Folk made in America
Le mardi 4 juillet dernier, Hamilton Leithauser, Kevin Morby et le groupe Fleet Foxes nous conviaient à une soirée folk des plus excitantes dans la salle du Lab du Montreux Jazz Festival. Je découvris avec ces trois groupes américains que le folk pouvait prendre des formes diverses. Retour sur leurs prestations respectives.
La folk classique d’Hamilton Leithauser
Hamilton Leithauser ouvrait cette soirée pour le moins prometteuse. C’était le seul artiste dont le nom, sur le papier, ne me disait absolument rien. Néanmoins, lorsque le premier concert a débuté, la voix rocailleuse et la prestance scénique d’Hamilton Leithauser m’ont tout de suite paru familières. J’ai d’abord pensé au chanteur de Cold War Kids tout en sachant que ce n’était probablement pas lui. En rentrant du concert, je suis allée chercher quelques informations sur la mystérieuse identité d’Hamilton Leithauser. C’est là que j’ai appris qu’il était auparavant le chanteur de l’excellent groupe The Walkmen que j’écoutais beaucoup quand j’étais adolescente. Par la suite, j’ai arrêté de suivre le groupe. En 2013, The Walkmen annonçaient qu’ils étaient en pause. Hamilton Leithauser, ainsi que d’autres membres du groupe, se sont lancés dans des carrières solos. Les brumes de ma mémoire ont finalement disparu.
L’artiste américain, accompagné de son groupe, a fourni une prestation musicale charmante quoique parfois un peu lisse. J’ai été séduite par sa prestation et son investissement sur scène. Il était notamment très blagueur avec le public racontant notamment une anecdote sur la chanson « The Bride’s Dad » qu’il avait écrite après avoir été à un mariage où le père de la mariée, qui n’était pas invité, avait chanté une chanson pour ensuite gâcher le mariage de sa fille. Certaines chansons étaient très touchantes, notamment « A 1000 Times », « In a Black Out », tirées de son dernier album « I Had A Dream That You Were Mine ». Même si j’ai trouvé certains morceaux parfois un peu faibles comme « Sick as a Dog ». Le public pouvait être emporté par une chanson pour l’instant d’après être laissé sur le carreau. J’étais quelque peu déçue après avoir découvert que le chanteur avait sévi au sein du groupe The Walkmen. En effet, certaines chansons du groupe, que je n’avais plus écouté depuis au moins 8 ans, m’avaient laissé un souvenir impérissable notamment « We’ve been had » et « The Rat ». Un concert parfois touchant mais quelque peu classique.
Le folk rock de Kevin Morby
Le deuxième concert était celui de Kevin Morby, l’ancien leader du groupe génialissime The Babies au côté notamment de Cassie Ramone (qui était guitariste et chanteuse dans le groupe Vivian Girls) et également ancien bassiste du groupe Woods. Il a quitté les Woods en 2013 et le deuxième groupe a été mis en pause en 2014 pour se lancer dans une carrière solo. J’avais entendu beaucoup de bien sur cet artiste de la part de mes amis mélomanes. Kevin Morby présentait son quatrième album « City Music » salué par la critique. L’artiste est prolifique : quatre albums en 5 ans, ce qui fait presque un album par année. Selon la critique, ces albums sont tous d’une excellente facture.
Il a fait une ouverture magistrale du concert avec la chanson du même nom qui est un hommage à une ville qu’il aime, New-York. Le morceau commence par un long solo de guitare. Le concert, qui m’a introduit à l’œuvre musicale de Kevin Morby, est maîtrisé du début à la fin. Des chansons musclés sont joués comme « Cry Baby », « 1234 » tirées de son dernier album ou des chansons plus mélancoliques comme « The Parade » qui figure sur son deuxième album « Still Life ». Sur scène, Kevin Morby est accompagné de Megan Duffy alias Hand Habits à la guitare, de Cyrus Gengras à la basse, de Nick Kensey à la batterie et de sa guitare prénommée Dorothy. C’est aussi le titre d’une chanson de l’album « Singing Saw » jouée durant le concert. La performance du groupe oscille entre dureté rock et douceur folk. Le chanteur, plus réservé que son prédécesseur, formule quelques mots sur la beauté de Montreux et sa baignade dans le Lac Léman. J’étais très contente d’assister au concert, notamment parce que je suis une grande fan des Babies, groupe disparu trop tôt mais également à cause de sa qualité. Un concert mémorable qui aura médusé le public.
Fleet Foxes et sa folk symphonique
Fleet Foxes est un groupe que j’ai découvert vers la fin de mon adolescence en 2008. Leur premier album éponyme « Fleet Foxes » sorti la même année sur le label Sub Pop avait été adulé par la critique. Le groupe fut l’un de mes coups de coeur de l’année 2008. Par la suite, je n’ai plus bien suivi leur sorties d’album. Ils ont publié un deuxième album en 2011. Après une longue pause de 6 ans, leur dernier album « Crack-up » est sorti plus tôt cette année. Robin Pecknold, le chanteur de Fleet Foxes, en a profité pour commencer des études à l’Université de Colombia. Lorsque j’ai vu qu’ils étaient programmés au Montreux Jazz Festival, j’étais surprise mais aussi très contente. Je ne savais pas du tout qu’ils avaient sortis un nouvel album. C’était surtout pour les Fleet Foxes que je suis venue à cette soirée car ils étaient la tête d’affiche. Les musiciens étaient nombreux sur scène : il y avaient les cinq membres du groupe ainsi que d’autres artistes. Le groupe était venu distiller leur folk symphonique. Leur musique est caractérisée par une mélodie pastorale, la voix douce du chanteur ainsi qu’une pluralité d’instruments.
Durant le concert, le public visiblement enchanté par la prestation du groupe, a commencé à chanter les paroles de « Ragged Wood », une des chansons-phares du premier album. Les animaux de la nature ont même été conviés au concert. En effet, le moment le plus comique et le plus touchant de la soirée était probablement les bruits d’animaux (dauphins, chats, chiens et même oiseaux) réalisés par des membres du public ce qui a fait rire les personnes présentes. Un peu comme si on écoutait un concert de Fleet Foxes en pleine forêt, près de l’océan. Ce fut après la chanson « Battery Kinzie » tirée du second album du groupe « Helpless Blues ». S’en est suivi la célèbre chanson «White Winter Hymnal ». D’autres chansons du premier album ont été joués notamment « He Doesn’t Know Why ». Ce fut également l’occasion de découvrir leurs nouveaux morceaux. Le chanteur et leader du groupe, Robin Pecknold, délesté de sa barbe de trois jours, était à la fois très à l’aise avec le public, drôle et ouvert demandant notamment ce qu’on pouvait lui conseiller de faire le lendemain du concert. Certains ont répondus, en anglais, de se baigner dans le Lac Léman tandis qu’une femme, visiblement une groupie, lui a proposé de danser avec elle. Les renards étaient très généreux puisque leur concert a duré une heure vingt avec le rappel durant lequel ils ont joué la très belle chanson « Oliver James » sur demande d’une personne du public. Un concert immanquable qui m’a beaucoup enchanté.