In the Heart of the Sea (Au cœur de l’océan)

Le réalisateur oscarisé Ron Howard revient avec Chris Hemsworth après leur collaboration sur "Rush" pour s'attaquer à la puissance de la nature.

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Image © 2015 Warner Bros. Ent. Droits réservés.

Avant de parler du film un soi, j’aimerais ancrer In The Heart of the Sea dans son contexte historique. Le 12 août 1819, le baleinier Essex part de l’île de Nantucket, située sur la côte est des Etats-Unis dans l’état du Massachusetts. Le 20 novembre 1820, en plein milieu de l’océan Pacifique à plus de 4’000 kilomètres des côtes d’Amérique du Sud, l’Essex est coulé par un cachalot et son équipage est dispersé sur quatre esquifs avec des rations quasi-inexistantes. De cet événement, deux personnages ont rédigé des livres. Premièrement, Herman Melville a publié en 1851 le roman épique Moby Dick, une histoire inspirée de l’histoire de l’Essex dans laquelle un cachalot albinos géant a coulé un baleinier. Cette histoire utilise des noms et des personnages fictifs, mais reste un des best-sellers mondiaux. Le second livre, une œuvre de non-fiction intitulée In the Heart of the Sea: The Tragedy of the Whaleship Essex, fut publié en 2000 par Nathaniel Philbrick et remporta le National Book Award (les Oscars de la littérature américaine). Cette œuvre retrace les dires de Thomas Nickerson, le plus jeune membre d’équipage de l’Essex, et d’Owen Chase, le second capitaine, pour offrir une histoire complète du fatidique navire.

In the Heart of the Sea, le film, est un mélange de ces deux livres; une histoire dans laquelle l’Essex rencontre Moby Dick et les deux narratives se confondent.

Sauf que malheureusement, le mélange ne prend pas et le spectateur se retrouve autant à la dérive que ses malheureux protagonistes, sans véritable point d’accroche auquel on pouvait s’amarrer.

Le casting de haute volée est gâché tant le spectacle se déroule à une échelle de la taille de navires et de baleines. Parmi les nombreux plans en hauteur, et hormis les séquences nominalement poignantes entre Ben Whishaw et Brendan Gleeson, les acteurs n’ont que très rarement le temps de s’exprimer. Benjamin Walker est solide dans son rôle de capitaine mal à l’aise, Cillian Murphy profite d’une seule scène pour démontrer son talent, et Chris Hemsworth, avec ses airs de Russel Crowe dans Master and Commander, n’arrive jamais à maîtriser l’accent du Massachusetts comme il l’avait fait pour son accent britannique dans Rush. Mention spéciale pour la transformation physique ahurissante qu’il a subi pour le tournage du film. On ne peut pas dire qu’il n’est pas dédié corps et âme à son rôle. Pour finir avec les acteurs, chaque fois que je vois Michelle Fairley à l’écran j’ai envie de la gifler, mais bon, c’est de la faute de Catelyn Stark et Game of Thrones ça.

Chris Hemsworth pour son rôle d'Owen Chase
Chris Hemsworth pour son rôle d’Owen Chase

Rapidement, on voit les choses essentielles: Un navire, c’est une hiérarchie, il y a différentes formes et variations de leadership, le voyage est handicapé par des problèmes depuis le début de son voyage et certaines thématiques dominent (héritage vs. méritocratie, destruction de l’environnement pour de l’énergie avec messages contemporains subtilement glissés). Sans même avoir lu une seule ligne de Moby Dick, on peut très rapidement prédire la majorité de ce qui va se passer. Et aucune dose de scènes impressionnantes de baleines en train de détruire un navire ne nous laissera bouche bée durant les deux heures du film. Ce qui se passe après cette rencontre fatidique avec Moby Dick est d’ailleurs aussi monotone que l’océan dans lequel les rescapés se trouvent. Esthétiquement, visuellement et musicalement plaisant, ce n’est pas ça qui fera selon moi la valeur d’un film. La 3D fait aussi son effet.

In the Heart of the Sea fera indéniablement jaser la PETA et/ou le WWF par les scènes où Hemsworth harponne un cachalot ou deux, mais il m’irrite particulièrement car il passe (presque) totalement à côté du message principal tant du roman que du but de l’Essex: l’obsession.

Dans la langue anglaise, le terme « white whale » (baleine blanche) est utilisé pour identifier l’obsession folle et malsaine d’une personne envers un objectif inatteignable. L’équipage de l’Essex était obsédé par l’idée de trouver assez de baleines à massacrer pour leur huile. Le capitaine Achab dans Moby Dick était obsédé par son cachalot albinos. Le film effleure ce concept durant les dernières vingt minutes et le personnifie de plus dans le mauvais protagoniste.

Selon les dires du réalisateur Ron Howard, le film raconte la naissance du mythe Moby Dick. Il aurait pu au moins raconter ce qu’il signifie.

Noté : 2.5 / 5

Bande-Annonce

Casting

Chris Hemsworth
Benjamin Walker
Cillian Murphy
Brendan Gleeson
Ben Whishaw
Michelle Fairley
Tom Holland
Paul Anderson
Frank Dillane
Joseph Mawle
Edward Ashley

Détails

Date de sortie en Suisse Romande: 09.12.2015
Réalisateur: Ron Howard
Pays de production: Etats-Unis
Durée du film: 122 minutes
Genre: Thriller / Aventure

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!