NIFFF 2014 Compétition Internationale: Blind

Blind est une expérience sensorielle à la narration déroutante qui laisse au spectateur un peu perdu de sublimes images en lot de consolation.

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Ellen Dorrit Petersen, "Blind", NIFFF 2014 Compétition Internationale

Ingrid (Ellen Dorrit Petersen) perd subitement la vue et décide de rester cloîtrée chez elle à l’abri du monde extérieur qui l’effraie tant, contrairement au confort que lui procure son domicile et la présence de son mari Morten (Henrik Rafaelsen) quand celui-ci ne part pas travailler. Terriblement seule, elle trompe l’ennui en s’adonnant à l’écriture et s’invente petit à petit un univers parallèle qui finira par l’éloigner de la réalité.

Lauréat du meilleur scénario au « Sundance film festival » et du prix Europa Cinemas Label (qui récompense le meilleur film européen dans une section découverte) au dernier « Festival Du Film de Berlin », « Blind » est un ovni à la narration déroutante digne de « Memento » écrit et réalisé par Eskil Vogt pour la première fois derrière la caméra.

Une véritable expérience sensorielle, narrée par la douce voix d’Ellen Dorrit Petersen qui nous décrit dans un premier temps, combien il est difficile de se repérer dans l’espace une fois atteint de cécité. Elle mémorise tout ce qu’elle peut grâce à ses quatre autres sens, ce sur quoi le réalisateur s’attarde longuement. Des gros plans sur ses mains qui palpent tous ces objets du quotidien qui deviennent progressivement de vagues souvenirs du passé. Une écoute prolongée de la radio pour ne pas s’écouter penser trop longtemps, puis lorsque cela devient désagréable, elle couche sur papier ce qui lui passe par la tête.

C’est en réalité là (sans jeux de mots aucun) que la narration devient chaotique pour n’importe quel spectateur lambda. Eskil Vogt manipule constamment avec sadisme cette notion du réel, suivre l’intrigue devient un exercice mental éprouvant lorsque Ingrid introduit tour à tour Elin (Vera Vitali) mère divorcée dont le fils, fille (on ne sait jamais vraiment) devient la seule raison de vivre. Les amis du couple familial n’ont jamais été les siens, uniquement ceux de son mari. Einar (Marius Kolbenstvedt) qui souffre d’une forme particulière d’addiction au porno, il en résulte que l’anatomie féminine n’a pour lui aucun secret. Ce qui  à dire vrai, ne lui est d’aucune utilité car elles se refusent toutes à lui dans la vraie vie. Enfin Morten, architecte, pour qui le soudain handicap de sa compagne met en péril la stabilité de son couple.

Les seconds rôles interagiront selon le bon vouloir d’Ingrid qui prendra un malin plaisir à les utiliser comme défouloir dans des situations à la mise en scène aussi ingénieuse que sublime.

Le mot de la fin

Résumer « Blind » n’est pas chose aisée, la narration nous prend systématiquement à contre-pied, ne laissant plus qu’au spectateur perdu la beauté des images de Thimios Bakatakis et la candeur glaciale d’Ellen Dorrit Petersen.

 

Blind

 

Pays : Norvège

Ecrit et réalisé par : Eskil Vogt

Durée : 96 min

Genre : Drame

Date de production : 2014

 

Acteurs et équipe technique

 

Ellen Dorrit Petersen

Henrik Rafaelsen

Vera Vitali

Marius Kolbenstvedt

 

Photographie : Thimios Bakatakis

Montage : Jens Christian Fodstad

Musique : Henk Hofstede

Direction artistique : Solfrid Kjetsa

 

autres avis

Hollywood Reporter

 

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Je termine mes études de master en droit à l'université Genève après avoir obtenu mon Bachelor à Lausanne. Passionné de jeux vidéos, ciné & séries depuis mon plus jeune âge, je suis aussi avec ferveur les matchs du football club d' Arsenal tout en tapant dans le ballon quand l'occasion se présente. J'aime tuer le temps dans les transports, soit le nez dans un bouquin, avec un chapitre du shonen weekly jump, ou tout simplement en traînant sur internet. Je me suis fait les dents en pondant des avis pour Italic Magazine et j'écris pour Le Billet depuis juin 2014.