The Big Short : le Casse du siècle

Parier contre l'économie des Etats-Unis. "The Big Short" traite de ce pari audacieux.

1
2490
The Big Short - Image droits réservés - © Paramount Pictures

On récapitule : Wall Street. 2005. La bulle immobilière est proche d’exploser et les banques, le gouvernement et les médias ne semblent pas se soucier de l’ampleur de cette crise imminente. Quatre illuminés, eux, se décident de parier contre les banques et tenter de s’en mettre plein les fouilles au contraire de la grande majorité qui va couler. Michael Burry (Christian Bale), Mark Baum (Steve Carell), Jared Vennett (Ryan Gosling) et Ben Rickert (Brad Pitt) sont cette brochette d’audacieux prêts à bondir sur l’explosion de la bulle financière.

Cantonné à la comédie, Adam McKay (Anchorman, Step Brothers) n’apparaissait pas comme le réalisateur rêvé pour mettre en scène un tel film. McKay, c’est les éclats de rire, des blagues bien grasses. Là, c’est un autre registre qui pouvait s’avérer très piégeux pour l’Américain.

Tiré du livre éponyme de Michael Lewis – l’auteur de Moneyball ou encore The Blind Side -, The Big Short n’est pas le film calibré et réchauffé, prêt à nous dévoiler les sombres facettes de Wall Street et cette fameuse bulle immobilière comme nous le savons déjà. Non, c’est avant tout une histoire complexe et dramatique tournée en dérision, qui témoigne d’un sacré culot. Reste que ce culot, fallait-il l’utiliser à bon escient. Le coup de maître vient de cette approche fougueuse, décadente que McKay profite de déballer avec une trame humoristique délicieuse. Dès le début, nous savons pertinemment à quelle sauce nous allons être manger. Jared Vennett – Gosling brille dans cette partition – s’adresse à nous et nous assure qu’il nous retrouvera un peu plus tard dans le récit. Rien que par cette entrée en matière, nous voici propulsé dans ce monde particulier qu’est la finance.

Christian Bale - Image droits réservés - © Paramount Pictures
Christian Bale – Image droits réservés – © Paramount Pictures

Si nous sentons l’envie inévitable de McKay de jouer de ses talents pour la mise en scène humoristique, le cinéaste assure une balance entre le sérieux de la situation et son penchant farceur. Nous tombons dans un charabia de termes propres aux analystes et autres traders, mais Adam McKay nous remet (ou garde) à niveau grâce à des explications en plein milieu de situations complexes – Margot Robbie ou encore Selena Gomez seront là pour éclairer notre lanterne. C’est cette approche très drôle et culottée qui définit un film survolté.

Autre grande qualité de The Big Short, c’est cette faculté de basculer entre chaque personnage. McKay maîtrise avec une facilité déconcertante l’alternance avec la ribambelle de personnages principaux qui défilent sous nos yeux écarquillés. Nous passons d’un protagoniste à un autre à un rythme effréné, sans pour autant perdre le fil du scénario. Là, McKay réussit à nous garder sous tension grâce à une BO et un savoureux mélange d’images qui définissent la pop culture de nos jours. Un immense collage des années 2000.

Brad Pitt - Image droits réservés - © Paramount Pictures
Brad Pitt – Image droits réservés – © Paramount Pictures

Enfin, que dire du casting à l’affiche. Steve Carell – interprète de Mark Baum – nous offre une partition géniale et pleine d’entrain. Après sa performance XXL dans Foxcatcher, Carell s’inscrit un peu plus comme un acteur de classe mondiale. Autre immense acteur, Christian Bale campe Michael Burry avec une intelligence qui fait mouche. Ces deux performances correspondent au métrage : remuant, déjanté et intelligent. Pour les accompagner, Ryan Gosling, qui interprète Jared Vennett, est remarquable dans ce personnage confiant et prétentieux. Brad Pitt, lui, suit la cadence et interprète parfaitement un trader associal, sobre et ereinté par le monde qui l’entoure. Et pour terminer notre tour sur cette géniale distribution, ajoutons les excellentes performances de deux duos. Finn Wittrock et John Magaro – respectivement Jamie Shipley et Charlie Geller – sont géniaux tout comme le bref passage de Max Greenfield – les fans de New Girl apprécieront – et Billy Magnussen, eux aussi fameux.

Exercice de style tortueux, The Big Short est une véritable réussite. Un portrait des incohérences de notre société où plusieurs audacieux sentent la faille économique s’intensifier. Bien qu’ils ne cherchent pas à s’enrichir personnellement – mis à part Gosling -, l’intérêt principal est dans cette audace à « parier » contre l’économie américaine. Tout comme la tactique de ces acteurs, The Big Short est un pari remarquablement accompli. Un genre de « Loup de Wall Street inversé » porté par un casting éblouissant.




Bande-annonce :






Fiche technique :

Réalisé par : Adam McKay
Date de sortie : 30 décembre 2015 
Durée : 2h10min
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Américain
Scénario : Michael Lewis, Adam McKay, Charles Randolph
Musique : Nicholas Britell
Photographie : Barry Ackroyd
Distribution Suisse : Universal Pictures

Casting :

Steve Carell
Christian Bale
Ryan Gosling
Brad Pitt
Marisa Tomei
Karen Gillan
Melissa Leo
Finn Wittrock
Tracy Letts
Max Greenfield
Billy Magnussen
John Magaro
Rafe Spall
Hamish Linklater

REVIEW OVERVIEW
Note :
SHARE
Previous articleInterview | Swim Deep
Next articleVaults – Premonitions
Journaliste culturel. Ex Italic Magazine et ravagé de l'écran.