Venise 2015 – 11 Minut

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11 Minut, par Jerzy Skolimowski
Image © Asac - la Biennale di Venezia, Robert Jaworski

Moins longue que son absence de 17 années à la réalisation entre 1991 et 2008, l’acclamé réalisateur polonais Jerzy Skolimowski a mis toutes les chances de son côté pour ajouter un Lion d’Or à son Ours d’Or et ses quatre Grand Prix du Jury (deux à Cannes, deux déjà à Venise) avec 11 Minut, une œuvre brillamment simple à l’efficacité dévastatrice.

De résumer l’action du film est au final une chose facile. En effet, 11 Minut est l’histoire de 11 minutes (très précisément entre 17h00 et 17h11) qui se déroulent dans une ville non-nommée, et montre comment la vie de nombreuses personnes peut être impactée durant une si brève période de temps. Dans cette histoire à propos du passage du temps, d’accidents, d’ordre et de chaos, ces éléments exerceront leur emprise sur un mari jaloux et sa femme actrice, un réalisateur de films sans scrupules, un coursier toxicomane, un ancien taulard devenu vendeur de hot-dogs, une jeune femme troublée avec son chien, un étudiant incertain, un peintre âgé, un laveur de vitres et sa conquête, une équipe d’ambulanciers ainsi qu’un groupe de nonnes.

Oui, 11 Minut arrive avec une main de maître à lier toutes ces vies, autant différentes que divergentes, en exploitant un facteur commun: l’imprévisibilité.

Directement dans le feu de l’action après une scène d’ouverture en quelques sortes explicative, le film aurait tout autant pu s’appeler Un épique effet papillon. Sorte de film choral, une histoire somme toute trop simple laisse la place à l’écran à tous ses excellents acteurs. Les personnages qui entreront tôt ou tard en relation les uns avec les autres sont au final chacun un court-métrage en soi.

Ce sont des histoires différentes, montées en alternance dans le film, et dans lesquelles Jerzy Skolimowski utilise très habilement des indicateur auditifs (un avion qui passe, un klaxon) et diverses actions pour situer le spectateur dans le temps. On comprend sans faute le concept, et on admire la perfection du montage et de la photographie.

À part un jeu d’acteur grinçant de la part de Richard Dormer (mais cela fait surement partie du rôle), le reste de la distribution est probant. Un si grand nombre d’acteurs, par contre, en si peu de temps (81 minutes de film) nous donne envie d’avancer un peu et de développer quelques histoires spécifiques plutôt que l’ensemble. Mais cette envie est très brève et rapidement oubliée lorsqu’une autre scène reprend.

11 Minut m’a fait penser au destin et au déterminisme, à l’ordre et au chaos, ou encore à la liberté des actions humaines. Dans une série si improbable d’actions, de choix et d’évènements (fortuits ou non), l’issue finale est telle que Jerzy Skolimowski nous la montre. De tant de scénarios possibles, pourquoi est-ce que celui-là s’est réalisé dans la réalité du film?

Toute cette réflexion est reconnue dans 11 Minut, avec le symbolisme d’un pixel noir, d’une tache d’encre ou d’un objet sombre dans le ciel. Jamais je n’aurais pensé que la théorie du chaos puisse être autant saillante à l’écran!

Noté : 4.5 / 5

Bande-Annonce

11 MINUTES (2015) by Jerzy Skolimowski [trailer] from Richard Lormand on Vimeo.

Casting

Richard Dormer
Wojciech Mecwaldowski
Paulina Chapko
Andrzej Chyra
Dawid Ogrodnik
Agata Buzek
Piotr Głowacki
Anna Maria Buczek
Jan Nowicki
Lukasz Sikora
Ifi Ude
Mateusz Kościukiewicz
Grażyna Błęcka-Kolska
Janusz Chabior

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Jerzy Skolimowski
Pays de production: Pologne / Irelande
Durée du film: 81 minutes
Genre: Drame / Thriller

(Images droits réservés)

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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!