Paul Cézanne (Guillaume Gallienne) et Emile Zola (Guillaume Canet) sont des artistes, et des amis avant tout. Mais de cette relation en découle une véritable confrontation. Fascination, amour, gloire, femmes, révoltes, culture. Nombreux sont les qualificatifs qui résument un lien fraternel qui n’a pas son pareil, aussi toxique qu’admirable.
Cet amour, cette affection que Zola et Cézanne se portent, débute dans une bagarre. Une vulgaire bagarre d’écoliers qui définit la relation qu’ils entretiennent. Tout est combat moral, psychologique entre l’écrivain et le peintre. Rien n’est laissé au hasard, la moindre parole claque, blesse. Zola est plus discret, plus réfléchi. Cézanne, lui, est révolté, furieux contre sa peinture qu’il juge fade. Le génie ou la folie, Cézanne le symbolise à merveille. Un homme qui ne se maitrise pas, qui parviendra même à faire fuir son seul et unique ami : Emile Zola.
De Aix-en-Provence à Paris
La chaleur et les chaudes couleurs d’Aix-en-Provence sont le terrain de jeu des deux compères. Mais l’appel de Paris, le berceau de l’art, est irrémédiable. Emile Zola est le premier à se lancer dans le bain, déterminé à se faire un nom dans le monde littéraire. Les chemins de Zola et de Cézanne se séparent, et le succès n’est pas au rendez-vous pour les deux artistes. Avec la carrière qu’on connait à Zola, son ami peintre, une fois arrivé à Paris, s’empêtre dans un tempérament excessif, véritable enragé du mouvement impressionniste. Il se considère comme refusé par ses pairs.
Toujours à juger, Cézanne est un homme aigri, un être profondément colérique qui ne cesse de dénigrer son éternel ami écrivain. Un jour à le complimenter, un autre à le démolir, le natif d’Aix-en-Provence est critique envers la société bourgeoise – il ne manque pas une occasion de le rappeler à son ami d’enfance -, envers le monde de l’art et surtout envers lui. Cette rage enfouie le cloisonne dans un état de haine qui empiète sur ses peintures. À force de fracasser ses tableaux, Cézanne ne peint rien, il sombre dans le doute.
Mise en scène classique et duo d’acteurs électrique
Si Danièle Thompson se fait l’auteure d’une mise en scène plutôt scolaire et classique, elle a le mérite de sublimer ses deux acteurs principaux. L’émotion est vive et les dialogues impétueux, Cézanne et moi est un conflit humain, politique, amoureux et social. Deux hommes qui ne font l’unanimité – surtout Cézanne -, des personnages en avance sur leur temps. En somme, des précurseurs.
Pour les camper, Guillaume Canet et Guillaume Gallienne sont en pleine adéquation. Si Canet est plus réservé dans sa partition, Gallienne propose un Paul Cézanne dérangé, qui joue sur sa controverse pour alimenter sa légende – et sur un accent douteux. Une parfaite alchimie qui livrera des scènes d’une intensité folle, où les deux hommes se feront face dans un climat digne d’un match de boxe. Grâce au tandem des deux « Guillaume », Cézanne et moi prend une autre dimension. Conjuguée à la patte de Thompson, cette fresque historique se dessine dans la douleur et la jalousie.
Cézanne et moi | Bande-annonce
Fiche technique :
Réalisé par : Danièle Thompson
Date de sortie : 21 septembre 2016
Durée : 1h56min
Genre : Drame, Biopic
Pays : France
Scénario : Danièle Thompson
Photographie : Jean-Marie Dreujou
Musique : Eric Neveux
Distributeur suisse : Pathé SA
Casting :
Guillaume Canet
Guillaume Gallienne
Alice Pol
Déborah François
Sabine Azéma
Gerard Meylan
Laurent Stocker
Isabelle Candelier