Megan (Fiona Glascott) artiste irlandaise de son état convainc son compagnon Leo (Pietro Ragusa) de l’emmener avec lui, visiter l’ancienne demeure de son oncle Domenico dans les Pouilles (sud de l’Italie) dont la succession doit être réglée et la canonisation, imminente. Charmés par l’architecture de la vieille bâtisse, le couple décide de s’y installer contrairement aux recommandations de Nicola (Federico Castelluccio), frère aîné de Leo et curé du village. Durant la « controra » période la plus chaude de la journée où les locaux désertent les rues car on raconte que les morts viennent chercher les vivants, Megan est en proie à de terribles hallucinations. Quelque chose cloche dans cette maison, l’entourage de Leo froid et distant contribue à amplifier ce sentiment. Livrée à elle-même, Megan s’enfonce bientôt dans une névrose que Leo explique par une difficulté d’acclimatation. Les hallucinations se font de plus en plus insistantes et semblent mettre Megan sur la piste d’un secret gardé depuis bien trop longtemps.
« Controra » est le premier long métrage de Rossella De Venuto dont les références au cinéma de Dario Argento et plus particulièrement celui de Roman Polanski et son « Rosemary’s Baby » sont nombreuses : les décors, les seconds rôles mystérieux, la femme esseulée, le mari distant, le réel et l’imaginaire qui se chevauchent.
Fait plutôt notable : Rossella De Venuto et son directeur de photographie, Ciaran Tanham parviennent à instiller une ambiance particulièrement malsaine en filmant toutes leurs scènes exclusivement de jour ! Ainsi, tout semble se liguer contre Megan : la ville, les habitants et surtout lumière éblouissante des Pouilles. L’exécution nous tient en haleine au fur et à mesure que l’enquête avance et que la santé physique et mentale de Megan s’amenuise. On salue au passage le jeu de Fiona Glascott, qui rend une copie assez solide dans un rôle à priori difficile et celui des seconds rôles très convaincants.
Toutefois si le l’aspect polar/thriller aura retenu notre attention, on reprochera au film son approche du surnaturel par moments un peu trop hollywoodienne avec quelques « jump scares », ce procédé insidieux qui consiste à prendre le spectateur en traître. Alors que les moments de tension sont bien maîtrisés dans le premier et deuxième acte, certaines apparitions servent de « deus ex machina » censé faire avancer l’enquête lorsque Megan « pédale littéralement dans le yogourt ». Enfin le comportement du compagnon envers sa compagne dont la transformation physique témoigne fortement d’un état de santé gravissime est à la limite de la consternation.
Le mot de la fin
Premier long métrage et essai à moitié transformé pour Rossella De Venuto, dont la présence après la projection fut extrêmement enrichissante. Une photographie sublime, des performances solides, une ambiance pesante pendant la quasi totalité du récit, ternis en partie par quelques détails.
Controra
Pays : Italie/Irlande
Ecrit et réalisé par : Rossella De Venuto
Durée : 85 min
Genre : Suspense, Horreur
Date de production : 2013
Acteurs et équipe technique
Federico Castelluccio
Pietro Ragusa
Fiona Glascott
Kelly Campbell
Ray Lovelock
Salvatore Lazzaro
Bianca Nappi
Photographie : Ciaran Tanham
Montage : Cecilia Zanuso
Musique : Lance Hogan
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