Mr. Robot

"Our Democracy had been hacked"

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Mr. Robot
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Si Sam Esmail avait prévu dans un premier temps de faire du scénario de l’histoire de Elliot Alderson un long-métrage, les dix épisodes de la première saison de la série Mr. Robot sont plus qu’une réussite. Coproduite par l’excellente boîte Anonymous Content (The Game, Eternal Sunshine Of The Spotless Mind, Babel, True Detective, Spotlight), Mr. Robot est une série digne du grand écran. Elliot Alderson est un jeune ingénieur informatique dans une grande compagnie de cyber-sécurité à New-York. Personnage à la santé mentale fragile – souffrant de phobie sociale et de dépression clinique -, Elliot va mystérieusement se retrouver membre de la FSociety, une organisation cybercriminelle dont le but ultime est celui d’effacer toutes les dettes financières. Si vous avez aimé V for Vendetta et Fight Club, Mr. Robot ne vous décevra pas.

Tout y est minutieusement travaillé et plus que ça; réussi. Une excellente réalisation, une photographie angoissante et soignée, et une bande-originale composées des créations de Mac Quayle aux influences variées. Il faut l’avouer, Mr. Robot doit également son aboutissement à la performance de Rami Malek qui incarne à merveille l’angoisse maladive d’Elliot.

Mais le génie de la série réside dans les différents niveaux de réflexions et leurs imbrications dans la trame narrative. Mr. Robot s’immisce dans l’infinité de l’espace virtuel que représente internet et l’ampleur des données contenues tout en restant ancré dans l’espace étriqué de l’appartement d’Elliot et dans son enfermement psychologique. La narration joue avec brio avec différents espaces immatériels à la limite de l’imaginaire; celui de la toile et celui de l’esprit d’Elliot.

Un niveau de réflexion sur le hacking comme acte politique qui illustre intelligemment les différents enjeux qu’impliquent le contrôle du cyberespace. Au premier plan; la possession de données par une élite restreinte qui devient une arme de pouvoir et qui se transforme en venin démocratique. Et lorsque les données sont piratées par une minorité, le pouvoir semble être redistribué. Mais l’envers de la médaille apparaît rapidement; la divulgation d’informations implique une violation de l’espace privé. Elliot hacke les gens qui l’entourent pour les protéger et pour se protéger lui-même. Mais à quel prix ? On distingue en arrière fond, la dénonciation de l’entreprise et de la finance comme des terrains de manipulation et d’apathie sociale.

La deuxième trame de réflexion apparaît alors : l’individualisme. Toute la narration de la série se fait à travers la subjectivité du personnage d’Elliot semblablement à une psychanalyse de sa propre personnalité. Un personnage qui ne gère pas son rapport aux autres et au monde, qui invente à sa manière une façon de vivre une vie se situant sur la ligne subtile qui séparent imagination, virtualité et réalité.

La question reste celle du réalisme de la série. Mr. Robot est « le portrait le plus précis de la sécurité et de la culture du hacking qui n’aie jamais été mis à l’écran » a déclaré un membre du groupe Anonymous à l’International Business Times.

La première saison s’est terminée le 2 septembre, une semaine plus tard que la date initialement prévue; Une scène de l’épisode final comportait de fortes similitudes avec la fusillade de Roanake en Virginie survenue le jour de sortie prévu. La deuxième saison de Mr. Robot est prévue pour 2016 et nous l’attendons avec impatience.

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Diplômée en Etudes du développement international, je rejoins l'équipe du Billet en janvier 2015. Films engagés, indépendants, je suis à la recherche d'un cinéma qui perturbe le sens commun et heurte la banalité. Parallèlement, je travaille sur différentes recherches académiques sur le cinéma et la mémoire ainsi qu'au sein du bureau du festival Cully Jazz.