Après une première saison d’une excellente qualité, Penny Dreadful grimpe encore d’un étage avec une seconde partie proche de la perfection. Penny Dreadful, c’est une sorte de puzzle difficilement déchiffrable. Les pièces se promènent dans une ville de Londres plus angoissante que jamais, aux teintes noirâtres et cafardeuses. Dans ce puzzle Victorien, la première pièce, et non des moindres, nous vient de Vanessa Ives (Eva Green). Enigmatique dans la première saison, Miss Ives dévoile une grande part de son existence et du mystère qu’elle cultive autour de sa personne dans cette seconde saison. Toujours sous l’emprise d’obscures forces démoniaques, Vanessa apprendra au contact d’une sorcière, qui deviendra sa gourou, à contenir et combattre les forces maléfiques dont elle est victime.
Si les premiers épisodes sont focalisés sur Miss Ives, le reste permettra d’explorer en profondeur l’ensemble des protagonistes. Outre Vanessa Ives, Penny Dreadful propose une palette bien fournie de visages fascinants. À commencer par Ethan Chandler – Josh Hartnett toujours aussi excellent -, dont le petit numéro de loup-garou à la fin de la première saison n’a échappé à personne, tente de porter protection à la chère Vanessa. Une ambiguïté entre ces deux personnages s’installera et prendra une toute autre dimension au fil que la série avance. Ainsi, Ethan relâche l’étreinte et fait la lumière sur sa véritable identité et par la même occasion, tente de contenir la bête féroce qui sommeille en lui. Personnage saisissant, Sir Chandler doit également faire face aux soupçons d’un agent du Scotland Yard. Surveillé continuellement, Ethan laisse deviner un malaise et affiche ses limites personnelles au spectral Sembene (Danny Sapani) notamment.
Plus le récit avance, plus l’histoire s’intensifie avec pour toile de fond…les ténèbres. Non loin de la garde rapprochée de Sir Malcolm Murray (Timothy Dalton), de sombres choses se trament dans l’agitation occasionnée par les révélations des personnages principaux. L’épisode 8, tout particulièrement, sonne le réveil des forces du mal, comme si les pièces se rassemblaient pour constituer l’entièreté de l’étrange puzzle « Penny Dreadfulien ». La funèbre poésie du show lève le voile sur plusieurs acteurs majeurs et transfigure un spectacle plus morbide que jamais. L’époustouflant Dorian Gray (Reeve Carney), au fil de ses conquêtes, nous déroute par sa capacité à apparaître charmant et mystérieux à la fois. Si bien que l’énigmatique Dorian Gray nous dévoile sa légende vers la fin de cette saison éblouissante.
Toujours dans le marasme de cet épisode 8, Lily Frankenstein (Billie Piper), l’une des nouvelles figures de proue du show, provoquera la colère de son géniteur, le Dr. Frankenstein (Harry Treadaway), lequel sera maltraité, traîné dans la boue par sa propre créature. Lily se révèle être une fine manipulatrice, dont la rencontre avec Dorian Gray réveillera les curieuses intentions de cette dernière.
Après la claque de ce huitième épisode, le neuvième démarre sur les chapeaux de roue. Toujours dans cette délicieuse dynamique mélancolique, cet avant-dernier acte nous propose un huis-clos entre Miss Ives et Mister Chandler. Entre indiscrétions et confidences, l’épisode 9 lève le voile sur deux âmes torturées qui devront faire face à leurs agissements d’antan. Une romance s’installe entre les deux protagonistes sans que les deux individus n’y succombent pleinement.
Blood Ball – blood rain
Pendant que Sir Malcolm – toujours élégamment campé par Timothy Dalton – fait face à ses douloureux souvenirs, le dixième épisode débarque comme une réponse à toutes nos questions. Encore une fois, la patte des showrunners nous enchantent en dépeignant les acteurs principaux comme des êtres détestables. Sans vraiment rentrer dans les détails, cet ultime épisode pousse chaque personnage dans leurs derniers retranchements. La tension grimpe (encore) d’un cran. Sans conteste, ce suprême tango horrifique est le final en apothéose qu’on attendait. Le dixième épisode nous ébahit par son intensité, nous pouvons même parler d’un autre niveau artistique. En témoigne, cette scène où Dorian Gray et Lily, désormais ensemble, épargnent le pauvre Dr. Frankenstein qui, sous les yeux de Dorian Gray, subit la suprématie de sa créature et d’un être…pas comme les autres. Le point final de cette séquence est délicieusement macabre…
Le funèbre puzzle rassemble ses pièces pour les redistribuer un peu partout. La demeure de Sir Malcolm se vide, laissant ses hôtes prendre différents chemins, sauf pour Miss Ives qui clôt cette somptueuse saison par cette phrase peu anodine: « Donc, nous marchons seuls », conclut-elle d’une voix suave.
Sincèrement, cette seconde saison de Penny Dreadful atteint des sommets. Son créateur John Logan réussit un véritable coup de maître, faisant mieux que la première saison déjà excellente. La photographie est exquise et la bande-son d’Abel Korzeniowski est magistrale. Penny Dreadful se dessine dans le sang et les ténèbres. C’est d’une extrême beauté, d’une noirceur inégalable. Bref, un chef d’oeuvre de la télévision!
Casting: Eva Green, Reeve Carney, Josh Hartnett, Timothy Dalton, Rory Kinnear, Billie Piper, Harry Treadaway, Danny Sapani, Simon Russell Beale, Helen McCrory, Sarah Greene, Johnny Beauchamp.
Genre: Drame, Horreur
Chaîne: Showtime
Création: John Logan
Nationalité: Américain