Soko possède cette particularité de briller comme actrice, mais aussi en tant que chanteuse. Une aubaine pour Le Billet comme nous sommes actifs dans le domaine du cinéma mais aussi dans celui de la musique. D’une pierre deux coups !
À l’affiche de deux films présentés à Cannes – Voir du Pays et La Danseuse -, Soko est une femme énergique, au regard franc et sombre. Très campée sur ses positions, la Bordelaise fait étalage d’un fort caractère et explique, avec poigne, ses deux rôles, ses projets musicaux et ses goûts musicaux du moment. Une véritable artiste au tempérament bien trempé.
Propos recueillis et transcrits par Sven Papaux
Comment définissez-vous votre rôle dans Voir du Pays ?
Soko – C’est le point de vue et le sentiment d’une femme qui évolue dans un monde masculin. C’est un film qui est en contradiction avec mon caractère. Avec Marine (ndlr : son personnage), je devais être une femme qui ne montrait pas ses émotions, je devais être forte. Dans cet environnement, Marine ne devait en aucun cas se montrer vulnérable, elle devait être forte, avec une rage exacerbée pour aller de l’avant et ne pas se faire marcher dessus. Tout simplement se montrer à la hauteur des hommes, voire plus forte à cause de son statut de femme dans un milieu masculin. Maintenant, le contexte auquel s’intéresse Voir du Pays est plus captivant de par sa portée politique. Avec ce sas de décompression réparti sur trois jours, l’armée espère faire « oublier » la guerre à des soldats qui en ont bavé durant six mois sur le champ de bataille. Passer ainsi de la guerre à la plage et cet hôtel cinq étoiles, n’est peut-être pas la meilleure idée pour des soldats marqués par les atrocités vécues. Trois jours pour laisser derrière cette charge émotionnelle et repartir vivre une vie normale comme si de rien n’était, le traumatisme est trop grand.
Ne trouvez-vous pas que vos rôles dans Voir du Pays et celui de La Danseuse sont semblables ? Dans l’approche du personnage et les codes employés ?
Soko – Non, pas du tout ! C’est complètement différent, c’est totalement à l’opposé. Dans La Danseuse, mon personnage est une artiste et vulnérable émotionnellement, tandis que dans Voir du Pays, mon personnage est très « militaire », endoctriné pour défendre son pays et penser à son pays. Elle ne sera jamais une personne libre, le contraire de Loïe Fuller (ndlr : son personnage dans La Danseuse). Marine se fait dicter sa propre vie. Loïe, elle, est une véritable artiste qui possède une véritable liberté humaine et artistique. C’est une femme libre, magique et belle. Dans Voir du Pays, tout est sombre et dommage.
« Mon personnage est très « militaire », endoctriné pour défendre son pays et penser à son pays.»
Entre votre rôle dans La Danseuse et celui de Voir du Pays, vous parcourez les époques et les styles de vie. Y a-t-il un changement à avoir dans la manière d’aborder les rôles ?
Soko – Absolument. Vous devez changer la manière dont vous parlez, dont vous marchez, ou tout simplement, la manière dont vous vous tenez. Dans La Danseuse, les costumes étaient lourds et me faisaient mal partout.
Est-ce que la musique vous aide quand vous jouez un rôle au cinéma ?
Soko – Je ne pense pas du tout. La musique est plus une affaire personnelle. La musique m’est indispensable, Je dois en faire pour mon bien-être, pour m’exprimer en tant qu’artiste. Mais dans le cinéma, faire partie d’une histoire, laisser sa vie de côté pour interpréter et prendre part à une « nouvelle vie », apprendre des choses sur une personne et découvrir une nouvelle expérience dans ma vie. Toutes ces choses sont des aspects que je ne peux pas trouver dans la musique.
« La musique m’est indispensable, Je dois en faire pour mon bien-être, pour m’exprimer en tant qu’artiste. »
Parlons musique, avez-vous des projets prochainement ?
Soko – Oui, je travaille sur mon troisième album.
Et qu’écoutez-vous en ce moment comme musique ?
Soko – En ce moment, j’écoute le nouvel album de Deerhunter (ndlr : Fading Frontier) et le nouvel album de Kurt Vile (ndlr : B’lieve I’m Goin Down).