Cannes 2016 | La Fille inconnue

La brasse coulée des frères Dardenne...

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La Fille inconnue - Image droits réservés - © Wild Bunch

Les frères Dardenne entrent en scène avec un drame aux allures de thriller policier. 1h50 d’un film qui verra une jeune femme médecin tenter désespérément à trouver l’identité d’une femme retrouvée morte, alors qu’elle avait sonné à la porte de son cabinet quelques heures plus tôt. Hantée par la mort suspecte de cette inconnue, Jenny (Adèle Haenel) enquêtera de bout en bout pour découvrir la véritable histoire qui se cache derrière ce meurtre.

Si Deux Jours, une nuit était excellent, Une Fille Inconnue ne peut pas en dire autant. Les questions se posent tant cette nouvelle oeuvre des Dardenne ne soulève rien, ne crée que de l’ennui et des bâillements incessants. La platitude de l’intrigue – une intrigue qui se dessine très mollement – tend vers une oeuvre ô combien suffisante, loin de l’ampleur sociale que Deux Jours, une nuit avait engendré. Aux oubliettes cette envie, cette maestria que les cinéastes belges avait démontrés. Au contraire, ils font place à un film manquant cruellement de charisme, calibré sur un rythme linéaire et barbant.

Lueur d’espoir avec Adèle Haenel

La Fille Inconnue semblait se présenter comme un film doté d’une grande personnalité. Si l’oeuvre en elle-même en manque, Adèle Haenel en montre, elle. Faciès fermé, allure négligée. Le caractère que donne Haenel à son personnage en fait une femme intéressante à suivre. Cette performance emplie d’émotion dénote une véritable maturité pour cette actrice de 27 ans, dont l’interprétation compile des traits de caractère très distincts entre le début de l’enquête et le milieu de l’enquête. Femme autoritaire et très sûre d’elle, Haenel bascule dans la peau d’une toute autre femme, une femme plus timide « bousculée » par les événements. Son allant et son inconscience par moment, la pousse à empiéter sur le terrain des autres – celui des flics qui mènent l’enquête – non sans se frotter à des milieux peu fréquentables.

À travers l’enquête de cette médecin, les aléas prouveront que personne ne souhaite se mouiller dans l’affaire. Les nombreuses tentatives de Jenny seront avortées par de longs silences, des refus, voire des menaces – longs et fastidieux – d’habitants qui semblent tous la connaître mais préférant taire les relations qu’il entretenaient avec, comme si leur vie en dépendait. Des protagonistes silencieux qui étrennent le dénouement, et cela ne fait que renforcer la lenteur du récit. Tout est étiré, tout semble freiné par la paresse apparente des frères Dardenne.

La léthargie de La Fille Inconnue – une bonne partie du casting semble être sous morphine – irrite et dévoile la facilité dans laquelle le duo belge s’est enlisé. Un drame social qui ne décolle jamais, qui sombre dans une histoire prévisible et sans intérêt. Allez, on se remet Deux Jours, une nuit pour digérer la déception.

La Fille Inconnue | Extrait

Fiche technique :

Réalisé par : Luc Dardenne, Jean-Pierre Dardenne
Date de sortie : 12 octobre 2016
Genre : Drame
Durée : 1h50min
Pays : Belgique, France
Scénario : Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne
Photographie : Alain Marcoen
Distributeur suisse : Xenix

Casting :

Adèle Haenel
Olivier Bonnaud
Louka Minnella
Jérémie Renier
Olivier Gourmet
Fabrizio Rongione