Face à l’afflux de migrants qui fuient désespérément des pays ravagés par les conflits armés, le petit village argovien d’Oberwil-Lieli (2200 habitants, dont 300 sont multi-millionnaires) entend faire un pied de nez à la Berne Fédérale en s’opposant catégoriquement à la politique en matière d’asile. Andreas Glarner, le maire UDC (ndlr: union démocratique du centre) du village incarne cette Suisse chrétienne et conservatrice qui se refuse à tendre la main à son prochain, préférant s’acquitter d’une amende de 290’000 francs pour éviter d’accueillir moins d’une dizaine de requérants. En parallèle, un mouvement contestataire (minoritaire) s’organise autour de Johanna Gündel et son comité de solidarité qui rappelle à l’assemblée communale l’engagement humanitaire de la Suisse.

Le reportage nous plonge dans le quotidien des habitants d’Oberwil-Lieli, on entend leurs craintes, et les trop nombreuses idées reçues qui sont largement partagées au sein du village

En face, le combat de Johanna Gündel et la conseillère d’Etat argovienne des Verts, Susanne Hochuli contre une machine de propagande bien huilée semble perdu d’avance. Effectivement la Suisse moderne s’est en partie construite à travers les vagues successives de demandeurs d’asile ou de réfugiés économiques qu’elle a accueilli. Cependant, même en pleine deuxième guerre mondiale, la Confédération avait fermé ses frontières et abandonné à leur sorts des milliers de juifs spoliés par le régime nazi. Rebelotte en 1970 avec l’initiative Schwarzenbach qui vise à limiter la population étrangère, refusée in-extremis. Aujourd’hui les réfugiés représentent 2% de la population en Suisse, un nombre surinterprété et exploité par les courants conservateurs du pays.

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Par sa démarche, Andreas Glarner espère que d’autres communes lui emboiteront le pas, interrogés par Johanna Gündel les habitants rétorquent qu’ils n’ont rien contre les réfugiés, ils veulent juste envoyer un message. Une phrase dont la paternité revient au maire,  récitée comme une poésie apprise par coeur par les villageois. Ledit maire aura même visité un camp de réfugiés en Grèce, une experience qui attendrirait n’importe quel quidam, mais pas ce monsieur qui campe sur ses positions à renfort de versets de la bible soigneusement choisis. Des moments d’une absurdité choquante qui déclenchent à plusieurs reprises des rires moqueurs dans toute la salle.

A l’issue de la séance, la réalisatrice confiera aux spectateurs présents dans la salle qu’un effet cathartique était recherché par les intermèdes musicaux qui accompagnent le reportage. On la remercie pour cette délicate attention car après avoir été assailli par un tel déversement d’inepties et d’à priori farfelus partagés au coin d’une table, la film aurait était pesant à suivre.

‘Willkommen in DEr Schweiz’ est un film indispensable a montrer d’urence dans toutes les ecoles afin d’eduquer les generations a venir sur les notions de tolerance, de partage et d’ouverture

 

Willkommen in der Schweiz

Réalisé par: Sabine Gisiger

Scénario: Sabine Gisiger

Durée: 83 min

Genre: Documentaire

Pays: Suisse

Langue: suisse-allemand

Année: 2017

Sortie: 6 juin 2018

 

Participants

Andreas Glarner

Johanna Gündel

Susanne Hochuli

 

Equipe technique

Musique: Balz Bachmann

Photographie: Helena Vagnières

Montage: Barbara Weber

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