Berlin 2016 | 24 Wochen

Pour son second long-métrage, Anne Zohra Berrached touche aux cordes sensibles avec « 24 Wochen », drame émouvant sur la vie et la mort et projeté en concours à Berlin.

0
1940
24 Wochen, par Anne Zohra Berrached
Julia Jentsch dans le rôle d'Astrid, Bjarne Mädel dans le rôle de Markus. Image © Friede Clausz

Trois années de préparation pour 24 Wochen, de l’idée initiale obtenue en lisant un article dans un magazine à la fin du tournage et de la post-production pour aboutir au produit final.

Astrid Lorenz (Julia Jentsch) est comédienne de profession. Personnalité de scène reconnue en Allemagne, elle jouit d’une notoriété considérable en Allemagne et continue à enchaîner les spectacles malgré ses premiers mois de grossesse. Accompagnée de Markus (Bjarne Mädel), son manager, compagnon et père de l’enfant, Astrid se prépare à accueillir donc une nouvelle âme dans sa vie avec Markus, après le premier enfant, Nele (Emilia Pieske), qu’ils eurent ensemble. Pourtant, c’est leur monde entier qui va basculer lorsqu’ils apprennent que leur bébé est atteint du syndrome de Down. S’en suivent d’innombrables dilemmes éthiques et moraux autour de la question de garder ou non l’enfant.

24 Wochen est un film dur, parfois même difficile à regarder, mais un film important à produire et à voir. Sa grande force est de rendre une histoire concise, cohérante et rationnelle en cent minutes à propos d’un événement si infiniment complexe, émotionnel et déchirant, où être en paix avec sa décision devient de plus en plus difficile au fil des jours. Frappant très fort très rapidement, 24 Wochen ouvre le débat autour de l’avortement, et crée une plateforme où chacun peut prendre la parole et se demander si prendre la solution « facile » est obligatoirement une mauvaise chose.

C’est surtout la capacité de 24 Wochen à ne pas offusquer les croyances de qui que ce soit qui est remarquable, en présentant les faits, les raisonnements des individus concernés et surtout les lois en Allemagne. D’ailleurs, un grand nombre de personnes dans des professions médicales, médecins, infirmières, jouent leur propre rôle dans le film. De nombreuses personnalités médiatiques apparaissent aussi sous leur nom, et tout cela donne à 24 Wochen une couche de réalisme supplémentaire; les protagonistes sont fictifs, mais la situation vécue par tant de couples est réelle.

Une phrase particulièrement poignante m’a marquée durant le film; Astrid disant que le bébé n’est pas apte à prendre une décision sur sa vie, et c’est donc aux parents de le prendre. Et c’est là tout l’exercice épouvantable montré dans 24 Wochen, celui de s’imaginer toute une vie entière future et de prendre une décision. L’enfant pourra-t-il manger seul? Vivre seul? Comment se comporteront les autres personnes envers lui? Comment se déroulera sa scolarité, avec les potentielles moqueries d’autres enfants? Des millions de questions apparaissent sans qu’aucune réponse ne soit 100% juste ou fausse, et c’est là tout le drame de ce genre de situation, du cauchemar de tout parent.

Le syndrome de Down est un coup particulièrement cruel du sort. En effet, un troisième chromosome 21 apparaît par pur hasard dans environ une grossesse sur mille. Les parents sont génétiquement normaux, et aucun remède n’existe. C’est pourquoi 24 Wochen est un film fort, brutal même parfois avec ses séquences qui font mal. Je lui reproche d’une certaine façon certaines images choc au détriment du récit, ce qui ne fut pas nécessaire tant l’histoire ne laisse pas indifférente. De surenchérir un film autant poignant que 24 Wochen avec certaines de ses images, c’est le dévaloriser.

Au final, les acteurs sont superbes, les plans sont intéressants et la caméra utilisée parfois depuis le point de vue d’un personnage renforce l’idée de se mettre à leur place. Le message de 24 Wochen est clair; quelque soit votre décision, elle est correcte.

Noté : 4 / 5

Bande-Annonce

Casting

Julia Jentsch
Bjarne Mädel
Johanna Gastdorf
Emilia Pieske
Maria-Victoria Dragus

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Anne Zohra Berrached
Pays de production: Allemagne
Durée du film: 102 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
SHARE
Previous articleBerlin 2016 | Creepy
Next articleJe vous souhaite d’être follement aimée
J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!