Big Eyes

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Le 25 mars en salles - Image droits réservés - blog.screenweek.it

Sur fond de grande imposture, Big Eyes dépeint la vie de Margaret Keane qui, sous la houlette de sa crapule de mari, verra son art devenir extrêmement populaire. Le hic, c’est que Walter Keane, son époux, s’attribua tout le mérite…

A la fin des années 50 et au début des années 60, l’histoire vraie du couple Keane révolutionna le monde artistiques avec une stratégie marketing élaborée. Vendant les oeuvres à bon marché, Walter Keane est présenté comme un homme d’affaire rusé et opportuniste. Mais la machine s’enraye et arrive le scandale, un énorme scandale qui éclabousse les Keane. S’attribuant le mérite et la gloire, Walter (Christoph Waltz) n’était qu’un menteur et profitait du talent de peintre de sa femme. Bon communicant, charmeur, l’homme en devient détestable et mesquin au fil des minutes.

Margaret Keane et Amy Adams - Image droits réservés - nypost.com
Margaret Keane et Amy Adams – Image droits réservés – nypost.com

Sous cette emprise, Margaret fait profil bas et reste dans l’ombre de son escroc de mari. Femme effacée, à la manière de l’époque, elle en deviendra une esclave des temps modernes face au caractère agressif de son mari. En adoptant cette façon, l’épouse dévouée gardait une certaine stabilité financière et s’enfermait dans un prison affective.

Captivé par ces gros yeux, Tim Burton retrouve un cinéma plus traditionnel. Le réalisateur de Edward aux mains d’argent, nous transporte dans un monde où les yeux sont le miroir de l’âme. Nous retrouvons des aspect bien « Burtonien » comme le plan du quartier dans lequel vivait Margaret et sa fille, une copie conforme d’une séquence dans Big Fish. Burton possède lui-même une collection de tableaux de Keane, c’est donc avec une certaine méticulosité qu’il tente de redonner vie au biopic. Haut en couleur, Big Eyes retrouve une certaine magie et le ton décalé du fantasque réalisateur. Malgré le talent du bonhomme, on sent un manque de fraicheur, la patte de Burton ne se fait que peu ressentir et nous laisse dans les starting-block. Bien entendu, la fascination que porte Burton à ces artistes marginaux ainsi qu’à l’art de Margaret Keane, se ressent par cette intention de se focaliser sur l’art et la manière d’être perçue, plutôt que de s’attarder sur cette immense escroquerie qu’avait monté Walter Keane. Un point très positif!

Amy Adams et Christoph Waltz - Image droits réservés - mubi.com
Amy Adams et Christoph Waltz – Image droits réservés – mubi.com

Si Tim Burton perd un peu de sa magie d’antan, nous pouvons applaudir la très belle prestation de Amy Adams. Ses grands yeux bleus tristes contrastent avec les toiles, tout en incarnant une femme dépassée par les événements préférant être passive pendant de longues années avant de prendre les choses en main. Pour donner la réplique à Amy Adams, le génial Christoph Waltz. Malheureusement, l’acteur autrichien ne laisse pas une impression géniale, mais semble en faire un peu trop dans le rôle de Walter Keane. Nous pouvons noter les apparitions de Jason Schwartzman, Danny Huston ainsi que (la belle) Krysten Ritter qui interprète l’amie de Margaret, Dee-Ann. En réalité, le personnage de Ritter n’existait pas dans l’histoire vraie, mais la productrice Lynette Howell prit la décision de l’ajouter au récit pour donner une émancipation féminine au film.

Big Eyes n’est pas un chef-d’oeuvre, l’univers décalé et inimitable de Tim Burton est présent mais la sauce ne prend pas. Nous nous consolons avec la très bonne performance de Adams et la chanson charismatique de Lana Del Rey. Bref, cela reste un peu maigre pour un réalisateur de la trempe de Burton…

Bande-annonce :

Fiche technique :

Réalisé par : Tim Burton
Date de sortie : 25 mars 2015
Genre : Biopic, Drame
Nationalité : Américain, canadien
Durée : 1h47min
Scénario : Scott Alexander, Larry Karaszewski
Musique : Danny Elfman
Photographie : Bruno Delbonnel

Casting :

Amy Adams
Christoph Waltz
Jason Schwartzmann
Danny Huston
Krysten Ritter
Terrence Stamp
Jon Polito
James Saito