Star Wars Episode VII: Le réveil de la Force

J.J Abrams réalise un rêve de longue date et nous présente un nouvel épisode de Star Wars à mi-chemin entre remake et suite mais qu'en est-il vraiment?

1
2780
Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Comapny

Profitant de l’exil de Luke Skywalker, le sinistre Premier Ordre se dresse contre la république afin d’éradiquer l’ordre Jedi. Le général de la Rébellion Leia Organa (Carrie Fisher) confie à son meilleur pilote Poe Dameron (Oscar Isaac) la mission de retrouver la trace du maître Jedi disparu, trace qui le mène sur Jakku planète désertique où commence la première étape d’un périlleux jeu de piste.

Souvenez-vous : le 30 octobre 2012, stupeur à Hollywood ! L’empire Disney annonce l’acquisition de Lucasfilm, société de production fondée par le réalisateur George Lucas, dans un communiqué de presse. Pour la coquette somme de 4 milliard de dollars, (dont 40 millions qui seront reversés à Lucas ce qui a sans doute pesé dans la balance lorsqu’il a fallu « passer la main à une nouvelle génération de réalisateurs » Lucas qui pour la petite histoire avait émis quelques mois auparavant, le souhait de se retirer, las d’avoir les fans sur son dos des artifices hollywoodiens) Disney entend mettre sur pied une nouvelle trilogie puis, de nouveaux films tous les deux ou trois ans.

Par ici la monnaie! droits réservés Rick Rowell AP
Par ici la monnaie!
droits réservés Rick Rowell AP

Vingt-neuf ans après le dernier opus de la trilogie originelle «Star Wars Episode VI : Le Retour du Jedi » et sept ans depuis l’épisode censé boucler la boucle «Star Wars Episode III : La Revanche Des Sith » les fans qui jusque là avaient dû se contenter de la myriade de produits dérivés, contemplent pour la première fois l’idée d’un retour vers une « galaxie lointaine, très lointaine ». Les spéculations allèrent de bon train à la fois quant à l’identité du réalisateur de cet énième volet, mais aussi sur sa distribution. Le choix de Disney se portera finalement sur Jeffrey Jacobs Abrams (« J.J. » pour les intimes) derrière la caméra dans un premier temps, puis un mélange de visages connus et méconnus du grand public pour évoluer devant la caméra.

Brainstorming entre le réalisateur et ses actrices/acteurs Droits réservés David James
Brainstorming entre le réalisateur et ses actrices/acteurs
Droits réservés David James

Vint alors le temps du marketing et son lot de bandes annonces, accompagné comme il se doit de réactions dithyrambiques où l’on voyait des personnes d’âge mûr fondre en larmes devant la matérialisation de leurs fantasmes les plus fous. Pour la petite histoire, on raconte que le même phénomène s’était déjà produit en 1999, année qui coïncide avec la sortie en salles de l’obscure « Star Wars Episode I : La Menace fantôme ».

Aussi, en dépit de l’excitation et/ou de la nostalgie éventuellement de la mémoire sélective de certains fans inconditionnels de la saga une certaine appréhension s’empare du public à l’approche de la sortie officielle : « Que faire si Star Wars : Le Réveil de la force était tout simplement mauvais ?! »

Verdict:

Le Réveil de la Force ne se risque pas vraiment à sortir des sentiers battus. La formule est rodée, J.J. Abrams, fan avoué de la première heure (prenez ses films « Star Trek » comme des lettres de motivation 2.0 à l’attention de Disney et un bras d’honneur aux trekkies) omet en partie les références à la prélogie, en évitant avec soin toute velléités de réinvention de la roue. Le parti pris étant de s’en tenir autant que faire se peut aux conventions. Comme toute franchise qui jouit d’une certaine longévité, les contours de l’intrigue de chaque épisode restent identiques, ce qui permet aux inconditionnels d’évoluer en terrain connu. D’un autre côté, le film vulgarise volontiers son jargon et son univers afin d’accueillir les nouveaux venus.

En soit « Le Réveil de La Force » constitue un hybride entre ‘remake’ et suite, à tel point qu’on imagine volontiers Abrams et son équipe, prenant note de ce qui a fonctionné dans ces premiers films et nous servir telle quelle, une soupe à l’identique entre hommage et copié-collé frisant l’indécence. Car oui à force de se montrer frileux dans la narration, le film a un goût de « déjà-vu » sauce aigre-doux par moments (forcément au bout de la 7ème fois).

Comme Luke en son temps, on nous présente Rey (Daisy Ridley) comme un personnage issu d’un milieu somme toute assez modeste, dont les perspectives de carrière se situent quelque part entre éboueuse et pilote de podracer chercheuse de trésors. Là encore, tout n’est que faux semblants (en même temps l’intérêt de suivre un trilogie sur une éboueuse de l’espace), elle est destiné à accomplir de grande choses, on le devine, on le voit et on l’entend. Car la touche personnelle de J.J. c’est aussi des rôles féminins au premier plan, ce qui leur laisse forcément l’occasion de briller tout autant si ce n’est plus que leurs partenaires masculins.

Rey (Daisy Ridley) Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
Rey (Daisy Ridley)
Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company

Sa route croisera celle d’un stormtrooper nommé Finn (John Boyega) ce qui permettra en outre au public de mesurer les niveaux d’alchimie qui oscillent entre romance forcée et affection fraternelle. Au final plutôt charismatique, c’est l’apparition de deux personnages beaucoup plus familiers, jouant sans trop forcer qui lui fera énormément bien, donnant même lieu à des scènes pour le moins hilarantes.

Finn (John Boyega) Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
Finn (John Boyega)
Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company

Kylo Ren (Adam Driver) l’incarnation du côté obscur dans cette nouvelle mouture, se joindra volontiers à la fête via des fondus enchaînés dont ‘Star Wars’ a le secret. Car d’une façon ou d’une autre, tous les chemins mènent à Jakku et à la force aussi. D’ailleurs quelque chose qui force à bien des égards, c’est le jeu d’Adam Driver. Une performance qui renvoie malgré elle aux heures les plus sombres de la prélogie.

Kylo Ren (Adam Driver) Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
Kylo Ren (Adam Driver)
Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company

D’autres seconds rôles connus : Leia Organa (Carrie Fisher) ou méconnus : Captain Phasma (Gwendoline Chrisite), General Hux (Domhnall Gleeson), Poe Dameron (Oscar Isaac) complètent notamment le tableau, certains ont même un rôle totalement anecdotique qui s’apparente véritablement à du gâchis.

Poe Dameron (Oscar Isaac) Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
Poe Dameron (Oscar Isaac)
Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
Capitaine Phasma (Gwendoline Christie) Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
Capitaine Phasma (Gwendoline Christie)
Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
General Hux (Domhnall Gleeson) Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company
General Hux (Domhnall Gleeson)
Droits réservés Lucasfilm Ltd. The Walt Disney Company

Sans grande surprise, le déterminisme et la quête existentielle rédemptrice constituent les thèmes principaux de cette odyssée stellaire dans laquelle on retrouve cette conception manichéenne de l’existence si propre à l’univers de Star Wars : la force et le côté obscur. On compte pour ainsi dire peu, voire très peu d’individus dans la zone grise. On est soit gentil ou méchant dans Star Wars, et quand on est méchant on est très méchant.

Dans la forme les promesses ont en partie été tenues. En partie car encore une fois, la 3D ne sert qu’à gonfler le prix des billets. Pour le reste, à moins d’avoir été floués, le film a par moments cette authenticité que les précédents épisodes de Lucas n’ont pas. Les décors, les personnages, les véhicules, tout ça a l’air incroyablement vrai. Mention spéciale aux batailles aériennes, générées par images de synthèse mais diablement immersives.

On constate à quel point les efforts ont été méticuleux afin de restituer une ambiance plus vraie que nature. Le résultat se concrétise par une expérience sensorielle qui n’a que peu de rivaux à l’heure actuelle et justifie en partie le déplacement au cinéma.

Léger bémol cependant, le compositeur John Williams signe cette fois une bande son tout en sobriété qui bat discrètement le rythme de l’aventure. Entendez simplement par là que le film ne dispose pas de nouveaux thèmes musicaux suffisamment marquants pour que le spectateur lambda se surprenne à siffloter les mesures en quittant la salle de ciné.

Le mot de la fin

Satisfaire toute le monde n’est pas chose aisée, en particulier lorsque le goût laissé par les précédents épisodes était si amer. La tâche à priori herculéenne qui incombait à J.J. Abrams et les siens était dans un premier temps d’effacer le souvenir de la prélogie de la mémoire collective, puis dans un second égaler voire surpasser la trilogie originelle en terme de qualité.

Ce film décevra peut-être, mais ce ne sera plus le problème d’Abrams qui aura passé la patate chaude à Rian Johnson (réalisateur de Looper) pour le 8ème épisode. Ce film fera peut-être des heureux, mais Abrams ne rempilera pas.

Toutefois, qu’on le veuille ou non, pour le meilleur ou pour le pire, ce film constitue le début d’une nouvelle trilogie et il me tarde de découvrir la suite.

STAR WARS EPISODE VII: THE FORCE AWAKENS

Réalisé par: J.J. Abrams

Scénario: Lawrence Kasdan/J.J. Abrams/Michael Arndt

Durée: 135 min

Pays: USA

Genre: Science fiction/Action/Aventure/Fantasie

Sortie: 16 décembre 2015

Distribution

Daisy Ridley

John Boyega

Mark Hamill

Carrie Fisher

Harrison Ford

Oscar Isaac

Adam Driver

Gwendoline Christie

Peter Mayhew

Simon Pegg

Lupita Nyong’o

Andy Serkis

Anthony Daniels

Max Von Sydow

Iko Uwais

Tim Rose

Greg Grunberg

Yayan Ruhian

SHARE
Previous articleStar Wars sort demain
Next article
Je termine mes études de master en droit à l'université Genève après avoir obtenu mon Bachelor à Lausanne. Passionné de jeux vidéos, ciné & séries depuis mon plus jeune âge, je suis aussi avec ferveur les matchs du football club d' Arsenal tout en tapant dans le ballon quand l'occasion se présente. J'aime tuer le temps dans les transports, soit le nez dans un bouquin, avec un chapitre du shonen weekly jump, ou tout simplement en traînant sur internet. Je me suis fait les dents en pondant des avis pour Italic Magazine et j'écris pour Le Billet depuis juin 2014.