J’ai eu le grand plaisir de rencontrer les membres du groupe berlinois de pop lo-fi « Tendre Biche » avant leur concert donné au Bourg dans le cadre du Prémices Festival le 13 mai passé. Charley et Amande, les membres français du groupe, ont eu la gentillesse de répondre à mes questions, en présence des deux autres membres Sarah et Louise.

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Comment vous êtes-vous rencontrées ?

Amande : On habite toutes à Berlin. On s’est rencontrés là-bas.

Charley : Amande est française. Sarah est allemande-polonaise. Louise est allemande. Je suis français.

 

Par quel biais vous êtes-vous connues ?

Amande : J’ai rencontré Louise quand j’ai déménagé à Berlin. Je ne sais plus trop comment ; sûrement en allant à des concerts et on a des amis en commun aussi.

Charley : J’ai rencontré Amande et Sarah via un ami avec qui je faisais de la musique. J’ai rencontré Louise par le biais d’Amande et Sarah.

 

Pourquoi avez-vous choisi le nom « Tendre Biche » ?

Amande : C’est le seul nom sur lequel on a réussi à se mettre d’accord (rires).

Charley : Je ne l’ai pas choisi.

Amande : En effet, on a commencé le groupe toutes les trois juste pour s’amuser durant l’été 2015. Avant même qu’on ait commencé à composer, on avait déjà été invitées à jouer. Une amie nous a demandé de faire une première partie et on a accepté. On a commencé à composer et on s’est rapidement rendu compte qu’il nous fallait un guitariste. On a donc demandé à Charley. Au départ, il ne devait faire que le premier concert avec nous mais il a tellement adoré qu’il est resté dans le groupe. Pas vrai Charley ?

Charley : Oui.

 

Etait-ce prévu que vous soyez principalement des filles dans le groupe ?

Amande : On s’est dit qu’on allait faire de la musique toutes les trois pour essayer. Louise n’avait jamais fait de basse avant. Elle a commencé avec le groupe. Pour ma part, je n’avais jamais fait de batterie.

Charley : C’est un groupe d’amies au départ.

Amande : Oui, on est surtout un groupe d’amies. Sarah a un autre projet qui s’appelle Helen Fry. Elle m’avait invité avec Louise à venir à une répétition. Et puis, on commencé à improviser toutes les trois.

 

J’ai découvert votre « Petite K7 » sur bandcamp par le biais du festival Prémices. J’ai beaucoup aimé ce que vous faites. Peut-on dire que votre musique est de la pop lo-fi ?

Charley : Oui.

Amande : C’est cela.

 

Quelles sont vos sources d’inspirations/vos références musicales ?

Amande : Pour ce groupe, je ne sais pas si on apporte beaucoup nos influences personnelles.

Charley : On n’en a pas vraiment conscience.

Amande : C’est très collectif. On compose toutes les chansons ensemble.

Louise : La radio « Berliner Rundfunk ».

Amande : Ah oui, on adore « Berliner Rundfunk ». C’est le meilleur des années 70, 80 et 90.

Charley : C’est la radio qu’on écoute sur le chemin de la salle de répétition.

Amande : Les Spice Girls aussi.

Louise : Les Spice Girls nous ont inspirées les paroles de notre première chanson.

Charley : C’est une traduction de « Wannabe » des Spice Girls.

Janett : Okay.

Amande : Tu la connais ?

Janett : Oui. Je l’ai écoutée mais je n’avais pas du tout réalisé que c’était les Spice Girls.

Louise : On a utilisé Google translate.

Charley : Quand on compose, quelqu’un propose une idée, on improvise autour et si on aime bien, on garde. Il n’y a pas vraiment de ligne directrice.

 

Qui s’occupe de quoi dans le groupe ?

Amande : Charley est à la guitare. Louise est à la basse et au chant. Sarah est au clavier et au chant et moi je suis à la batterie.

 

Est-ce que vous êtes dans d’autres projets et êtes-vous investies dans la scène musicale berlinoise ?

Charley : J’ai un projet solo de techno qui s’appelle Tetron.

Sarah : J’ai un projet qui s’appelle Helen Fry. Je joue également dans le groupe Slow Steve.

Charly : Elle a un troisième groupe, c’est Mother of Unicorn.

Sarah : Je suis juste en train de commencer.

Janett : Est-ce un projet solo ?

Sarah : C’est un groupe.

Janett : Quel type de musique est-ce ?

Sarah : Du R’N’B peut-être. Je ne sais pas, c’est difficile à dire.

Amande : Je travaille dans une agence de booking et d’organisation de concerts. Je fais parti d’un collectif / magazine de musique. C’est un calendrier mensuel avec une sélection de concerts et des articles variés en rapport avec la scène locale. Louise écrit le showroscope tous les mois.

Charley : Le magazine s’appelle « The Chop ».

Amande : C’est orienté vers la scène locale.

 

Vos chansons sont-elles en anglais et en français ?

Amande : À part la chanson des Spice Girls, les autres sont en anglais.

Charley : 80% sont en anglais, 20% sont en français.

Janett : Il me semblait justement qu’il y avait une chanson en français.

Amande : Oui, c’est celle des Spice girls chantée avec un accent allemand très charmant.

 

Est-ce votre premier concert en Suisse ?

Amande : On a déjà joué à Zürich en mars de l’année dernière à Gonzo, avec Slow Steve. C’était une soirée organisée par notre ami More Eats.

Sarah : C’était sympa.

Charley : C’est notre deuxième concert en Suisse et le premier à Lausanne.

 

Est-ce plus difficile de percer en tant qu’artiste femme, comme vous êtes majoritairement un groupe avec des filles ?

Amande : C’est une question compliquée. Je ne sais pas trop si j’ai envie de répondre (rires).

Janett : Je comprends.

Charley : C’est dur de savoir.

Amande : On est un petit groupe qui débute. Si on a la chance d’avoir déjà joué dans plein de lieux à Berlin, c’est parce qu’on connaît des gens et qu’on organise aussi des concerts. On a également des amis qui jouent dans d’autres groupes. Avoir des contacts aide beaucoup. Ça serait triste si les gens écoutaient notre musique ou nous soutenaient juste parce qu’on est un groupe avec des filles. Les gens parlent de girls band alors que personne ne parle de boys band.

Janett : Ce que je voulais dire c’est qu’en tant que femme artiste, on peut aussi subir du sexisme.

Amande : Je crois que les choses sont en train de changer peu à peu. Les gens essaient quand même de programmer des concerts avec plus de musiciennes.

 

Depuis quand vous existez ?

Amande : Depuis qu’on est née (rires).

Janett : Pardon, je voulais parler du groupe.

Amande : On a commencé à l’été 2015.

Charley : Cela fait presque deux ans.

Amande : On a des boulots à côté et certains ont d’autres projets musicaux. On avance à notre rythme.

 

Est-ce facile de gagner sa vie en faisant de la musique dans la scène berlinoise ou est-ce nécessaire d’avoir un boulot à côté ?

Amande : Je pense que ce n’est pas une question de ville. Si tu veux gagner de l’argent en tant que musicienne, ce n’est pas facile. Le mieux c’est de tourner (et encore…).

Charley : Berlin nous permet de jouer souvent car il y a plus de salles de concerts, plus d’organisateurs, plus de public intéressé. Mais on a tous un travail à côté.

 

Que faites-vous à côté du groupe ?

Charley : Je suis traducteur.

Louise : Je suis assistante de rédaction pour une chaîne de télé.

Amande : Sarah est musicienne à temps complet (rires).

Sarah : J’ai fait des études de design industriel. Mais je n’ai pas continué dans cette voie.

Charley : Amande travaille dans une agence de booking et d’organisation de concerts.

 

Est-ce que vous avez un EP ou un album de prévu ?

Amande : La « Petite K7 », c’est un peu un EP.

Charley : C’est plutôt des démos. Mais on va enregistrer un EP cet été.

Amande : En attendant l’album…

 

Vous réjouissez-vous de jouer à Lausanne dans le cadre du Prémices Festival ?

Amande : On est très contentes de jouer ce soir. Sarah et Charley ont déjà joué au Bourg avec Slow Steve. Le lieu est vraiment cool.

Charley : On aime bien la salle.

Amande : L’équipe est très sympa.

Charley : En Suisse, on est toujours bien reçu. Et on aime bien les montagnes et les lacs.

Amande : Et le fromage.

Charley : On aime bien le fromage, c’est vrai. On est vraiment très contents de jouer ici.

Louise : On aimerait faire toute une tournée en Suisse dans le futur.

 

Si vous deviez choisir une seule chanson à écouter pour le reste de votre vie, laquelle serait-ce ?

Charley : Je choisirais Kothek de Klaus Johann Grobe.

Sarah : C’est un groupe suisse.

Janett : Ah oui, un groupe de krautrock. Oui bien sûr.

Sarah : Ils sont très sympas.

Janett : J’en ai entendu parler mais je n’ai pas encore écouté.

Charley : Je choisirais n’importe quelle chanson de Klaus Johann Grobe à vrai dire.

Louise : Pour moi, ça serait Arthur Russell, A Little Lost.

Sarah : Gerry Rafferty, Right Down The Line.

Amande : Pixies, Havalina. Elle est très courte. Comme ça, on peut l’écouter encore plus de fois.

Janett : Merci beaucoup. Bon concert à vous. Je serai là. Et à bientôt !

On espère les revoir prochainement lors d’un nouveau concert en Suisse. D’ici là, on pourra toujours écouter leur « K7 » en boucle.

Janett Donis