Venise 2014 : 99 Homes

Ramin Bahrani dévoile son film "99 Homes" avec Andrew Garfield et Michael Shannon.

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Dennis Nash voit sa maison se faire saisir par la banque. Au chômage, l’homme trouve du travail auprès du promoteur immobilier responsable de la saisie et de son malheur. Une nouvelle activité professionnelle et un nouveau départ pour Dennis, son fils et sa mère.

C’est en infiltrant le réseau de son bourreau que Dennis Nash (Garfield) repart à l’affront pour remettre de l’ordre dans sa vie. Son bourreau ? C’est Rick Carver (Shannon), ce promoteur véreux dont l’affaire, plutôt douteuse, prend de l’ampleur. Un business légal mais discutable.

Intensif par sa mise en scène et son casting, 99 Homes excelle grâce à ce rythme que donne Ramin Bahrani. S’appuyant sur le talent de Garfield, qui réalise une performance éclatante, et le charisme de l’immense Michael Shannon qui étrenne sa grande carcasse pour notre plus grand bonheur. Son air glacial et stricte qu’il laisse planer à chaque apparition, profite à l’oeuvre de Bahrani.

Au-delà des performances des acteurs, 99 Homes a ce punch primordial pour ce genre de sujet. En mode « coup de poing », Ramin Bahrani ne perd pas son temps et laisse un rythme entraînant. Par contre, le hic se trouve dans cette fin bâclée laissant un goût très amer. Dans l’idée de « faire éclater la vérité », le film perd une grande pièce du puzzle gagnant.

En résumé, un film entraînant et très bon mais une fin qui laisse à désirer. Nous restons quand même sur une note extrêmement positive grâce à l’allant et le talent des protagonistes.

L’avis de Mark :

Assez de temps a apparemment passé. Il est venu le moment de faire à grande échelle des films à propos de la crise immobilière des subprimes aux Etats-Unis de 2008.

99 Homes est un film captivant, viscéral quasiment, mais surtout très bon qui puise dans la misère humaine de milliers de familles ayant vu leur vie changer au cours de quelques semaines. Forcés de quitter leur maison à cause de défauts de payements, Dennis Nash (Andrew Garfield), son fils et sa mère auront à faire à Rick Carver (Michael Shannon), agent immobilier froid et distant qui sera en position d’offrir une issue de secours.

Andrew Garfield est magistral dans ce qui est de loin son meilleur rôle, et sa prestation mérite amplement un oscar pour la variété, l’intensité ainsi que l’authenticité de ses mouvements et émotions. Rarement ai-je vu un personnage variant autant aisément ses mimiques en fonction de la situation sociale, économique et morale concernée.

De son côté, Michael Shannon joue admirablement l’avocat du diable. Soit; son personnage gagne sa vie d’une manière légale, mais considérée amorale par la population. Ce qui pose problème, c’est que justement le personnage de Garfield se laisse tenter par ce monde, y prend goût, traverse même souvent les limites et zones grises de la légalité, pour en fin de compte ne pas trop aimer ce qu’il y trouve. Je laisserai chacun se faire une opinion de la fin, mais pour ma part, j’ai l’amère impression que le réalisateur américain Ramin Bahrani n’assume pas son choix artistique et personnel. C’est frustrant, car le film atteignait des sommets cinématographiques par moments. Au final, il retombe dans les aléas du politiquement correct, à défaut de laisser une empreinte indélébile dans le patrimoine du cinéma.

Grand moment bonus/nostalgie du film : L’apparition de Clancy Brown avec la voix qu’il a prêtée si souvent et si distinctement au personnage de Lex Luthor.

Avis : 4/5

Fiche technique

Réalisé par : Ramin Bahrani
Date de sortie : prochainement
Durée : 1h52min
Genre : Drame
Nationalité : Américain

Casting

Andrew Garfield
Michael Shannon
Laura Dern
Tim Guinee
Noah Lomax
J.D. Evermore
Judd Lormand