Horizontes

La réalisatrice genevoise Eileen Hofer a saisi les mouvements et la détermination de trois danseuses classiques au Ballet national de Cuba. Un documentaire sincère qui capture, sans prétention, la grâce de trois femmes dont l’existence gravite autour de la danse.

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Horizontes

Horizontes réunit la trajectoire de trois femmes dédiant corps et âmes à l’art de la danse classique au sein du Ballet national de Cuba. La jeune Amanda sacrifie tout son temps à la danse en suivant les traces de son modèle Alicia Alonso. Ses parents, eux, dans une situation financière difficile sacrifient ce qu’ils peuvent pour permette à Amanda de déployer son talent. Viengsay Valdés a intégré le Ballet national à l’âge de 17 ans ; repérée par Alicia, Viengsay devient première danseuse un an après. Toujours danseuse au Ballet national de Cuba elle est régulièrement invitée à danser partout dans le monde. Finalement, la danseuse renommée Alicia Alonso, fondatrice du Ballet national de Cuba dont la perte de vue n’a pas empêché d’accomplir une œuvre gigantesque.

Mais Horizontes n’est pas un film sur la danse, ni sur la biographie de Alicia Alonso bien que de nombreux éléments de sa vie soient mentionnés à travers des images d’archive. Eileen Hofer ouvre par son documentaire une multitude de chemins de réflexion à travers ces trois générations de danseuses. Des scènes de mouvements et de grâce évoquent des relations au corps et au vieillissement particulières mais aussi un certain dépassement des limites physiques par passion. Des scènes de danse mais également d’intimité partagé avec les danseuses exprimant solitude, doutes mais surtout détermination.

Horizontes

Horizontes explore la détermination et le sacrifice qui se trouvent souvent à la limite de toute rationalité. Des sacrifices certes, mais également un épanouissement à travers l’expression de soi hors des circuits conventionnels. L’aura attribuée à Alicia Alonso dans le monde culturel à Cuba et partout ailleurs soulève la thématique de la sacralisation de l’art – dans ce cas la danse – et de l’admiration, presque religieuse, portée à certains artistes. Une relation entre trois existences qui illustrent la transmission intergénérationnelle et la préservation d’un patrimoine essentiel à l’écriture de la mémoire collective. Autant de dimensions que Eileen Hofer, étrangère au monde de la danse, a saisi avec subtilité et intelligence.

De magnifiques images qui capturent la subtilité des mouvements mais également différents espaces; les salles de danse de l’école et l’immensité des rues de Cuba. L’utilisation des images d’archive crée un lien particulier entre présent et passé, entre anciennes et prochaines générations. Une belle bande originale signée par le groupe suisse Heidi Happy avec la récurrence du morceau « With my Heart ».

Sans prétention aucune, Eileen Hofer a saisi la beauté et son ambiguïté en laissant derrière son documentaire une question ouverte : pourquoi danser ? Autant de réponses que de chemins de réflexions s’ouvrent au spectateur; ici se trouve probablement la beauté de Horizontes.

Horizontes sera projeté dès le samedi 3 octobre au  Cinéma City Club de Pully et au Cinéma BIO à Genève tous les jours à 18h30.

Fiche technique:
Réalisé par : Eileen Hofer
Image: Grégory Bindschedler
Durée: 1h10
Genre: Documentaire
Production: Intermezzo Films

Bande annonce:

REVIEW OVERVIEW
Note:
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Diplômée en Etudes du développement international, je rejoins l'équipe du Billet en janvier 2015. Films engagés, indépendants, je suis à la recherche d'un cinéma qui perturbe le sens commun et heurte la banalité. Parallèlement, je travaille sur différentes recherches académiques sur le cinéma et la mémoire ainsi qu'au sein du bureau du festival Cully Jazz.