Selon Amnesty International, les Etats-Unis d’Amerique représentent le 7ème pays qui exécute le plus de personnes au monde. On y trouve des musées sur la moutarde, le patin à roulettes, les marteaux et les allumettes, mais paradoxalement, il n’en existe aucun sur la peine de mort.  Telles sont les circonstances de la rencontre entre Anne-Frédérique Widmann, le dessinateur de presse Patrick Chappatte et Kenneth Reams, prisonnier dans le couloir de la mort en Arkansas depuis plus de vingt-cinq ans.

DANS une minuscule cellule de l’arkansas KENNETH ‘Kenny’ REAMS SE tient digne et libre, une prouesse qu’il doit A un conditionnement caracterise par une determination inebranlable. Une lecon d’humanisme qui laisse sans voix.

Sans doute victime de son environnement comme le rappellera Ndume Olatushani, un autre protagoniste du reportage à l’issue de la séance, Kenny et (surtout) son complice commettent accidentellement l’irréparable et le verdict est sans appel. Jugé dans un Etat du sud par onze jurés blancs, défendu par un avocat commis d’office inexpérimenté et débordé, Kenny plaide non-coupable. Il est condamné à mort à l’âge de 17 ans. Son acolyte qui plaide coupable finira ses jours derrière les barreaux. Du jour au lendemain, Ken passe de l’enfance à l’âge adulte.

Curieusement, ceux qui en souffrent le plus sont l’entourage de Kenny. Une détresse qui contraste sérieusement avec l’aplomb d’un homme qui passe 23 heures sur 24 dans une pièce grisâtre de quatre mètres carrés. Kenny refuse effectivement d’accepter sa condition de détenu, il dort sciemment à même le sol pour se priver de toute notion de confort. Il s’évade en mettant en permanence sa créativité à profit: il peint, dessine, sculpte son quotidien, exorcise ainsi ses démons et expie ses péchés. Ndume confie que l’art était également une échappatoire et un moyen pour lui de revoir les couleurs. Même une chose aussi insignifiante que de sentir le ruissellement de l’eau de pluie sur votre crâne vous manque terriblement une fois que vous en êtes privés.

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La force de caractère de Kenny séduira la courageuse Isabelle Watson, sa compagne française également artiste peintre. Malgré la distance qui les séparent ils entretiennent un véritable idylle et collaborent sur des expositions tenues dans des lieux prestigieux pour sensibiliser le plus grand monde à sa cause.

Kenny et Ndume ont passé la majeure partie de leur existence derrière les barreaux, cependant ils ont cette aura chaleureuse de béatitude qui émanent d’eux. Une condition incompréhensible des individus n’ayant qu’une compréhension abstraite de la vie en captivité. Ces derniers vous rétorquent qu’ils sont libres, que vous avez beau vivre dans le confort de votre appartement, visiter des lieux insolites, toucher les gens que vous aimez, ils sont plus libre que vous ne l’avez jamais été.

face a l’adversite kenny est une source intarissable de sagesse, de maturite et de perseverance. Un modele du genre qui si le sort le veut, lui permettra de quitter sa cellule pour en faire profiter le reste d’entre nous.

 

Free Men

Réalisé par: Anne-Frédérique Widmann

Scénario: Anne-Frédérique Widmann

Durée: 90 min

Genre: Documentaire

Pays: Suisse

Langue: Anglais/Français

Année: 2018 (première mondiale)

 

Participants

Kenneth Reams

Isabelle Watson-Reams

Ndume Olatushani

 

Equipe technique

Musique: Costanza Francavilla

Photographie: Karim Amin

Montage: Ana Acosta

 

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