Venise 2015 – Abluka

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Abluka, par Emin Alper
Image © Asac - la Biennale di Venezia

Dans un quartier de la banlieue d’Istanbul, les autorités luttent contre des groupes rebelles qui propagent leurs idées avec pour arme la violence. Kadir a été secrètement libéré prématurément par le gouvernement. Mais non sans prix puisqu’il est contraint de surveiller son voisinage et de fouiller les ordures pour y déceler des matériaux utiles à la construction de bombes. Kadir retrouve son frère Ahmet qui travaille pour la ville; il a pour tâche d’exterminer les chiens errants. Rongées par la paranoïa et la surveillance, les relations entre les personnages vont alors prendre une tournure cauchemardesque.

Le scénario ne se déroule pas dans un espace temps donné et s’inspire de différents conflits politiques. Pour son réalisateur, Abluka problématise la violence politique quelle que soit le groupe combattu. Il explique que lorsque l’idée du film lui est venue en tête au début des années 2000, il s’inspirait plutôt des mouvements aux influences marxistes et séparatistes qui ont été actif et combattus par les gouvernements de l’Amérique du Sud à l’Asie durant le 20ème siècle. Après les événements du début du 21ème siècle – les attentats du 11 septembre, l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak- la problématisation de la lutte contre la violence politique a subi un tournant majeur. À cela s’ajoutent les nombreux soulèvements et révolutions dans les pays du monde arabe et ailleurs qui ont également inspiré le réalisateur. La thématique traitée par Abluka ne connait pas de lieu ou de temps particulier.

Abluka
Image © Asac – la Biennale di Venezia

La narration est excellente, tout particulièrement dans sa personnification de la folie provoquée par l’infiltration de la violence, que ce soit celle perpétrée par le gouvernement ou celle des groupes rebelles. Emin Alper, diplômé en histoire moderne turc, saisit avec une intelligence percutante la façon dont un gouvernement autoritaire peut s’infiltrer dans la vie des gens, ainsi que dans leurs relations pour transformer les amis en ennemis et vice-versa. Alors que la violence externe n’est pas mise en scène, une atmosphère de paranoïa et de crainte est créée et mise au centre de la relation entre les différents personnages. Un rythme crescendo plonge progressivement le spectateur dans la folie des personnages pour l’amener progressivement à un final grandiose.

Abluka est une œuvre qui traque le pouvoir foucaldien, celui qui agit au niveau de l’individu, tout en exprimant la folie humaine grâce à une très bonne performance des acteurs et à la maîtrise cinématographique de Emin Alper.

Fiche Technique :
Réalisé par : Emin Alper
Scénario : Emin Alper
Date de sortie : –
Durée : 1h59
Nationalité : Turquie, France et Qatar
Production : Liman Film, Paprika Film et Insignia Yapim
Photographie : Adam Jandrup

Casting :
Mahmet Özgür
Berkay Ates
Tülin Özen
Müfit Kayacan
Ozan Akbaba

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Diplômée en Etudes du développement international, je rejoins l'équipe du Billet en janvier 2015. Films engagés, indépendants, je suis à la recherche d'un cinéma qui perturbe le sens commun et heurte la banalité. Parallèlement, je travaille sur différentes recherches académiques sur le cinéma et la mémoire ainsi qu'au sein du bureau du festival Cully Jazz.