21 Savage et son Metro, en mode sauvageons

La version Walking Dead du rap.

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Images droits réservés - 21 Savage

Ça faisait longtemps que je voulais parler du jeune phénomène issu d’Atlanta. Et avec ce nouveau projet qu’il sort avec le talentueux Metro Boomin, il est interdit de ne pas passer à côté. Après avoir sorti deux mixtapes prometteuses (The Slaughter Tape, Slaughter King), l’artiste au flow macabre est de retour avec un projet d’un niveau en dessus.

Intitulé Savage Mode, le projet regroupe tout ce que 21 Savage nous a habitué jusqu’à maintenant, à savoir une ambiance morbide et un flow flegmatique… très… très lent, voire limite du je-m’en-foutiste. Loin de ce qui peut se faire actuellement sur la scène d’Atlanta, l’emcee livre neuf morceaux compacts, solides et lie une cohésion parfaite avec des instrumentales sombres et lugubres de Metro Boomin.

Avec des pistes préparées sur mesure et uniquement pour rentrer dans l’ambiance de 21, Metro démontre de nouveau qu’il est l’un des meilleurs producteurs dans la planète rap. Sachant être polyvalent et adapter ses mélodies pour les différentes demandes, le Metro poursuit son petit bonhomme de chemin en prouvant, une nouvelle fois, son génie dans les studios de musique.

Images droits réservés – Savage Mode – 21 Savage & Metro Boomin

De l’autre côté, 21 Savage a beau avoir quelques détracteurs qui visent à mettre en doute sa technicité et son charisme derrière un micro, mais en vain, il prouve une nouvelle fois qu’il ne suffit pas de réunir autant de qualités pour réaliser un projet solide et addictif. Savage Mode, est certes un mini album qui traite de drogues… et d’addictions, mais comme l’illustre la pochette, l’auditeur rentre dans un monde où l’artiste, on le sent, est purgé de souffrances psychiques et de douleurs physiques permanentes. Exempté de toute collaboration sur le projet, le rappeur d’Atlanta a quand même fait appel à un seul artiste pour l’épauler sur X. Et il ne s’agit pas des moindres, car c’est le monstre Future qui vient apporter sa touche sauvage sur l’un des meilleurs morceaux de la galette.

Poussée dans ses derniers retranchements, l’oppression du rappeur se fait ressentir tout au long du projet où les morceaux s’avèrent aussi douloureux qu’angoissants, comme le prouve Ocean Drive, piste concluant l’album où le jeune rappeur surfe sur une vague de codéine. Totalement immergé dans un autre monde, le rappeur qui vient d’être récemment nominé dans les dix meilleurs freshmen de la liste XXL, célèbre l’avènement de son succès dans une ambiance pessimiste et insalubre.

I’m in savage mode, cook a nigga like a chef
Ain’t no loyalty, these niggas off themselves
All these fuckin’ stripes, I shoulda been a ref

Le titre éponyme regroupe toute l’atmosphère du projet, avec un flow zombiesque que l’on pourrait jouer dans le générique du prochain Walking Dead, le rappeur joue parfaitement avec le rythme de la mélodie. Hachant ses couplets qui accompagnent parfaitement des synthés capables d’éveiller les morts-vivants d’Atlanta, le rappeur traite des thèmes tels que la pauvreté, les drogues et la violence des gangs.

Complètement à l’égard des critiques, 21 Savage montre également son indifférence totale sur Real Nigga, l’un des meilleurs morceaux de l’album. Avec une production sombre et minimaliste, le rappeur nous fait traverser tout au long du morceau une rue ténébreuse où l’on entend que quelques faibles sonorités similaires à un instrument à vent qui accompagnent ces lourdes basses remplies de remords.

Remuant sans arrêt le couteau dans la plaie (c’est le cas de le dire), 21 Savage prouve à tous ses détracteurs qu’il a réussi à se forger un style à part, un monde diabolique saupoudré de violence, de vengeance mais aussi à la limite de la nécrophilie. Celui qui se fait appeler le bourreau, possède également un poignard tatoué entre ses yeux, une inscription qui nous laisse tout dire sur le personnage et permet à l’artiste de nous accompagner en toute confiance dans ses morceaux dignes de funérailles. Pour finir, la cohésion entre Savage et Metro fonctionne à merveille et permet de rendre un projet qui aurait pu être plat et ennuyant à un album homogène et bien travaillé rempli d’émotions certes négatives, mais c’est cette caractéristique qui fait le charme de Savage Mode.