Locarno 2014 Concorso Internazionale : L’Abri

Un poignant documentaire réalisé par Fernand Melgar.

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L'Abri - Concorso internazionale

L’hiver au coeur d’un hébergement d’urgence pour sans-abris à Lausanne. Aux portes de cet abri PC, se déroule le même rituel chaque soir. Violent et injuste, le droit d’entrée donne lieu à des bousculades et des insultes. Lourde tâche que les veilleurs ont de choisir ces gens pour le confort d’une soirée. Alors que la capacité de l’abri est de 100 places, 50 places seront attribuées aux sans-abris. Pour les autres, la rue fera office de chambre à coucher.

Fernand Melgar remet le couvert pour « L’abri ». Le lausannois nous plonge dans le quotidien de ces infortunés qui crient à l’injustice. « Ce n’est pas humain », cette phrase revient assez fréquemment pour nous rappeler la rudesse de ces sans-abris qui, dans notre hiver glacial, se débrouille comme ils le peuvent pour fermer les yeux quelques instants.

Le cinéaste lève le voile sur une réalité qui nous échappe. Nos petits tracas ne sont rien comparés à la lutte quotidienne de ces « sans papiers » qui partent sans rien ou presque. Une immersion qui révèle les problèmes récurrents de notre société. Le cinéaste explore cette communauté de sans-abris avec réalisme et justesse, on est tenté de dire que le feeling du suisse est brillant. Ses prises sont fortes et pleines de sens.

« La pauvreté et l’exclusion n’ont ni patrie ni ethnie », comme dirait Fernand Melgar. Une description qui nous amène à une autre vision sur la société actuelle. Un regard critique mais humble comme le prouve « L’Abri », un documentaire dans la lignée du réalisateur, qui nous propose 101 minutes de réflexion sur la manière dont on règle les soucis de logement des sans-papiers. Une détresse qui en devient en contagieuse à la vue de ces gens déboussolés.

À Mark de rajouter:

« L’abri » est un microcosme des problèmes de la planète. 80 personnes à la porte, 45 places dedans, il faut faire des choix. La situation est pareille à l’échelle planétaire et la surpopulation. Comme dans l’abri, nous n’avons pas les ressources naturelles pour tous survivre sur terre, mais il n’y a personne pour « refuser l’entrée ».

Progressivement, avec l’hiver, cela devient une lutte pour la survie même. L’instinct animal reprend le dessus avec des personnes devenant violentes envers les autres.

Lorsque l’on voit les drames multiples de Lampedusa ou les bidonvilles de Manille (ville la plus densément peuplée au monde avec 42’857 personne au kilomètre carré), c’est inquiétant pour l’avenir.

Fernand Melgar réussit à transmettre clairement ce sentiment d’angoisse et d’incertitude pour sa survie.

Bande-annonce