Berlin 2016 | Zjednoczone stany milosci (United States of Love)

Projeté en concours à la Berlinale, l’œuvre du jeune réalisateur polonais Tomasz Wasiliewski parle d’émancipation sociale dans un contexte mondial changeant.

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United States of Love, par Tomasz Wasiliewski
Image © Oleg Mulu

Après la Seconde Guerre Mondiale, la Pologne est restée jusqu’en 1989 sous l’influence de l’URSS quand le mouvement Solidarnosc (Solidarité) de Lech Walesa tente de réformer le pays du joug des communistes. D’avril 1989 jusqu’en novembre 1990, quand Lech Walesa devint le premier président élu au suffrage universel, toute la Pologne vit une période d’instabilité, de crise économique et d’ouverture sur le monde occidental. Dans ce contexte, nous suivons la vie de quatre femmes qui profitent de la situation pour assouvir leurs désirs réprimés. Agata est une jeune mère de famille coincée dans son mariage, et qui se rapproche de la foi. Renata est une institutrice âgée qui est éprise de Marzena, une belle institutrice d’aquagym dont le mari vit en Allemagne. Iza, la sœur de Marzena, est la rectrice de l’établissement dans lequel enseigne Renata, et tombe elle amoureuse du père d’un de ses élèves.

Pour un résumé qui a pris autant de lignes de texte, United States of Love ne mérite pas que l’on ne réfléchisse à plusieurs fois quant à son contenu.

Si l’on commence par le titre, ce dernier fait allusion aux Etats-Unis d’Amérique, et donc à ce qui était aux yeux de l’Europe communiste d’après-guerre l’incarnation de la liberté personnelle, du non-interventionniste de l’Etat dans des multiples facettes de la vie. Outre la délicieuse ironie de cette pensée, United States of Love pourrait aussi être une référence aux états d’âme que traversent les protagonistes; unies dans leur désir d’amour.

Et c’est là l’une des grandes failles de ce film: United States of Love confond et entremêle trop facilement désir et amour. Si l’on prend l’exemple d’Agata, attirée sexuellement par le jeune prêtre, elle cherche à assouvir un désir certain, peut-être un amour envers Dieu projeté sur cette personne physique qui lui fait oublier son époux. Le film n’explique pas sa définition de l’amour et ne laisse pas au public le soin de se forger une idée de quels peuvent être les sentiments éprouvés par les diverses femmes montrées, hormis qu’elles sont assujetties à leurs impulsions. Les hommes seraient-ils incapables « d’amour » dans ce film?

Des couleurs fades rappelant l’ambiance morose de l’époque, aucune musique notable hormis quelques scènes à la fin du film, l’ensemble sensorielle créée une ambiance bien plate. Structuré en des sortes de scènes, très rapidement on dévoue un temps très conséquent à la vie de Iza, mais toute la chronologie semble confuse et brouillonne. United States of Love semble vouloir tendre vers le Nymphomaniac polonais, en explorant différentes formes d’amour; l’amour maternel, l’amour de Dieu, l’amour passionnel. On peut retenir que l’amour n’est pas de tout repos et que l’on tombe amoureux; on ne monte pas amoureux. Nos protagonistes le remarqueront dans leurs escapades.

Vulgaire et gratuit en sombrant presque dans une étrange sorte de fétichisme, United States of Love est un film polarisant. Tomasz Wasiliewski souhaite-t-il nous faire croire que ces femmes n’avaient pas ces pulsions humaines une semaine ou un mois auparavant, avant la chute du rideau de fer? Que le changement institutionnel impacte si extrêmement les mœurs? A mon avis, trop est mis sur le compte du changement politique et de l’environnement et pas assez sur l’humain. Je sais bien que des périodes autant révolutionnaires changent radicalement les comportements, mais le film veut nous faire croire que sans révolution, ces femmes resteraient misérables. Je pense que c’est une excuse.

Pourtant, tous les arguments que j’utilise ici pourront aussi être employés pour vanter les qualités de United States of Love, qui trouvera sans doute son public. Le film fut d’ailleurs récompensé du prix du meilleur scénario, un prix qui aurait bien pu aller selon moi à 24 Wochen.

Noté : 2 / 5

Bande-Annonce

Casting

Julia Kijowska
Magdalena Cielecka
Dorota Kolak
Marta Nieradkiewicz
Andrzej Chyra
Łukasz Simla
Tomek Tyndyk

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Tomasz Wasiliewski
Pays de production: Pologne / Suède
Durée du film: 104 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!