Venise 2015 – Visaaranai

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Visaaranai, par Vetri Maaran
Image © Asac - la Biennale di Venezia

Visaaranai se traduit par « investigation », ou plutôt « interrogation » dans notre cas, et le film raconte la réalité violente à laquelle des centaines de milliers de personnes en Inde sont confrontées, face à brutalité des forces policières.

Paandi (Dinesh Ravi) est un jeune Tamoul originaire de la région du sud de l’Inde de Tamil Nadu, où la langue parlée est le tamoul. Avec trois de ses amis, il traverse la frontière vers l’état d’Andhra Pradesh, où la langue prédominante est le telgu, en quête de travail et d’une condition de vie meilleure. Lorsqu’un vol est commis dans la maison d’un notable local, les quatre Tamouls sont arrêtés par les forces de police indiennes, qui espèrent les faire passer pour les coupables. Alors que les brutalités, les interrogatoires et les violences s’enchaînent, il faut le passage fortuit de Muthuvel (Samuthirakani), un policier tamoul, pour leur offrir un espoir de survie.

D’une violence extrême et d’une proximité inouïe, Vetri Maaran réussit pour son troisième long-métrage en tant que réalisateur un véritable film coup de poing! Si le but de Visaaranai était de rendre le spectateur mal à l’aise durant une bonne moitié du film, alors c’est complètement réussi et l’œuvre attire toute l’attention sur son thème principal.

Car Visaaranai puise son inspiration de faits authentiques et toujours d’actualité. Il y a plusieurs années, M. Chandrakumar fut emprisonné et battu avec ses camarades par les forces de police. Réussissant à s’échapper, il écrira bien plus tard un roman intitulé « Lock Up », un récit détaillé de l’histoire dont il fut le seul rescapé. Visaaranai se base sur l’histoire de M. Chandrakumar en offrant un scénario original inspiré des faits de sa vie. Les personnages de Paandi, Murugan, Afsal et Kumar n’ont jamais existé, mais ils sont devenus grâce à ce film la personnification de tant de personnes sans défense à la merci de la police.

A propos du film en soi, Visaaranai aura sérieusement son mot à dire en concours pour le prix Orizzonti. Malgré un montage et une édition du son et des images plus que bâclée par moments, la cinématographie et le dynamisme sont impressionnants. Dans ce monde de castes, de cultures différentes et d’une langue différente, les quatre Tamouls se retrouvent à plusieurs reprises au mauvais endroit au mauvais moment.

Les personnages tracent leur mauvaise fortune à une question amoureuse, où le jeune Paandi se prend d’affection pour une fille locale. Mais bien rapidement, lorsque la police a besoin d’eux et de les maintenir en vie pour confesser leurs crimes, ils comprennent qu’ils sont tous des pions d’un jeu plus important. Les acteurs sont tous si parfaits et naturels, en développant chacun une personnalité spécifique. Paandi, par exemple, malgré sa position, refuse d’être libellé en tant que voleur et choisit de maintenir sa dignité, malgré une situation où le suicide devient une alternative attirante.

Distinctement scindé en deux parties, Visaaranai plonge dans une intrigue plus grande et dangereuse, une intrigue dans laquelle la corruption est omniprésente à tous les niveaux du système. Alors que les garçons sont convaincus que rien de mal ne leur arrivera puisqu’ils n’ont rien fait de mal, la réalité en est souvent toute autre. L’empathie et la compassion que tissent les spectateurs avec ces personnages testeront très sérieusement notre force mentale lors de ce film long, épuisant et indomptable.

J’ai eu le très grand plaisir de rencontrer l’équipe du film lors de leur passage à Venise, et la retranscription de l’entretien sera disponible bientôt sur notre site!

Noté : 4 / 5

Bande-Annonce

Casting

Dinesh Ravi
Samuthirakani
Kishore Kumar
Pradeesh Raj
Silambarasan Radhinasami
E. Ramadoss
Ajay Gosh
Aanandhi
Murugadoss

Détails

Date de sortie en Suisse: Inconnue
Réalisateur: Vetri Maaran
Pays de production: Inde
Durée du film: 106 minutes
Genre: Drame / Thriller

(Images droits réservés)

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J’ai obtenu en septembre 2013 mon Master de HEC Lausanne et je m'occupe ainsi de la majorité de l'aspect commercial et partenariats du webzine. C’est avec enthousiasme que j’ai rejoint David, Hervé et Sven en mai 2014 pour créer Le Billet, et je me réjouis d'y contribuer dans la durée!