Berlin 2016 | Fuocoammare

Réalisé par un maître du genre en la personne de Gianfranco Rosi, premier lauréat de la Mostra avec un film documentaire pour « Sacro GRA » en 2013, « Fuocoammare » nous immerge dans la vie sur Lampedusa et son importance croissante dans le contexte européen.

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Fuocoammare, par Gianfranco Rosi
Image © Berlinale

Voici donc le documentaire sur l’actualité que tout le monde attendait à cette Berlinale, un portrait de la vie sur l’île italienne située environ 110 km au nord de la Tunisie et quelques 200 km au sud de la Sicile.

Fuocoammare est le fruit d’un tournage d’une année entière, durant laquelle Gianfranco Rosi s’est installé sur l’île pour filmer le quotidien des résidents de Lampedusa, des habitants qui sont montrés aux yeux du monde uniquement lors des catastrophes humanitaires que sont les naufrages de « boat people », ces migrants prêts à tout pour fuir la pauvreté ou le conflit empilés dans des bateaux en piteux état.

N’ayant pas lu de synopsis avant de me rendre à la séance, j’en suis ressorti ne sachant pas vraiment de quoi parle le film. Fuocoammare (traduit par « feu sur la mer » ou « la mer en feu ») est une suite d’images sans scénario ni but visible, suivant deux éléments distincts; la vie sur l’île de Lampedusa vue par le jeune Samuele et celle des garde-côtes quotidiennement aux aguets face aux vagues incessantes de bateaux remplis de migrants.

En regardant le film, on se dit que c’est un documentaire sur la vie du petit Samuele, tant le travail héroïque des sauveteurs n’est que trop peu mis en avant. Fuocoammare s’égare trop facilement dans des scènes exaspérantes et interminables, comme celles de la plongée, du couple âgé qui prend son café ou de Samuele mangeant (plutôt aspirant) ses pâtes avec un bruit insupportable. La scène dans laquelle il se fait ausculter chez le médecin est plutôt un sketch que quelque chose de constructif dans le déroulement du film, mais l’essentiel fut de montrer comment ces habitants vivent la situation humanitaire affreuse au quotidien, et que le l’état d’urgence est quasi constant.

Indéniablement, les images sont impressionnantes et il est remarquable d’avoir été chercher les images aussi près des interventions. Il est rare de voir la mort de si près et si intensément vécue sur le moment. Pourtant, pour toute cette puissance émanant de cette partie impressionnante de Fuocoammare, qui dure environ 20 minutes vers la fin du film, il est dommage que cela ne dure que 20 minutes. Ces 20 minutes là, brutales, proches et sans censure, sont de la qualité dont je m’attendais tout le film serait. Fuocoammare n’est même pas le meilleur film de Gianfranco Rosi.

Une caméra dynamique, aucune musique hormis celle de l’environnement filmé, Fuocoammare ne pose pas de questions fondamentales, mais se contente de montrer sans virer dans le sujet politique sensible. Pourtant, c’est un problème contre lequel les habitants ainsi que les autorités de Lampedusa ne peuvent pas lutter seuls. En effet, l’unique médecin de l’île, Dr. Pietro Bartolo explique que chaque migrant paie entre €800 et €1’500 pour être sur un de ces bateaux. Avec 850 personnes à bord, cela fait une opération à plus de €500’000 par bateau pour lesdits « passeurs ». Un problème institutionnel donc qui nourrit les débats gouvernementaux et mondiaux.

C’est dommage, car en lisant le dossier de presse après la projection, on comprend ce que Gianfranco Rosi souhaitait faire dans Fuocoammare. En se repassant les images à posteriori, c’est même très clair. Mais en venant sans préparation, ce documentaire reste inaccessible dans sa totalité, et on vous conseille donc de lire son dossier presse si cette œuvre vous intéresse.

Noté : 3 / 5

Bande-Annonce

Casting

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Gianfranco Rosi
Pays de production: Italie / France
Durée du film: 108 minutes
Genre: Documentaire

(Images droits réservés)

REVIEW OVERVIEW
Noté
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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!