Berlin 2016 | Saint Amour

Hors-concours à Berlin et dès aujourd’hui dans les cinémas romands, le film « Saint Amour » du duo Benoît Delépine et Gustave Kervern prouve que son titre peut bel et bien être interprété littéralement.

1
2595
Saint Amour, par Benoît Delépine et Gustave Kervern
Gérard Depardieu dans le rôle de Jean, Benoît Poelvoorde dans le rôle de Bruno. Image © Roger Arpajou. Actuellement au cinéma.

Après leur dernière collaboration à la réalisation intitulée Near Death Experience en 2014, Benoît Delépine et Gustave Kervern avaient envie de travailler une nouvelle fois avec Gérard Depardieu. Ils eurent l’opportunité de le faire pour Saint Amour, un film dont les idées originales mijotent depuis cinq années dans l’esprit des réalisateurs et dont le thème était déjà ancré; une relation père-fils située au Salon de l’Agriculture à Paris.

Bruno (Benoît Poelvoorde), éleveur de bovins dans sa quarantaine, vit très mal son quotidien d’agriculteur. Mal dans sa peau, mal dans son métier, mal dans ses relations, Bruno ne se voit pas reprendre la ferme de son père Jean (Gérard Depardieu), agriculteur sa vie entière. Chaque année au Salon de l’Agriculture, Bruno et son ami Thierry (Gustave Kervern) tentent, sans jamais la finir, la « route du vin »; à savoir gouter les vins de toutes les régions de France sans sortir du Salon. Cette année, Jean suggère à Bruno d’aller faire la vraie route du vin, en visitant les diverses régions de France au passage, et c’est ainsi qu’ils embarquent dans le taxi du jeune Mike (Vincent Lacoste). À eux trois, ils embarqueront dans un voyage sur les traces du Saint Amour.

In Vino Veritas va le dicton, et Saint Amour semble confirmer cette tendance tant par le contenu du film que la fin très inattendue.

Avec une histoire bien amusante et drôle pour un public averti, malgré son humour parfois gras et se reposant au final toujours sur la même chose, le film réussit dans sa mission de nous emmener en voyage. Pas nécessairement littéralement, car au final, pour un « road-movie », nous ne voyons que très peu des paysages des diverses régions viticoles de France, mais la notion de voir un père et son fils voir du pays et explorer la vie en compagnie d’un jeune chauffeur de taxi est assez inouïe.

Saint Amour parle tant de son vin que de l’authentique sentiment d’amour, ce désir qu’ont en fait les trois protagonistes d’être aimés par un autre être humain. Etonnamment profond et touchant par moments, la bande-son signée Sébastien Tellier fait mouche, Saint Amour transmet ses émotions facilement. On se sent mal à l’aise devant leur ivresse et débauche initiale et on partage leur bonheur plus tard. Il y autant de moments de gêne profonde que de fous rires durant la séance. Les acteurs, Depardieu et Poelvoorde ayant sacrément pris de l’embonpoint, subissent chacun une sorte de crise d’identité à différentes périodes de la vie, mais ce sont les femmes dans le film qui apportent naturellement le dynamisme. C’est un casting dynamique et homogène.

La relation père-fils reste bien évidemment le thème central de Saint Amour, mais le voyage et l’exploration ainsi que la découverte et l’aventure sont présents. Parfois on a l’impression que Saint Amour est un mélange de Dirty Grandpa et de Very Bad Trip dans le Poitou, les 10 états de l’ivresse (La détente, la relaxation, les souvenirs du passé, le groggy, l’excès de violence ou d’amour, le pathétique, la faim, la recherche frénétique de sexe, le sommeil lourd inattendu, et pour finir la honte) expliqués par un Poelvoorde abattu représentent un des sommets du film, un film qui au final peut se résumer en une phrase; le sexe, ça fait du bien.

Saint Amour raconte effectivement une sorte de voyage personnel. Il y a effectivement un développement, une croissance, mais il met du temps à se décanter et va crescendo. Il peut d’ailleurs remercier le fait qu’il se termine sur une très bonne impression.

Noté : 3.5 / 5

Bande-Annonce

Casting

Gérard Depardieu
Benoît Poelvoorde
Vincent Lacoste
Céline Sallette
Gustave Kervern
Solène Rigot
Michel Houellebecq
Izïa Higelin
Ovidie
Andréa Ferréol
Chiara Mastroianni
Ana Girardot
Mahault Mollaret

Détails

Date de sortie en Suisse: 02.03.2016
Réalisateur: Benoît Delépine et Gustave Kervern
Pays de production: France / Belgique
Durée du film: 101 minutes
Genre: Comédie / Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
SHARE
Previous articleAntigel 16: Grand central
Next articleFri-Son: Tricky & Other Lives (avec un Concours)
J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!