MJF15 | Portishead

from Bristol to Montreux

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Portishead au Montreux Jazz Festival / Tous droits réservés

Sublime. Pas de suspense, c’était sublime.

Pas la peine de polémiquer avec les journalistes adeptes de petites blagues entre les morceaux ou de surprises en tous genres… les membres de Portishead ne sont ni Gad Elmaleh, ni Steve Aoki, ils ne font pas des reprises pour épater la galerie, ils font leur musique, magnifiquement, depuis plus de 20 ans.

Bristol, le trip-hop, qu’on valide ou pas ce terme, ce n’est pas de la variété, c’est un chemin musical, un moment particulier. Un peu comme pour le post-rock, les concerts subliment ce genre, usent des basses, des visuels, de l’émotion… comment oublier Massive Attack dans les Arènes d’Avenches en 2004.

Pour le dire, Portishead est le groupe de mon adolescence, celui qui a bercé mes 90’s. La dernière fois que je les ai vus, c’était à la Salle Métropole de Lausanne le 5 février 1998, j’avais 17 ans, je fumais des joints, c’était beau. A 35 ans, la musique a changé pour moitié, l’extraordinaire album Third est passé par là en 2008, mais l’émotion est intacte.

 

Portishead au Montreux Jazz Festival / Tous droits réservés
Portishead au Montreux Jazz Festival / Tous droits réservés

Comment un groupe qui n’a que 3 albums, qui ne propose rien de plus qu’une frêle chanteuse, un peu de guitare, des claviers et une batterie toujours aussi bouleversante, peut-il à ce point emmener une salle entière, totalement ailleurs? Aucune idée. Mais il est clair que le public vendredi n’arrivait pas à attendre la fin des morceaux pour s’électrifier, il buvait le son et les images du quatuor de Bristol, le Strav entier complètement suspendu et qui n’ose plus respirer. Quelle tension. Quel beau moment aussi, lorsque Beth Gibbons descend dans la fosse, manifestement émue, pour venir saluer, embrasser, prendre les gens dans ses bras. Quelle bêtise de parler de « mécanique monstrueuse » comme l’ont fait certains médias romands, cherchant probablement une petite répartie, une petite vanne… mais bordel, c’est Portishead les mecs ! La musique qui parle aux tripes, à l’âme, au corps. Déjà, il y a 17 ans, je me souviens avoir été touché par cette bande d’Anglais qui semblaient si dépressifs, si introvertis et qui, en fin de concert, étaient venus sur scène avec leurs gosses, saluer la foule, visiblement touchés.

Le concert n’était d’ailleurs pas sans surprise. A la facilité de déballer le 1er album, usine à tube, le groupe aura préféré jouer une large part de Third, album clairement plus confidentiel. Des instants de grâce, bien entendu, l’intro avec Silence nous mit rapidement dans une ambiance, une danse, s’enchaînant avec Nylon Style. Tous les plus beaux titres du groupe se succèderont: Mysterons, Sour Times, Wandering Star, Glory Box… avant de nous quitter sur le toujours très beau Threads. Le rappel commence, Roads, la foule hurle, puis reste sans voix, évidemment. Tout se termine avec We carry On, titre électro phare du dernier album, angoissant, pur, intense…

Revenez, ne partez plus. A dans 17 ans, peut-être avant.

Live in Roseland NYC – 1998

 

Interview des membres du groupes à Montreux – 2015