Berlin 2016 | Le Fils de Joseph

Dans la catégorie Forum, le Français Eugène Green adapte à l’écran une suite d’histoires bibliques dans son film « Le Fils de Joseph ».

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Le Fils de Joseph, par Eugène Green
Natacha Régnier, dans le rôle de Marie. Image © Berlinale

Après son très bien reçu La Sapienza, Eugène Green présente un film dans son style tant visuel que de la narration pour un effet tout autant poétique et réussi.

Vincent (Victor Ezenfis) est un adolescent vivant à Paris avec sa mère Marie (Natacha Régnier), qui l’a élevé seul depuis sa naissance et à toujours refusé de lui divulguer l’identité de son père. Un jour, Vincent entame sa propre recherche qui le mène sur la trace d’Oscar Pormenor (Mathieu Amalric), directeur réputé d’une maison d’édition parisienne. Ayant toujours vécu avec une douleur profonde de ne pas avoir eu de père, Vincent s’imagine des scénarios violents si un jour il le rencontre, mais en chemin, il fait la connaissance de Joseph (Fabrizio Rongione) pour lequel il se liera rapidement d’amitié et d’affection.

Pour les personnes suivant la carrière d’Eugène Green, Le Fils de Joseph est une œuvre qui suit les sentiers que le réalisateur a déjà empruntés avec succès.

Travaillant avec une équipe d’acteurs familière, hormis la découverte du jeune Victor Ezenfis qui décroche ici son premier rôle au cinéma, Eugène Green prend une nouvelle fois inspiration d’une histoire ancienne ou d’un mythe pour en réaliser une fresque contemporaine autour d’une problématique répandue. Dans Le Fils de Joseph, c’est en l’occurrence une lutte menée par des millions de femmes dans le monde; celles qui élèvent seules leur enfant.

Divisé en cinq parties, chacune traitant de divers thèmes tels que l’absence du père, l’idolâtrie, le désir de vengeance, les relations et la parenté, Le Fils de Joseph mêle l’amour que porte Green envers l’architecture et la musique classique, parfois en abondance. Pourtant, en combinaison avec ses dialogues extrêmement saccadés aux voix monotones, cet amour et sa (sur)exposition à l’écran risque de sortir le spectateur de son expérience, avec des moments carrément soporifiques.

Le Sacrifice d'Isaac, par Le Caravage (1603)
Le Sacrifice d’Isaac, version Uffizi, par Le Caravage (1603)

Une peinture mondialement connue du Caravage est utilisée comme fil rouge du film, le jeune Vincent se demandant constamment si Abraham avait raison de sacrifier son fils Isaac sur un ordre divin, car il se sent lui aussi sacrifié et abandonné par son propre père. De là, on peut comprendre ses motivations et le film nous montre son chemin de croix.

Abondamment biblique par ses thèmes, ses images et ses allégories, Le Fils de Jacob n’en reste pas moins une véritable réussite portée par des acteurs excellents qui construisent ensemble une œuvre d’art. Mention spéciale pour la prestation de Mathieu Amalric, qui en plus s’en sort avec la meilleure réplique de la Berlinale (« Satan, qui régnez sur ce monde, protégez-moi des emmerdeurs »). Notez aussi pour la première fois dans un film d’Eugène Green, nous y voyons une scène érotique, mais toujours dans son style.

Noté : 4 / 5

Bande-Annonce

Indisponible

Casting

Victor Ezenfis
Natacha Régnier
Fabrizio Rongione
Mathieu Amalric
Maria De Medeiros
Julia De Gasquet
Jacques Bonnaffé
Christelle Prot
Adrien Michaux
Louise Moaty
Claire Lefilliâtre
Vincent Dumestre

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Eugène Green
Pays de production: France
Durée du film: 115 minutes
Genre: Drame / Comédie

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!