alhamza

Mohamad Almusari

Hamound Almousa

Hassan Almousa

Naji al-Jerf

 

Equipe technique

Musique: H. Scott Salinas/Jackson Greenberg

Photographie: Matthew Heineman

Montage: Matthew Hamachek/Matthew Heineman

© Amazon Studios
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Je termine mes études de master en droit à l'université Genève après avoir obtenu mon Bachelor à Lausanne. Passionné de jeux vidéos, ciné & séries depuis mon plus jeune âge, je suis aussi avec ferveur les matchs du football club d' Arsenal tout en tapant dans le ballon quand l'occasion se présente. J'aime tuer le temps dans les transports, soit le nez dans un bouquin, avec un chapitre du shonen weekly jump, ou tout simplement en traînant sur internet. Je me suis fait les dents en pondant des avis pour Italic Magazine et j'écris pour Le Billet depuis juin 2014.