Locarno 2016 | La Prunelle de mes yeux

Après ses deux premiers long-métrages que furent « La famille Wolberg » et « Tirez la langue, Mademoiselle », plutôt dans le genre de du drame romantique, la réalisatrice française Axelle Ropert présente une comédie romantique savoureusement mise en scène.

0
2690
La Prunelle de mes yeux, par Axelle Ropert
Mélanie Bernier, dans le rôle d'Elise, et Bastien Bouillon, dans le rôle de Theo. Image © Festival del film Locarno. Droits réservés.

En concours pour le Léopard d’Or, La Prunelle de mes yeux revisite le dicton que l’amour est aveugle en tentant d’en apporter la preuve. Dans une dynamique sensorielle tant familiale que romantique, le film se profile comme un travail classique avant de surprendre et décevoir de façon égale.

Theo (Bastien Bouillon) et Leandro (Antonin Fresson) sont deux frères d’origine grecque vivant ensemble dans un appartement à Paris. Chômeurs, ils perfectionnent dans leur temps libre leurs morceaux de rebetiko, cette musique traditionnelle grecque, avec Theo jouant du bouzouki et Leandro le tambour. Ayant récemment emménagés, ils font la connaissance d’Elise (Mélanie Bernier) et Marina (Chloé Astor), deux sœurs résidant à l’étage supérieur. La première rencontre entre Elise, aveugle, et Theo se passe très mal et leurs interactions suivantes, fréquentes de par leur proximité, ne font qu’envenimer leur relation. Un jour, par mépris, Theo se fait passer pour un aveugle, et c’est ainsi que commence une longue supercherie aux conséquences inattendues.

Trainant une aura de Un Peu, Beaucoup, Aveuglément par cette relation qui se développe sans se voir, surtout puisque Mélanie Bernier y joue aussi, La Prunelle de mes yeux est un film que je décrirai comme « chou ». Suivant un développement initial assez intéressant, on vire de façon prévisible dans la romance classique ainsi qu’un dénouement quasiment « par défaut ».

L’humour est omniprésent dans le film, et c’est un humour inhérent aux situations créées et aux dialogues. Outre le conseiller du Pôle Emploi des deux frères, dont la seule existence semble être pour faire rire, La Prunelle de mes yeux met en scène une dynamique sociale très intéressante. Au centre de l’action se trouve le couple de frères et sœurs. Axelle Ropert accorde suffisamment d’importance tant aux relations entre Elise et Marina que Theo et Leandro avant de se lancer dans les interactions entre ces quatre personnages. Ce travail de préparation nous montre le mode de pensée de chacun et crée une dimension bienvenue au tableau.

La grande différence entre La Prunelle de mes yeux et tout autre film du genre est le comportement totalement immoral de Theo. Ce qui devait être un affront mesquin en vulgarisant l’handicap d’Elise se transforme progressivement en identité assumée. D’une certaine façon, Theo se perd dans son rôle d’aveugle et y découvre de l’empathie ainsi qu’une connexion inattendue avec Elise. Leur amour pour la musique les rapproche, mais les différences personnelles les séparent constamment. Les failles des personnages, trop peu développées, créent un vide entre le spectateur et le film et contribue à la perte de dynamisme après la moitié du film, en dépit du très bon travail effectué jusqu’à là. La question implicite qui se pose, à savoir peut-on faire du mal à quelqu’un par amour, n’est que trop peu effleurée.

S’en suivent alors des dénouements nonchalants entre Theo et Nikolaï, l’ami d’enfance d’Elise, lui aussi aveugle et éperdument amoureux d’elle, entre Theo et un musicien aveugle, connaissance d’Elise, mais aussi entre Leandro et Marina, qui sont eux aussi forcés d’être en présence l’un de l’autre, et évidemment Theo et Elise.

La Prunelle de mes yeux montre avec enthousiasme ce qu’on pourrait faire quand on veut défendre quelque chose de précieux. Le film propose aussi deux scènes de haute volée, à savoir celle dans le parc avec l’adolescent au cœur brisé et celle où Elise décide de traverser la route, mais au final ne réussit pas vraiment à nous faire voir quelque chose de bien différent.

Noté : 3.5 / 5

Bande-Annonce

Indisponible

Casting

Mélanie Bernier
Bastien Bouillon
Antonin Fresson
Chloé Astor
Swann Arlaud
Laurent Mothe
Thierry Gibault
Camille Cayol
Serge Bozon
Jean-Charles Clichet
Grégoire Montana

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Axelle Ropert
Pays de production: France
Durée du film: 90 minutes
Genre: Comédie / Romantique

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
SHARE
Previous articleLocarno 2016 | Donald Cried
Next articleLocarno 2016 | Wet Woman in the Wind
J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!