Berlin 2016 | S one strane (De l’autre côté)

Dans la catégorie Panorama maintenant pour « S one strane », un film qui braque ses projecteurs sur le pouvoir d’une emprise psychologique.

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S one strane, par Zrinko Ogresta
Ksenija Marinkovic dans le rôle de Vesna. Image © Interfilm

Signé Zrinko Ogresta, un des réalisateurs croates les plus reconnus avec Dalibor Matanic, S one strane est une co-production croato-serbe et raconte d’une façon différente les séquelles de la guerre d’indépendance croate.

Vesna (Ksenija Marinkovic) est aujourd’hui une femme dans sa cinquantaine et vit à Zagreb. Travaillant dans un groupe d’infirmières, Vesna partage ses journées entre les visites à ses différents patients âgés, faire du babysitting pour son fils Vladimir (Robert Budak) et la préparation du mariage de sa fille Jadranka (Tihana Lazovic). Ayant déménagé dans la capitale après la guerre, Vesna a retrouvé une certaine paix après que son époux, Zarko (Lazar Ristovski) ait combattu pour ses forces de l’armée yougoslave pour au final être incarcéré pour crimes de guerre. Pourtant, cette paix et stabilité retrouvée seront mises à rude épreuve lorsque Zarko reprend contact avec Vesna, après vingt années de silence.

Rares sont les films qui arrivent à complètement retourner son intrigue et totalement faire changer la perception qu’a le spectateur en une seule scène. S one strane y arrive brillamment, et y arrive en utilisant tous les outils du cinéma pour leurrer son public.

Dans des décors urbains et austères, S one strane semble être un film oscillant trop souvent dans les tours pour être captivant tout le long. Alors que les dialogues sont tellement limités, répétitifs et presque insipides, les acteurs équilibrent la donne pour nous maintenir éveillés, surtout Lazar Ristovski et Tihana Lazovic. Alors que les premières trente minutes semblent amorphes, les trente suivantes redonnent de la vie avec des situations dramatiques. Et pourtant, en repensant à posteriori à tous ces détails, on remarque la justesse avec laquelle tout le scénario est ficelé et exécuté par Zrinko Ogresta, et on accepte que ses parties léthargiques soient nécessaires.

S one strane se démarque nettement de tous les « autres » films sur les conséquences des diverses guerres en ex-Yougoslavie. Alors que chaque pays fait son travail de mémoire via le cinéma d’une façon différente, la majorité de ces œuvres retracent des séquelles physiques et placent les conflits armés et les crimes au premier plan. Certes, ces éléments sont bien présents ici, mais l’accent est porté sur un désir de vengeance exécuté par une tourmente psychologique atroce. C’est une manipulation qui poussera Vesna à considérer tellement de sacrifices et de changements dans sa vie.

Les conséquences des actions d’une personne sur sa famille sont aussi au cœur du débat, avec Vesna qui a changé de nom et Jadranka qui ne peut pas trouver un emploi à cause du passé de son père. Pour des histoires qui sont usuellement accessibles à un public connaisseur du passé de la région des Balkans, ces films sont d’habitude difficiles à pleinement cerner. S one strane arrivera sans problème à toucher un public plus large grâce à l’universalité de ses thèmes ainsi que son approche introspective.

Techniquement épuré et créant une certaine dynamique assommante, S one strane nous montre comment est la vie de l’autre côté non seulement d’une frontière ou d’un téléphone, mais plus simplement d’un conflit tant physique que psychologique.

Noté : 4 / 5

Bande-Annonce

Casting

Ksenija Marinkovic
Lazar Ristovski
Tihana Lazovic
Robert Budak
Toni Sestan
Vinko Kraljevic
Alen Liveric
Marija Tadic
Ivan Brkic
Nives

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Zrinko Ogresta
Pays de production: Croatie / Serbie
Durée du film: 85 minutes
Genre: Drame

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!