The Program

Lance Armstrong, ce cycliste légendaire.

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The Program, par Stephen Frears
The Program - Image droits réservés - © StudioCanal

Lance Armstrong. Oui, son nom fut traîné dans la boue, l’homme tout autant. Un champion bafoué mais tout à fait fascinant. Certes, Armstrong a triché, mais comment ne pas être ébloui devant une telle rage de vaincre, une telle minutie, avec comme leitmotiv: gagner. Une immersion orchestrée par Stephen Frears (Philomena, The Queen) avec un Ben Foster survolté pour interpréter Lance Armstrong.

Décrit comme l’un des plus grands scandales du sport, le programme mis en place par Armstrong en a choqué plus d’un. The Program nous plonge dans cette machination ultra minutieuse qui verra tomber le septuple vainqueur du Tour de France. Un biopic qui retrace les victoires et les déboires d’Armstrong, mais aussi la manière dont le journaliste David Walsh (Chris O’Dowd) va vivre l’affaire. De l’intérieur et à l’extérieur, The Program nous confine dans le monde à part qu’est le cyclisme.

Suivant la trame des Sept pêchés capitaux, écrit par David Walsh, Frears s’est aussi attaché les services de John Hodge pour le scénario et de David Millar pour l’aspect professionnel du cyclisme. Le grand mérite de Frears, c’est ce travail détaillé pour les scènes de course. Dès le début, nous découvrons la victoire surprise de Lance Armstrong aux championnats du monde d’Oslo en 1993. S’en suivent des scènes où l’âme du cyclisme semble imprégner le récit du metteur en scène anglais. Un incroyable travail, très réaliste, sur l’univers des courses cyclistes qui s’avèrent être difficile à mettre en scène. Si nous nous montrons très « à cheval » sur les détails de course, l’arrivée de la Flèche wallonne 96, où Armstrong s’impose, n’est pas tout à fait exacte. Sachant que le mur de Huy se termine par un petit replat d’une cinquantaine de mètres, celui de The Program se termine de manière…originale.

Arrivée de la Flèche wallone 96:

Du côté des interprétations, celle de Foster casse la baraque. L’acteur américain s’immisce dans la peau du personnage d’Armstrong de manière étonnante. Tant sur le vélo qu’en dehors, nous avons l’impression de voir le vrai Armstrong à l’oeuvre. Pris en charge par Andreas Klier, Foster a bossé et sculpté son corps pour être parfaitement crédible. Si crédible que Foster a avoué s’être dopé durant le tournage pour comprendre l’impact mental qu’avaient ces drogues sur raisonnement d’Armstrong dans ses années de gloire. Outre Foster, nous pouvons noter la performance réussie de Guillaume Canet dans la peau du Dr. Ferrari. Méconnaissable, Canet, tout en excentricité, symbolise le chimiste/scientifique un peu barjot.

Le second point très intéressant auquel Frears s’attarde, c’est la relation entre Armstrong et Landis. Ce dernier fut l’équipier de luxe d’Armstrong durant plusieurs Tours de France victorieux. Après un certain passement – ou un non-cautionnement des pratiques de l’équipe Discovery -, Landis, joué par un Jesse Plemons excellent, décide d’intégrer une nouvelle équipe en tant que leader, la regrettée Phonak. Armstrong à la retraite, nous suivons l’ascension de Landis jusqu’à sa victoire au Tour de France en 2006. Suivent les déboires et la descente aux enfers. Nous retrouvons Landis, déboussolé, tentant désespérément de retrouver le haut-niveau. Si Landis est souvent cité dans l’histoire, les absences de Tyler Hamilton ou George Hincapie sont à déplorer. Un des grands points négatifs du récit.

Ben Foster à l'ouvrage - Image droits réservés - © StudioCanal
Ben Foster à l’ouvrage – Image droits réservés – © StudioCanal

En revivant de tels événements, The Program fascine par l’approche très rythmée de Frears. Certes, des largesses scénaristiques sont à pointer du doigt. Qu’importe, puisque l’immersion est totale et même si nous n’apprenons pas grand chose sur la machination qu’Armstrong avait mise en place, certains détails sont très intéressants. Après l’extraordinaire documentaire The Armstrong Lie, The Program propose une vision dans les coulisses de la petite reine, ainsi qu’un jugement très négatif sur le manipulateur et menteur qu’est Armstrong. Dans un film où la thématique du dopage est omniprésente, Stephen Frears met en avant le comportement honteux des sponsors et des hautes institutions de ce sport pour ne pas mettre en péril l’image du cyclisme.

Comment ne pas être fasciné par un athlète tel qu’Armstrong? Malgré ses actes de tricherie, l’homme est à lui tout seul une image qui va au-delà du cyclisme, au-delà du sport. Un sportif d’exception qui verra sa carrière prendre fin face à Oprah Winfrey, tout comme le film d’ailleurs.

Bande-annonce:

Fiche technique:

Réalisé par: Stephen Frears
Date de sortie: 7 octobre 2015
Durée: 1h43min
Genre: Biopic, Drame
Nationalité: Britannique, français
Scénario: John Hodge, David Walsh
Photographie: Danny Cohen

Casting:

Ben Foster
Chris O’Dowd
Guillaume Canet
Jesse Plemons
Lee Pace
Edward Hogg
Denis Menochet
Dustin Hoffman
Elaine Cassidy
Bryan Greenberg