Tomorrowland (À la poursuite de demain)

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1970
Tomorrowland, par Brad Bird
Actuellement au cinéma. Image © Disney 2015. Droits réservés.

Le monde dans lequel nous vivons tous avance de plus en plus rapidement. L’échange d’information se passe à la vitesse de la lumière, et les mondes privés, personnels et professionnels en sont à jamais tributaires.

Plus de 90% de toute l’information et des données créées sur la planète le furent dans les 4 dernières années. Aujourd’hui, l’humanité crée autant de contenu de par les emails, messages, images, tweets, compositions musicales, et j’en passe, en deux jours que l’intégralité du contenu créé depuis le début de notre civilisation jusqu’en 2003.

La technologie évolue exponentiellement, la consommation suit, la population augmente, les ressources deviennent de plus en plus précieuses, la planète souffre et de nombreux dangers nous menacent; famine, guerres, dérèglement climatique. Le monde devient de plus en plus réaliste, et l’imagination de plus en plus refoulée, prisée et rare.

Parlons maintenant du film.

En 1964, Frank Walker (George Clooney, Thomas Robinson jeune) est un enfant exceptionnellement vif, un inventeur visionnaire, et un optimiste. A l’exposition universelle de New York, il tente sans succès de présenter un jetpack qu’il a conçu au forum des inventions. Visiblement impressionné par son esprit, un membre du comité (Hugh Laurie) le refuse néanmoins car son invention ne fonctionne pas. Voyant son potentiel, une jeune fille dénommée Athéna (Raffey Cassidy) glisse à Franck un mystérieux pin’s qui est en fait un portail vers un monde nouveau, où les génies tentent de construire un monde meilleur. Cinquante années plus tard, la tout autant brillante Casey (Britt Robertson) hérite d’un pin’s identique et cherche à en comprendre le sens.

Indépendamment de tout ce que le film en soi cherche à provoquer comme réaction ou faire passer comme signification, l’existence même de Tomorrowland en tant qu’œuvre me paraît comme une quête en recherche d’idée et d’espoir.

Alors qu’au XIXème siècle Jules Verne rêvait de d’aventures à vingt mille lieues sous la mer, de voyages au centre de la terre et de tours du monde en quatre-vingts jours, il faut posséder aujourd’hui un esprit particulièrement créatif pour imaginer quelque chose d’invraisemblable. Je ne suis pas particulièrement créatif, mais la totalité de l’intellect sur terre semble pousser difficilement les frontières les plus extraordinaires tellement aujourd’hui tout semble concevable. Tomorrowland tente, en vain cela dit, à époustoufler son public. Ce n’est pas autant sa « faute » que celle de l’époque dans laquelle nous vivons.

Outre le rôle d’Athéna qui devient difficilement supportable au fil du temps, et un Hugh Laurie qui hésite entre son accent britannique et américain lequel adopter, Frank et Casey sont le contraste du film, avec l’évolution du personnage de Frank visible au spectateur. Actuellement, ils sont opposés. Frank est pessimiste et isolé, Casey est optimiste et curieuse. Pourtant, lorsque Frank avait l’âge de Casey ils étaient justement similaires. Tomorrowland tente d’expliquer comment les générations futures peuvent éviter de devenir aigries et de canaliser leur créativité pour un monde meilleur.

Oui, le « sentiment » Disney prévaut. Basé sur le parc d’attraction futuriste du même nom, le film vire trop brutalement dans l’exploitation commerciale et le formatage générique qu’il implore, ironiquement, d’éviter.

Un excès de zèle dans l’objectif de la diversité et du politiquement correct, des blagues forcées faisant référence au fait que les studios Disney possèdent maintenant les droits de la franchise Star Wars (j’avoue, j’ai pourtant rigolé), et surtout une scène finale absolument contraire au développement logique du film font que tout ce qui fut bien construit durant la première heure (ne vous y trompez pas, il y en a) fut spectaculairement détruit après. Au final, on sortira de la salle en se demandant non pas comment améliorer le sort de la planète, mais comment cela s’est terminé en « Teen Movie » futuriste.

En introduction, j’ai brièvement mentionné quelques faits concernant la société. Et autant la forme choisie pour Tomorrowland peut être critiquée, autant le fond choisi par Disney mérite des louanges car il souhaite rendre hommage aux visionnaires que furent les Walt Disney, Jules Verne et Amelia Earhart de ce monde.

Le message y est, mais en tant que film, Tomorrowland se tire un obus de la taille de la Tour Eiffel dans le pied la dernière heure durant.

Noté : 2.5 / 5

Bande-Annonce

Casting

George Clooney
Britt Robertson
Raffey Cassidy
Hugh Laurie
Tim McGraw
Kathryn Hahn
Keegan-Michael Key
Chris Baur
Pierce Gagnon
Thomas Robinson

Détails

Date de sortie en Suisse: 20.05.2015
Réalisateur: Brad Bird
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 130 minutes
Genre: Science-Fiction / Aventure

(Images droits réservés)

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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!