Versailles, la série royale de Canal +

Décryptage des deux premiers épisodes de la nouvelle création originale de Canal +.

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Versailles - Image droits réservés - Credits photo: Thibault Grabherr

C’est en l’an 1667 que nous découvrons Versailles. Louis XIV a 28 ans, il désire soumettre la noblesse et imposer son pouvoir absolu à la France. Pour ce faire, l’ambitieux roi désire transformer Versailles et lui conférer une allure démesurée. Derrière ce désir se cache un plan machiavélique et très réfléchi. Louis XIV souhaite éloigner les nobles de Paris, les garder sous son contrôle et les « enfermer » dans une prison dorée…

Créée par Simon Mirren (Criminal Minds) et David Wolstencroft (Shooting Dogs), Versailles n’est pas un récit historique mais plutôt une fresque dont les personnages sont l’essence principale de l’histoire. Certes, l’Histoire influence fortement le déroulement du scénario, par contre l’ajout de personnages fictifs propose une toute autre vision de l’histoire. La dramaturgie prend une autre tournure pour développer le personnage de Louis XIV et lui donner du relief. Audace ou acte prétentieux, nous sommes bien obligés d’avouer que cet aspect fictif s’assimile parfaitement à l’Histoire telle que nous la connaissons.

Un casting audacieux et de qualité - Image droits réservés - © Canal +
Un casting audacieux et de qualité – Image droits réservés – © Canal +

Si nous prenons l’Histoire dans ces moindres détails, Louis XIV (Georges Blagden) assume personnellement le gouvernement à la mort de Mazarin. Là où la série débute, en 1667, nous retrouvons le Roi Soleil obnubilé par la construction de Versailles, ce pavillon de chasse que son père, le roi Louis XIII, a aménagé pour s’adonner à la chasse. Du haut de ses 28 ans, le roi est hanté par des traumatismes liés à son enfance ou encore la mort de sa mère. De multiples dilemmes se posent devant le jeune roi et il devra faire face à l’arrivée de son futur enfant – un enfant que Marie-Thérèse de France (Elisa Lasowski) porte -, le développement de stratagèmes pour contrer les Pays-Bas et calmer les ardeurs des nobles qui grondent à l’intérieur de son royaume. Tant d’éléments qui affaiblissent un roi déjà bien malmené.

Versailles dépeint les tracas de Louis XIV mais pas seulement. Le frère de Louis, Philippe (Alexander Vlahos) dit « Monsieur », est un personnage fascinant. Si le show laisse apparaître une tension sexuelle vive, Philippe en est la parfaite illustration. Rabaissé par son frère, « Monsieur » est marié à Henriette – campée par la suissesse Noémie Schmidt – mais l’homme n’en a cure. Attiré par les hommes, le personnage très fantasque – admirablement interprété par Alexander Vlahos – cherche à se démarquer et plaire à son frère plutôt médisant à son sujet. Dans ces deux premiers épisodes, nous verrons une intense romance entre Philippe et Chevalier (Evan Williams), dont le côté très libertin posera des problèmes à la Cour. Avouons-le, Versailles est une ode à l’érotisme derrière le caractère ambitieux du Roi Soleil.

Alexander Vlahos (Monsieur), George Blagden (Louis XIV) - Image droits réservés - © Canal +
Alexander Vlahos (Monsieur), George Blagden (Louis XIV) – Image droits réservés – © Canal +

Une palette de personnages très bien écrits, une distribution très bien pensée. Versailles nous entraîne dans les entrailles d’une histoire universelle qui fut souvent mise en scène – Le Roi Danse de Gérard Corbiau en est la parfaite illustration. Au delà des aspects positifs, nous déplorons plusieurs perspectives inexplorées. Pas la moindre trace de Molière ou Lully, et sans oublier l’amour que Louis XIV portait à l’art, un trait de caractère – semble-t-il primordial – que nous ne retrouvons nulle part dans ces deux premiers épisodes. Si l’absence de Lully est à souligner, comble d’ironie,  la BO ne convainc qu’à moitié. La production cherchait sûrement à insuffler un air moderne à la série mais la musique s’accorde que moyennement avec l’ambiance du show au budget exorbitant de 27 millions d’euros.

Ces deux premiers épisodes réalisés par Jalil Lespert (Yves Saint Laurent) dévoilent une série prometteuse. Certes tout n’est pas parfait mais l’univers imaginé par Mirren et Wolstencroft n’en demeure pas moins intéressant. D’après les deux créateurs : « l’architecture de la série est inextricablement liée à la structure même de Louis XIV ». un discours qui augure un projet ambitieux qui se doit d’être plus rigoureux, autrement l’ennui prendra vite le dessus sur cette série estampillée Canal +.

Casting: George Blagden, Alexander Vlahos, Amira Casar, Tygh Runyan, Stuart Bowman, Noémie Schmidt, Evan Williams, Anna Brewster, Sarah Winter, Anatole Taubman, Lizzie Brochere, Elisa Lasowski, Maddison Jaizani.

Création: Simon Mirren, David Wolstencroft
Genre: Drame, Historique
Date de sortie: 16 novembre 2015
Format: 52 min – 10 épisodes
Nationalité: Française
Chaîne: Canal +

Versailles – Teaser: