Montreux Jazz Festival | Le rap français piétine

Le Lab sous le signe du rap français.

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Vald at the 50th Montreux Jazz Festival, (c)2016 FFJM - Marc Ducrest

Un samedi 9 juillet voué aux phénomènes de la scène française du rap. Georgio, Vald et PNL, le poids lourd du moment, se sont succédés pour hisser haut les couleurs du drapeau tricolore.

À commencer par Georgio. Rappeur du 18ème arrondissement de Paris, cet artiste de 23 ans balance ses rimes mélancoliques à une génération qui semble se consumer à petit feu. Georgio se pose comme un gars qui réfléchit, qui parle avec son coeur, qui souhaite symboliser l’hymne qui encouragera le renouveau de la jeunesse. Fort d’une collaboration avec Fauve – sur le morceau Voyous -, il peut s’appuyer sur une excellente instru qui gomme une certaine interprétation mécanique sans doute liée à son manque d’expérience.

Georgio at the 50th Montreux Jazz Festival, (c)2016 FFJM - Marc Ducrest
Georgio at the 50th Montreux Jazz Festival, (c)2016 FFJM – Marc Ducrest

L’enchaînement est fluide, le partage avec le public est plutôt bon enfant. Georgio rappelle que son frère est une inspiration pour ses textes, qu’il lui a dédié un titre – Rêveur – pour l’encourager à réaliser ses rêves dans le football. Ce jeune Parisien n’innove pas, mais se révolte avec un répertoire qui parle de la vie, de ses tracas. Rien de bien transcendant…

la dynamique absurde de Vald

Vald, c’est l’effet « buzz ». Son nom circule à tout-va, vampirise la toile depuis l’engouement considérable autour de Bonjour, son morceau phare. Aussi âgé de 23 ans, « Sullyvan » intrigue , fascine ou irrite, c’est selon. C’est surtout fulgurant, provocant, les paroles sont faciles à intégrer, les rimes sont simples à entonner et sa présence scénique est bonne. Voilà le cocktail gagnant que Vald distille sur scène.

Vald pousse le curseur de la stupidité loin, très loin avec des titres comme Poisson ou Bonjour, mais force est de constater qu’il harangue la foule comme un forcené grâce à son dynamisme. Rien de bien extraordinaire mais on se surprend à hocher la tête tout en reprenant les paroles qui deviennent presque addictives. Même si la performance est loin d’être géniale, on se prend au jeu. Ce mec fait sauter les limites du politiquement correct avec son esprit tordu et ce second degré qui le caractérise. Du reste, la sauce (audacieuse) a pris au Lab.

L’incompréhension PNL

Révélation de la scène du rap français, PNL comptabilise 44 millions de vues sur Youtube rien qu’avec Le monde ou rien. Cette nouvelle vague du rap français soulève les foules, mais l’incompréhension règne. Plat et manquant cruellement de rythme, cette prestation était tout simplement désastreuse. On y voit deux individus qui préfèrent se prendre en photo ou se filmer pour saluer « la famille ».

Ode au narcissisme, la présence de PNL sur scène relève presque de l’amateurisme – comme leurs albums où l’auto-tune dégouline de toutes parts. Ce succès populaire reste une énigme tant les deux frères – Tarik et Nabil – ne semblaient pas concentrés sur la performance « live » en elle-même, mais plutôt à alimenter leur popularité envers leurs fans en subtilisant les portables d’un public acquis à leur cause.

Si certaines instrumentales sont excellentes, on peine à succomber à la mode PNL. Rien ne ressort, rien ne captive tant nous nous retrouvons devant le néant. Ovni musical, le mystère PNL se cultive grâce à un refus de donner des interviews. Nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’ils n’ont peut-être rien à dire.

Perçus comme un véritable phénomène de société, les deux frères semblent être ce genre de mode qui s’évaporera aussi rapidement qu’ils sont partis de la scène du Lab.