Dalton Trumbo

Dalton Trumbo, le scénariste qui dérangeait.

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Dalton Trumbo (Bryan Cranston) - Image droits réservés - © Entertainment one

Dalton Trumbo, ce forçat de l’écriture doté d’une opinion politique sans faille. Alors que la Guerre Froide bat son plein, Dalton Trumbo est accusé d’être communiste. Du fait qu’il est au sommet de son art, le joyeux personnage se retrouve propulsé sur liste noire, ce qui veut dire que le scénariste ne peut exercer son métier dans les règles de l’art. Pas plus touché que ça, le scénariste essuiera des pertes de contrats, mais grâce au soutien sans faille de sa famille et à son immense talent, Trumbo réussira une extraordinaire carrière.

Une légende que ce Dalton Trumbo. Avec Dalton Trumbo, Jay Roach dépeint le quotidien et l’histoire d’un homme d’un extrême courage, aussi borné que talentueux, travaillant sous plusieurs pseudonymes après avoir été radié et placé sur cette liste noire nommée « les 10 d’Hollywood ». Pointé du doigt pour être un communiste, le peuple le voit comme un anti-américain. Mais l’homme a de la ressource et le prouvera avec des scénarios qui vont décrocher le Saint Graal, c’est-à-dire l’Oscar.

Le "vrai" Dalton Trumbo dans son bain - Image droits réservés - © Treehugger
Le « vrai » Dalton Trumbo dans son bain – Image droits réservés – © Treehugger

Nous débutons le film à partir de 1947, là où Trumbo commence à déranger une industrie qui perd la face quand le public élève la voix. Cette industrie, c’est Hollywood. Très puissant, mais craintif à l’idée de voir un homme « dérangé » écrire des films, le grand Hollywood mettra de côté l’un des scénaristes les plus prolifiques de l’époque – il est l’auteur de Spartacus ou encore Johnny s’en va-t-en guerre. Oui, cette usine à rêves préfère se priver d’un génie pour éviter de voir l’opinion publique geindre et s’offusquer face à un homme aux influences communistes. Un film qui peut sembler anodin, mais il s’inscrit dans une lignée plus profonde que le simple biopic préconçu. Trumbo était considéré comme un homme qui outrageait le congrès, perçu comme un citoyen américain indigne et déviant. Les critiques pleuvent, et Dalton Trumbo ne change pas son fusil d’épaule, si bien qu’en 1950, le scénariste sera envoyé en prison pendant 11 mois.

Scénario en béton armé

Hormis la portée politique, le métrage peut se reposer sur un scénario parfaitement écrit. Si Dalton Trumbo est tiré du livre de Bruce Cook, Trumbo, louons le travail dithyrambique de John McNamara (Aquarius). Un script qui dégage une incroyable fluidité, tout en insérant une multitude de personnages sans « freiner » le déroulement du récit. Du fantasque Frank King – campé par le génial John Goodman – aux apparitions fugaces de Hedda Hopper (Helen Mirren), le récit ne semble jamais avoir de temps morts.

Un scénario que Jay Roach exploite à merveille. En suivant méticuleusement la descente aux enfers de Trumbo, le cinéaste nous invite à suivre son travail en profondeur, sans verser dans l’oeuvre ennuyeuse. Non, le travail de Roach est subtil, avec une pointe d’humour non-négligeable. Le portrait qu’il dépeint de Trumbo est délicieux et intelligent. On y voit un homme simple, à la répartie aiguisée, qui accumule une somme de travail considérable sans pour autant perdre le génie par lequel il est habité. Mais l’homme a ses revers, et sa famille subit le caractère bien trempé d’un individu qui dévoile un égoïsme supérieur à la moyenne. Non, Dalton Trumbo n’était pas facile à vivre, mais sa faculté à faire valoir toute sa malice en fait un être d’une grande intelligence.

Bryan Cranston, fascinant !

Aussi incisif que son personnage, Bryan Cranston campe l’un de ses meilleurs rôles, si ce n’est le meilleur. La sensation de voir un acteur à des années-lumière de son rôle dans Malcolm, nous fascine toujours autant. Quel virage artistique, nous restons bouche bée devant la performance d’un acteur métamorphosé avec le temps. En campant le rôle de Dalton Trumbo, Cranston nous expose sa force, son jeu d’équilibriste entre l’humour et le côté sombre du scénariste oscarisé. Cranston est profond, voire majestueux quand il s’exprime avec les yeux emplis de larmes devant sa fille, Niki (Elle Fanning), fatiguée de voir son père lui soumettre une autorité de plus en plus suffocante pour une jeune adolescente.

L'entente n'est pas si cordiale entre Hedda Hopper (Helen Mirren) et Dalton Trumbo (Bryan Cransten) - Image droits réservés - © ShivHans Pictures
L’entente n’est pas si cordiale entre Hedda Hopper (Helen Mirren) et Dalton Trumbo (Bryan Cransten) – Image droits réservés – © ShivHans Pictures

Les éloges ne vont pas que vers Cranston, loin de là. Les performances de Goodman, Fanning et Helen Mirren sont d’un excellent calibre. Mais soulignons l’apparition remarquée de Dean O’Gorman, l’interprète de Kirk Douglas. Nous avons l’étrange impression de voir Kirk Douglas renaître, aussi charismatique et séducteur que le légendaire acteur.

Dalton Trumbo, c’est l’histoire d’un homme qui combat l’opinion publique et fidèle à ses idéaux. Une véritable leçon de malice et de courage, qui verra ce dernier remporter plusieurs Oscars sous des pseudonymes différents. Oui, Dalton Trumbo a gagné sa bataille sans coup férir, lui, seul contre tous.

Dalton Trumbo | Bande-annonce

Fiche technique :

Réalisé par : Jay Roach
Date de sortie : 27 avril 2016
Durée : 2h04min
Genre : Biopic, Drame
Pays : USA
Scénario : John McNamara, Bruce Cook
Musique : Theodore Shapiro
Photographie : Jim Denault
Distributeur suisse : Ascot Elite

Casting :

Bryan Cranston
John Goodman
Helen Mirren
Elle Fanning
Diane Lane
Adewale Akinnuoye-Agbaje
David James Elliott
Louis C.K.
Dean O’Gorman