BoJack Horseman

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Netflix / Tous droits réservés

Vous voulez faire partie de ceux qui « ont vu en premier le truc culte dont on parle partout » ? Alors grouillez-vous, vous êtes déjà en retard (mais vous pouvez encore le faire). La série BoJack Horseman a sorti sa deuxième saison cet été et si la une était déjà pas mal du tout, la deux est juste sublime…

On connait les dessins animés pour gosses inventés par tonton Walt : Cendrillon, Bambi, les 101 Dalmatiens (bon y a aussi des adultes qui aiment, mais ça relève du fétichisme / syndrome de Peter Pan assez sévère), etc. Tout le monde a suivi la révolution Pixar qui permettait aux parents d’enfin arrêter de se faire chier avec une princesse gourde qui chante et de pouvoir rire avec des blagues second degré, genre Ice Age, Shrek, etc. On avait enfin les dessins animés pour « adultes », c’est-à-dire vulgaires, irrévérencieux, polémiques, etc, les South Park, Simpsons et cie. Mais en fait, ceux-ci n’abordent que très peu des thématiques complexes et restent sur une vision assez ados ou jeunes adultes, college humour comme on dit. BoJack est la première série TV réellement pour adulte, tournée sous la forme d’un dessin animé. En fait, elle fonctionne exactement comme une série classique. On ne peut d’ailleurs pas la voir comme un dessin animé habituel, dans lequel chaque épisode commence une nouvelle histoire et fonctionne pour lui-même. La lecture se fait en continue, de façon « feuilletonnesque ».

BoJack est une star de sitcom des 90’s, riche, dépressif et perdu dans les 2010’s. Complètement mégalo, pas sûr de ce qu’il cherche pour sa vie, BoJack se traîne en quête de sens, lequel semble venir par moment, avant de repartir, à chaque fois: son autobiographie se révèlera un massacre en règle de sa personnalité, ses amours, une catastrophe et le film de sa vie finira en nanar merdique, tout ça fondamentalement à cause de lui, évidemment.

Si vous avez 17 ans, la vie devant vous et plein d’optimisme, cette série ne vous conviendra pas. Mais si vous tournez autour de la trentaine et que vous affrontez chaque jour les diverses déceptions foireuses normales et tous les questionnements qui vont avec, vous risquez d’être touchés. D’autant que BoJack n’est de loin pas le seul personnage à être plus ou moins à la dérive : son agent et ex-copine, Princess Carolyn, cherche l’amour et une carrière de façon frénétique, Diane, son « nègre », se demande ce qu’elle fout dans la vie à écrire pour d’autres, Mr. Peanutbutter, son ami et rival, n’arrive pas mieux à relancer sa vie, Todd cherche à tout prix un projet qui ait du sens, Sarah Lynn, l’ex-ado star s’enfonce dans la drogue et la dépression…

La série fonctionne sur quelques principes stylistiques assez étranges, notamment celui selon lequel une moitié des personnages environ sont des animaux anthropomorphique, BoJack lui-même étant un cheval. Cela amène une série d’allusions plutôt amusantes, néanmoins ça peut un peu dérouter au départ. C’est d’ailleurs la seule vraie critique de la série et celle que l’on peut faire à la moitié des projets Netflix: il est un peu difficile de rentrer dans l’histoire, vous risquez de trouver les premiers épisodes un peu chiants. Néanmoins, une fois ce pas franchi, la suite est vraiment touchante. Au passage, on notera le beau monde engagé dans le projet : la musique (générique excellentissime) est de Patrik Carney (Black Keys), la voix de BoJack est celle de Will Arnett (Arrested Development), celle de Todd, Aaron Paul (Breaking Bad), Diane est doublée par Alison Brie (Community), quant à Wanda, c’est Lisa Kudrow (Friends).

Bref, on vous conseille de vous jeter dessus, vous rirez beaucoup, serez parfois émus. Dans tous les cas, BoJack deviendra votre ami (même si c’est un gros con).