Locarno 2016 | Donald Cried

Basé sur son court-métrage du même nom projeté en 2013, qui fut récompensé au Independent Film Festival de Boston cette année là, « Donald Cried » est le premier long-métrage de l’acteur, scénariste et désormais réalisateur Kris Avedisian.

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Donald Cried, par Kris Avedisian
Kris Avedisian, dans le rôle de Donald, et Jesse Wakeman, dans le rôle de Peter. Image © Locarno Film Festival.

English translation below.

Le long-métrage Donald Cried fut présenté en première mondiale au SXSW de cette année. Tourné en 2015, le film est un subtil mélange entre histoires personnelles de l’équipe de production ainsi que l’expérience, édifiante et universelle, que furent les années de lycée/gymnase. En effet, Donald Cried est une sorte de travail de mémoire; une catharsis, voire une thérapie pour exorciser les démons créés par qui nous étions à 16 ans.

Peter LaTang (Jesse Wakeman) est un banquier à succès de New York. Originaire d’une petite bourgade de Rhode Island, Peter n’y est pas retourné depuis une quinzaine d’années est s’est détaché complètement de cette vie passée. Pourtant, lorsque sa grand-mère décède, Peter est forcé de revenir pour s’occuper des dernières formalités. Sur place, Peter remarque qu’il a perdu son porte-monnaie et que la seule personne vers laquelle il peut se tourner est Donald Treebeck (Kris Avedisian), son voisin et ancien camarade de classe. A l’inverse de Peter, Donald n’a pas changé d’un iota et vit dans le passé, un passé que Peter sera forcé de se remémorer de gré ou de force.

Criant par son authenticité ainsi que par son charme rustique et simple, Donald Cried est l’excellente surprise dans la catégorie des Cineasti del Presente. Tant par le fond que la forme, le film est un remarquable exercice de narration pour un film au budget virtuellement inexistant. En effet, le réalisateur Kris Avedisian y tient le rôle éponyme en plus d’être scénariste, tandis que Jesse Wakeman, qui joue Peter, est aussi coscénariste. Dans ce sens, c’est presque un buddy film grandeur nature!

Les acteurs jouent leurs rôles à la perfection dans cet environnement glacial de Rhode Island, avec surtout Kris Avedisian qui a la tête de l’emploi. Au niveau de l’action, un élément que l’on ne voit pas à l’écran déclenche toute la machine. En effet, Peter perd son portefeuille avant le début du film et c’est ce qui le forcera à se tourner vers Donald et à contempler l’évolution de sa vie. Au fur et à mesure que l’on passera du temps avec eux, on apprendra énormément sur leurs passés et leurs personnalités, ainsi que la façon dont leur histoire a forgé leurs caractères d’aujourd’hui. L’éternel débat entre l’inné et l’acquis. Donald Cried contient énormément de non-dit, mais c’est une des forces majeures du film; on se demande par exemple si les actions de Peter sont sincères au final, si il éprouve des remords pour son comportement d’adolescent, ou à quel point Donald est le produit de son environnement.

J’ai écrit en introduction que le film touche à une dimension universelle, car tout le monde reconnaitra, parmi ses années à l’école, son « Pete » local. De par notre propre vécu, nous, spectateurs, projetterons notre expérience pour remplir les non-dits de Donald Cried. En l’occurrence, ce n’est pas une faiblesse des scénaristes que de ne pas développer les personnages à outrance; nous l’avons déjà tous fait à leur place, et c’est une expérience fusionnelle.

Le récit d’un véritable syndrome de Stockholm ainsi qu’une puissante dissertation sur l’étiquette sociale, Donald Cried est autant hilarant que triste lorsque l’on comprend que rien (ou peu) ne changera dans la vie de Donald. Le titre du film (« Donald a pleuré ») vient d’ailleurs d’un épisode peu honorable dans la jeunesse de nos deux protagonistes, à un moment du film où il n’y a plus de doute sur leur vécu commun.

Donald Cried s’est aussi imposé une limite temporelle de 24h dans la vie des personnages, en plus de son unique lieu d’action (le village de Warwick) et son unique intrigue (Peter doit regagner New York). Dans l’amas de cinéma moderne de plus en plus expressif et ambitieux, il est agréable de retrouver une œuvre se tenant aux règles des trois unités, n’épuisant pas inutilement son public. Si cela fonctionne depuis l’époque d’Aristote, c’est qu’il y a bien une raison!

Donald Cried est une pièce de haute volée, tant Kris Avedisian réussit non seulement à nous transmettre des émotions (l’embarras principalement), mais aussi à nous mener par plusieurs fois dans des directions inattendues. Minimaliste, avec peu de musique, le film remplit pleinement sa mission et nous plonge dans la vie de deux personnes fictives, mais qui résonnent en chacune et chacun d’entre nous.

English

The feature film Donald Cried premiered at this year’s SXSW festival. Shot in 2015, the movie is a subtle blend of the crew’s personal experiences and the experience, both edifying and universal, of one’s high school years. Indeed, Donald Cried, is in some ways a work of remembrance; a catharsis, maybe even a therapy aimed to exorcise the demons created by the person we were at 16 years of age.

Peter LaTang (Jesse Wakeman) is a successful New York banker. A native of a small Rhode Island town, Peter hasn’t set foot there for close to fifteen years and has completely removed himself from his past life. However, with the passing of his grandmother, Peter is forced to return in order to take care of the administrative process. Once arrived, Peter notices that he had lost his wallet on the journey and that the only person to whom he can turn for help is Donald Treebeck (Kris Avedisian), his neighbor and former schoolmate. Unlike Peter, Donald hasn’t changed a bit and still lives in the past, a past which Peter will be forced to remember either willingly or otherwise.

Remarkable by its authenticity as well as by its raw and easygoing charm, Donald Cried is a marvelous surprise from the Cineasti del Presente category. Through both its style and content, the film is a fascinating narrative exercise for a production with such limited financial resources. Indeed, the director Kris Avedisian plays the leading role as well as being one of the screenwriters, while Jesse Wakeman, who plays Peter, also worked on the script. As such, the making of this feature may be considered a real-life buddy film!

The actors embrace their roles to perfection in this glacial Rhode Island environment, with Kris Avedisian worthy of special praise for his portrayal of Donald, seamlessly looking the part. Plot-wise, a single event that happened off-screen sets in motion all the chain reaction in the film. Before the film starts, Peter loses his wallet and that forces him to turn to Donald, which in turn will force him to reflect upon the evolution of his life. As we spend more time with the characters, we uncover many pieces of information regarding their pasts and their personalities, as well as some ways in which their story has molded their present-day traits. The eternal debate of nature vs. nurture. Donald Cried leaves a great deal of things unspoken, but that is one of the film’s major strengths; the audience wonders whether Peter’s actions are heartfelt, if he is remorseful regarding his behavior in his adolescent years, or to which extent Donald is a pure product of the people who were around him.

I wrote in introduction that the movie relies on a universal experience, as everyone will recognize, from their years at school, their own version of « Pete ». From our own lives, we as an audience project our own pasts and memories to fill the unspoken blanks of Donald Cried. In this case, it is not a lapse from the screenwriters to not thoroughly develop their characters; we have already done it in their stead, and it makes for a bonding experience.

The story of an authentic Stockholm Syndrome as well as powerful essai on social etiquette, Donald Cried is equally hilarious and sad once we understand that little (if nothing) will change in Donald’s life. The title itself comes from a low point in our two protagonists’ youth, at a point in the film where there is little doubt left regarding their shared history.

Donald Cried also holds itself to a temporal limit of 24 hours in the lives of its characters, in addition to its single setting (the village of Warwick) and single plot (Peter need to return to New York). In today’s abundance of increasingly expressive and ambitious modern cinema, it is a welcome relief to discover a movie that holds to the rule of three unities and doesn’t needlessly exhaust its audience. There is a reason for it being a winning formula since the times of Aristotle!

Donald Cried is an elite piece of filmmaking, highlighted not only by the mastery of Kris Avedisian in conveying emotions (specifically embarrassment) but also in leading us effortlessly towards unexpected scenes and developments. Minimalistic, with little music in the background, the movie fully fulfills its mission and immerses us into the lives of two fictitious people, but whom we all already know.

Noté : 4.5 / 5

Bande-Annonce (Teaser)

Casting

Jesse Wakeman
Kristopher Avesidian
Louisa Krause
Robby Morse Levy
Kate Fitzgerald
Ted Arcidi
William Billington, Sr.
Patrick Languzzi

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Kris Avedisian
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 85 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!