Cannes 2016 | Mal de pierres

L'amour rend aveugle...

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Mal de pierres - Image droits réservés - © Allociné

La passion est le maître mot de Mal de pierres, un drame qui s’inscrit dans la lignée du cinéma d’auteur français. Avec Marion Cotillard dans la peau de Gabrielle, une femme qu’on pense folle, Nicole Garcia expose l’existence « emmurée » de cette femme habitée par une passion absolue, à une époque où les femmes sont destinées à se marier.

Dans une impasse, les parents de Gabrielle décide de la marier à José (Alex Brendemühl), un ouvrier qui doit la remettre sur le droit chemin. Un mariage qui ne convient pas à Gabrielle, livrée comme un sac de viande à un homme qui ne la désire pas également. Alors qu’elle est atteinte de calculs rénaux, elle est envoyée en cure en Suisse. C’est alors qu’elle rencontre André Sauvage (Louis Garrel), un lieutenant blessé durant la guerre d’Indochine. Cette rencontre aura pour conséquence de réveiller les passions enfouies de Gabrielle. Déterminée à fuir avec le lieutenant, la jeune femme se dit enfin qu’elle peut profiter de « la chose principale », comme elle la nomme. Mais les choses ne se passeront comme prévus.

Transformée en coquille vide

Gabrielle, cette fille qui a grandi dans une bourgeoisie campagnarde, s’efface à mesure que sa passion s’estompe. Véritable volcan, puit d’amour, cette campagnarde est considérée comme folle de par son côté très excessif. Epiée et rejetée, elle erre tel un fantôme, une âme sans vie. Le coup de grâce interviendra le jour où elle se retrouve forcée à marier un homme dont elle ne connait rien. Une terrible étape qui ne fera qu’empirer son état.

Son salut sera cette escapade en Suisse. « C’est triste ici », s’exclame-t-elle timidement. Son état de tristesse avancé sera de courte durée. Malgré un mari, José, qui ne bronche pas malgré la méchanceté de sa conjointe, le coeur de Gabrielle sera pris en otage par André Sauvage.

La carapace tombe et Gabrielle s’éprend d’une passion, de cette fameuse « chose principale », pour le soldat blessé. Baigné par des airs de Tchaïkovski, l’idylle devient forte et charnel, le mal de pierres n’est qu’un lointain souvenir douloureux, dont José se retrouve associé.

Démarrage en demi-teinte

Nicole Garcia – auteure du bon Un balcon sur la mer – met un certain temps pour réellement démarrer son métrage. Lent et plat, au départ, Mal de pierres s’intensifie dès l’entrée de Gabrielle en cure. Plus intrigant, le ton y est plus soutenu grâce à la relation entre Gabrielle et André. La dramaturgie prend une toute autre ampleur, les dialogues sont plus vivants, le film prend une autre dimension tant amoureuse que psychologique.

Bien plus captivant, les 30 dernière minutes sont plus intenses, Mal de pierres réussit son final, tout comme son casting qui semblait somnoler dès son entame. Symptomatique du début plutôt mou, Marion Cotillard semble peu à son affaire avant de lâcher les chevaux sur la fin du métrage. Habitée par cette passion qui symbolise Mal de pierres, la Française parvient à s’approprier le personnage petit à petit pour dévoiler une performance aboutie. L’autre satisfaction nous vient d’Alex Brendemühl, acteur au charisme indéniable – aperçu dans Truman dernièrement – qui fait preuve d’une extrême justesse dans son interprétation de José. Louis Garrel, lui, reste un peu plus en retrait mais assure l’essentiel.

Début poussif, mais finition immersive. Mal de pierres – qui s’inspire de l’oeuvre de Milena Agus – en devient lumineux sur la fin, si bien que ce clap de fin nous ferait presque oublier les errances du début.

Fiche technique :

Réalisé par : Nicole Garcia
Date de sortie : 19 octobre 2016
Durée : 2h
Genre : Drame
Pays : France
Scénario : Jacques Fieschi, Nicole Garcia, Milena Agus
Musique : Daniel Pemberton
Photographie : Christophe Beaucarne
Distributeur suisse : Frenetic Films

Casting :

Marion Cotillard
Louis Garrel
Alex Brendemühl
Aloïse Sauvage
Brigitte Roüan

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Journaliste culturel. Ex Italic Magazine et ravagé de l'écran.