Yelawolf révolutionne les Docks

Le loup de l'Alabama s'est mué en bête de scène jeudi soir.

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Yelawolf - Les Docks - Images Droits Réservés - photo crédits : Thomas Ebert

Originaire de l’Alabama, Yelawolf a enduré de longues années dans un endroit qu’il surnomme la « Bible Belt » , littéralement « la ceinture de la bible », connue pour avoir un grand nombre de croyants dans le fondamentalisme chrétien.  Depuis 2005, et la sortie de son premier projet gratuit, le loup de l’Alabama a été actif durant cette dernière décennie en sortant morceaux après morceaux tout en évoluant son style de musique. Relatant régulièrement ses journées habituelles dans les bas-fonds de l’Amérique, Michael Wayne Atha, de son vrai nom, finit par impressionner Eminem et décroche un deal chez Shady Records en 2011 qui va lancer sa carrière auprès du grand public. C’est avec des extraits de ses projets de haute qualité comme Trunk Muzik 0-60 et le dernier Love Story entre autres que Yela a révolutionné les Docks jeudi passé. Retour sur une soirée riche en évènements.

Arrivé aux alentours des 20h10, la salle met du temps à se remplir. Le concert de Yelawolf a d’ailleurs lieu que dans 1h20 mais la première partie commence à 20h30 avec Jas Crw, un petit collectif de rap originaire de St-Gall. Je ne connais rien du groupe et je me demande également plusieurs fois comment s’épelle leur nom. Après quelques minutes d’attente, les lumières s’éteignent et le collectif suisse arrive, énergique, sur scène. Ils sont trois; King James, Prince Deng et Lord Les. Le premier fait qui m’interpelle, c’est que les trois membres rappent en anglais et non pas en allemand. Du coup, le contact avec la foule passe mieux. Chauffés à bloc après quelques morceaux, je me dis quand même que le trio aura du mal à animer un public qui n’attend que Yelawolf. Mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un quatrième membre annexe du groupe que l’ambiance de la salle va vite s’accentuer. Vêtu d’un jersey sympa de Dennis Rodman datant des Bulls années nineties, le rappeur communique avec le public, rigole et propage son énergie positive et contagieuse à travers les quatres coins de la salle. Le reste du Jas Crw l’a bien compris, c’est à leur tour de mettre le public dans leur poche et le pari est réussi. Alors que King James nous dévoile également ses talents de chant, le grand Prince Deng possède une bonne technique au micro et le tour de passe est joué. Bien aidés par des productions au goût du jour, le groupe a bien su chauffer Les Docks avant l’arrivée de l’affiche principale. Mention spéciale à des morceaux comme Roll Out ou encore The Conglomerate (de leur dernier album) qui passaient comme du petit lait. Bonne prestation également de la part du bonhomme au jersey des Bulls pour lequel je ne connais pas encore son nom à l’heure où j’écris ces lignes.

Jas Crw – Les Docks – Image Droits Réservés – photo crédit : Thomas Ebert

Il est désormais 21h40 et comme la plupart des artistes, Yelawolf se fait attendre. C’est à ce moment-là qu’Outerspace, l’intro de Love Story, commence à retentir dans les enceintes de la salle. On retrouve DJ Klever et Bones Owens son DJ et guitariste respectivement. Toujours fidèles à ses côtés. Le « loup jaune » apparaît alors sur scène en traînant le pas et déroule son petit couplet d’introduction. Apparaissant plutôt fatigué, le rappeur échange quelques petits mots sympas avec la foule. A ce moment-là, Bones, qui est littéralement l’homme à tout faire en matière d’instruments, sort sa lap steel guitar. Un instrument complètement fétiche au genre du country. Mais c’est pour une magnifique introduction de Catfish Billy que celui-ci s’en sert (il l’avait déjà effectué auparavant). Une des meilleures performances de la soirée qui aura le mérite de me rappeler le générique de Walker Texas Ranger où l’on peut également entendre cet instrument au début de la mélodie. A ce moment-là, Les Docks sentent fortement l’Amérique profonde. C’est beau!

Du coup, Yelawolf a une idée de génie qui va révolutionner le cours de la soirée. Il invite une majeure partie des spectateurs à monter sur scène pour les morceaux suivants. Après quelques secondes de réflexion, ne sachant pas si l’artiste ironisait ou pas, la foule commence à grimper au-dessus des barricades jusqu’à former un amas de gens sur scène. Du jamais vu!

Yelawolf – Les Docks – Image Droits Réservés – photo crédits : Thomas Ebert

« Back the f*ck up! There’s more people! », scande le rappeur alors que la plateforme est déjà quasiment pleine. Après quelques légers mouvements de foule, DJ Klever lance l’énergique Good To Go datant de sa mixtape de Trunk Muzik 0-60. Tout le monde cherche alors le rappeur mais ce malin s’est faufilé discrètement sur le balcon qui se trouve en face de la scène. En l’espace de quelques instants, les rôles se sont inversés, le public est devenu la bête de scène et le rappeur de l’Alabama, le public. Tout le monde s’est alors réuni autour de la table de mixage du DJ qui s’amuse à mettre en avant ses techniques avec les platines. Au prochain morceau, Yelawolf arrive sur scène et monte sur la table de mixage. Whiskey In A Bottle et son fameux freestyle de Jump Around sont les morceaux choisis pour huit minutes de folie sur scène.

Yelawolf – Les Docks – Image Droits Réservés – photo crédits : Thomas Ebert

Pour la deuxième moitié du show, Yelawolf et consorts ont repris leur place sur scène et le public est redescendu sagement d’un niveau plus bas. Le loup de l’Alabama  présente ensuite une grosse palette de sa discographie en reproduisant ses plus gros hits des anciens projets comme Growing Up In The Gutter, Let’s Roll (de Radioactive) ou encore le fabuleux Pop The Trunk et l’électrisant Marijuana (de Trunk Muzik 0-60). Ensuite, c’est les morceaux de son dernier album Love Story qui font surface. L’artiste touche à tout, aux gros singles que sont Best Friend, Empty Bottles et Till It’s Gone jusqu’aux titres plus paisibles et émouvants comme Johnny Cash, Ball & Chain et Devil In My Veins. Un gros coup de cœur pour ce dernier qui est encore plus magique lorsqu’il est joué en live band.

Yelawolf – Les Docks – Image Droits Réservés – photo crédits : WolfMike.com

Pour finir, comme s’il en avait pas fait assez, il reproduira le cinquième volet de Box Chevy V à capella du premier au dernier couplet avec, en bonus, un instrument qui s’ajoute après chaque minute écoulée. Ensuite, l’équipe reviendra jouer American You une dernière fois après avoir été ovationnée par le public lorsqu’elle avait quitté la scène cinq minutes plus tôt. Le pari est réussi, Michael Wayne a surchauffé à bloc Les Docks et le public aura été motivé jusqu’au bout de la soirée. Petit hic, il manquait juste un Tenessee Love ou un Have A Great Flight pour que le concert soit parfait… Mais bon, ne soyons pas rabat-joie.

En bonus, je vous ai concocté une playlist avec les 25 meilleurs morceaux de Yelawolf jusqu’à maintenant :

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Kevin Pereira Negri