Beach Slang et les émotions adolescentes | Le Romandie 06.02.2017

« We are Beach Slang and we are here to punch you right in the heart »

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Beach Slang, ®image droits réservés

Beach Slang présentait lundi 6 février au Romandie son second album A Loud Bash of Teenage Feelings, qui oscille volontiers entre rock garage, punk et noise. La première partie était assurée par un groupe punk-rock lausannois Hello My Name Is. Ils nous ont servi un rock musclé et énergique mais sans finesse. La salle était parsemée de personnes. On peut aisément deviner que des proches et fans du groupe sont venus soutenir les lausannois. Je dois avouer, honteusement, que je suis restée de marbre face à leur musique. Ici, il n’est pas question de qualité de leur répertoire mais bien de goûts musicaux incompatibles. C’est la première fois que je trouve une première partie détestable, au point de quitter précipitamment la salle pour discuter avec un ami, dans le froid gelé de l’hiver.

« Good love is not safe »

Après la fin de la première partie et un intermède, le chanteur, James Alex se présentait à nous, habillé d’un costume typique d’un bal de promo à l’américaine: des pins étant accrochés sur le revers de sa veste, nœud papillon rouge et baskets blanches. Retour à la mélancolique adolescence où règne le monde-rêve. Les premières notes de « Noisy Heaven » se font sentir, chanson tirée du premier album du groupe « The Things We Do to Find People Who Feel Like Us », puis « Filthy Luck » tiré du EP Who Would Ever Want Anything So Broken ? Des chansons qui évoquent les relations amoureuses vécues à vif ou la désesp/e(r)rance adolescente. L’adolescence servira par ailleurs d’inspiration pour le titre de leur second album.

« Play me something that might save my life »

James Alex est aussi doué pour nous ramener à l’âge des premiers émois que pour mettre à l’aise son public. Le chanteur du groupe sait se faire drôle et touchant. On pense à la fois où il s’est arrêté en pleine chanson, celle de « Future Mixtape For The Art Kids », tiré du deuxième album, pour nous complimenter la propreté des rues de Lausanne. Il y a aussi ce moment où le chanteur nous dit que ses concerts sont interactifs car les membres du groupe savent se moquer d’eux-mêmes. La taquinerie adolescente. Il nous confiera que le groupe joue ici pour la deuxième fois en Suisse. Les chansons défilent alors comme lorsqu’on s’enfermait dans notre chambre, à 16 ans, pour écouter une musique qui nous insuffle une joie déjà perdue. En concert, Beach Slang fait couler un son roc(k)ailleux, incisive et énervé. Du punk pur.

« The words I scream/ Are meaningless or holy things »

Pour leur rappel, les philadelphiens joueront des reprises, notamment une chanson acapella de Johnny Cash, une des Pixies ainsi qu’une chanson rugueuse « Punk In A Disco Bar » du dernier album. D’ailleurs, la sortie de leur second album, le 23 septembre 2016, a quelque peu été entachée par la dénonciation d’agression sexuelle concernant le guitariste Ruben Gallego. Le groupe a ainsi décidé de se séparer de lui, décision que je salue en tant que féministe. Adolescents mais responsables. Ils écriront le 11 octobre 2016 sur leur page facebook ceci : « For us, Beach Slang has always been and will always be a safe place for everyone. It was built to be welcoming. It was built to be soft. If we are going to continue to exist, we have to exist in this way ». Le sexisme et la culture du viol n’ont pas leur place dans le milieu musical. Le guitariste Ruben Gallego a d’ailleurs été remplacé par une femme, Aurore Ounjian qui était présente sur scène. Merci les gars pour votre intégrité et continuez à nous offrir votre musique !