Cannes 2016 | Captain Fantastic

Viggo Mortensen, ce hippie !

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Captain Fantastic - Image droits réservés - © Impuls Pictures

L’envolée naturelle de Captain Fantastic reflète avec une certaine subtilité les tourments de notre société. Il s’avère être un grand bol d’air frais qui contraste particulièrement avec la jungle humaine – et urbaine – cannoise. Dans ce film aventureux et hippie, nous y découvrons un père de famille, Ben (Viggo Mortensen), et sa tribu de six enfants au fin fond d’une forêt reculée du nord-ouest des Etats-Unis. Entre chasse, escalade, renforcement musculaire et…études, Ben pense à tout pour ses enfants, un véritable père complètement dévoué et relié à la cause de ses rejetons. Malheureusement, le suicide de la mère – déjà hospitalisée pour des troubles bipolaires – précipitera et déréglera la bonne entente de la famille, surtout quand les beaux-parents souhaitent reprendre les enfants pour une existence dans les normes de la société.

Drôle et attendrissant, Captain Fantastic est un feel-good movie qui fait un bien certain, ici à Cannes. Terriblement enivrant par ces décors montagneux et verdoyants, l’oeuvre de Matt Ross (Silicon Valley) est, derrières des allures de film simpliste, une histoire qui pousse la réflexion sur la société moderne, ses tracas et ses rouages. « Qu’y a-t-il ici, ils sont tous gros », s’offusque Zaja, la benjamine de la famille. Un regard différent – mais loin d’être bête – sur le monde, sur les penchants négatifs de la surmédicalisation, de la suralimentation. Tout y passe sans tomber dans une moralité de comptoir.

Du Trotskiste au Marxisme

Une éducation différente, loin des notions « normales » que nous chérissons. La thématique de l’éducation entre régulièrement en ligne de compte. Elevés à la dur, les six enfants ne semblent pas se rebeller. Mieux, ils apprennent à travers d’innombrables livres, et s’embarquent dans de longs débats liés à la politique et à l’économie du pays. Cultivés et ne manquant pas de répartie, tous les voyants semblent au vert pour défendre l’éducation atypique de Ben. Malgré ça, chaque concept comporte des failles, et le père de famille dévoué se frottera à ces problèmes. Devant des choix cornéliens, la question est de savoir si Ben pourra relâcher l’étreinte pour le bien de ses enfants. C’est-à-dire laisser la garde aux parents de sa femme, pour les remettre dans le moule préfabriqué du monde actuel.

Cette harmonie transpire le bonheur, et cela en devient viral tant la cohésion fait de Captain Fantastic un film à la dimension familiale délicieuse. Quelque peu « saupoudrée », l’oeuvre de Ross s’empare de vous émotionnellement parlant, sous ses airs de feel-good movie. Captain Fantastic est franc, sincère et sans artifices larmoyants.

Le mérite en revient à un casting détonnant. Derrière la performance saisissante de Viggo Mortensen, nous retrouvons de jeunes acteurs sensiblement attachants. Mention à George MacKay qui interprète Bodevan, en nous livrant la scène culte de ce film. Alors qu’il tombe sous le charme d’une blonde dans un camping, l’adolescent – très vieux jeu – se lance dans une demande en mariage tout simplement à se tordre de rire.

Cette famille en marge de la société nous offre un portrait désarmant, quelque peu mielleux, mais profondément humain. Une grand bol d’air frais !

Captain Fantastic | Bande-annonce

Fiche technique :

Réalisé par : Matt Ross
Date de sortie : 20 juillet 2016
Genre : Drame, Aventure
Durée : 1h58min
Pays : USA
Musique : Alex Somers
Photographie : Stéphane Fontaine
Distributeur suisse : Impuls Pictures

Casting :

VIggo Mortensen
Frank Langella
George Mackay
Kathryn Hahn
Steve Zahn
Ann Dowd
Samantha Isler
Annalise Basso
Nicholas Hamilton
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