Queen and Country

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1961
Queen and Country, par John Boorman
Actuellement au cinéma. Image droits réservés - http://www.le-pacte.com/international/upcoming-films/single/queen-and-country/

Bien que Queen and Country puisse être apprécié sans avoir vu Hope and Glory, son histoire est construite autour du même protagoniste, Bill, et son développement ici est une conséquence de son enfance à l’époque du premier film.

Les enfants britanniques de la Seconde Guerre Mondiale ont maintenant grandi. Sept années après la fin de la guerre, c’est un autre conflit qui attire l’attention de l’Empire, à savoir la guerre de Corée. Bill Rohan (Callum Turner) a 18 ans en 1952 et s’imagine des jours dorénavant paisibles. Pourtant, il est appelé pour effectuer deux années de service militaire dans un camp d’entraiment. Rapidement, une amitié se forge entre Bill et le farceur Percy Hapgood (Caleb Landry Jones) et les deux deviennent instructeurs dans le camp. Assoiffés de liberté, d’idées mais surtout d’amour, leur échappatoire devient l’insubordination quotidienne envers leur supérieur, le Sergent Major Bradley (David Thewlis), ainsi que les occasionnelles sorties nocturnes. Leur monde rigide sera mis à l’épreuve lorsqu’ils rencontrent chacun la femme de leur vie.

Immédiatement un choc de mentalités, de classes et d’attitudes est visible. D’un côté se dressent les officiers de l’Empire britannique, tels le susmentionné Sergent Major Bradley, le Major Cross (Richard E. Grant) ou le Sergent Major régimentaire Digby (Brían F. O’Byrne), tandis que de l’autre répliquent les jeunes recrues comme Bill et Percy ayant grandi durant la guerre mondiale. Les incarnations de la mentalité du « stiff upper lip » contre l’insolence et la rébellion. La discipline et la hiérarchie contre la simple joie d’être en vie, d’avoir survécu et d’entrevoir un avenir meilleur, de paix et d’amour.

Je vais tuer le suspense; je trouve Queen and Coutnry brillant. Les quelques points que je lui reproche sont son ensemble, splendidement intégré, mais bien trop spécifique au monde et à la culture britannique. Le monde créé est agilement construit et filmé, mais il risque de ne pas établir une connexion avec un grand public. Car même en Angleterre, les mentalités ont changé et ce qui est exhibé dans le film et un peu anachronique. Queen and Country aurait fait fureur dans les années nonante.

Queen and Country, comme son prédécesseur, est basé sur la vie du réalisateur John Boorman. C’est un véritable conte sur comment fuir son devoir, s’adonner aux plaisirs et se soumettre à son instinct viscéral de défier l’autorité.

Un mélange d’acteurs et d’accents irlandais, écossais, anglais, tous splendides. L’objet de l’affection de Bill, la belle Ophelia (Tamsin Egerton), est la personnification de la dépression post-guerre: belle, éduquée, mais absente, confinée, rigide et au fond d’elle-même, apeurée. La beauté de cette relation non-réciproque est ponctuée de moments comiques délicieux.

Les actions de Bill et Percy, elles, sont autant symboliques qu’hilarantes. Ils dérobent une horloge à un de leurs supérieurs, témoin évident du temps qui passe, qui lui fut offerte en cadeau par le Monarque britannique. La recherche de cette horloge paralyse tout le campement et produit la majorité de l’intrigue et du développement humain.

Je dis que Queen and Country est brillant, car il réussit à englober tellement de facettes dans son univers. Des références à Akira Kurosawa, une histoire familiale complexe, revisitée bien moins que dans Hope and Glory, mais toujours omniprésente, la vie qui passe, les classes sociales qui évoluent, l’immersion dans ce monde est totale, plaisante et amusante. Le microcosme sur l’île, avec son cricket et les références au changement de nom de la famille royale à Windsor depuis Saxe-Cobourg et Gotha, en est le parfait exemple.

Il est aussi beau de voir que le jeune Bill a gardé les traumatismes de son enfance explorée durant Hope and Glory. Les séquelles sont visibles dans des gestes, des regards, et même projetées sur des personnes qui incarnent son hantise. La subtilité augmente au fur et a mesure et la dynamique entre sa sœur Dawn (Vanessa Kirby), la réaliste, et Bill (devenu pessimiste le long du film) est splendide et construit sur leur histoire. Pourtant, la petite sœur, Sue, ne semble plus là alors que Dawn est devenue canadienne à l’accent américain.

Bref, de l’humour anglais couplé au talent anglais et à la cinématographie épurée. Ce n’est pas la tasse de thé de chacun, mais c’est un témoignage beau.

Le film est projeté à deux dates encore au City Club à Pully (CityClub Pully)

Les dates sont:
Vendredi 29 mai à 21h00
Samedi 30 mai à 18h30

L’association du Cinéma CityClub exploite la magnifique salle de cinéma de la ville et propose des projections de films du vendredi au dimanche tels que l’Iranien, de Mehran Tamadon, Loin du Bal, d’Adrienne Bovet ou encore La Sapienza, d’Eugène Green.

Nous vous encourageons à visiter leur page et à soutenir les efforts de cette équipe chaleureuse, dédiée et accueillante pour continuer à faire vivre une salle de cinéma exceptionnelle.

Noté : 4.5 / 5

Bande-Annonce

Casting

Callum Turner
Caleb Landry Jones
Pat Shortt
David Thewlis
Tamsin Egerton
Brían F. O’Byrne
Richard E. Grant
Vanessa Kirby
Sinéad Cusack
David Hayman

Détails

Date de sortie en Suisse: Au cinéma
Réalisateur: John Boorman
Pays de production: Royaume-Uni
Durée du film: 115 minutes
Genre: Comédie / Drame

(Images droits réservés)

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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!